Dimanche le 7 juillet 2013
Chapitre à la Communauté de Scourmont
Encyclique sur la Foi
Le pape François a publié sa première encyclique vendredi dernier. La première encyclique d’un nouveau pape est toujours quelque chose qu’on attend avec une certaine curiosité, sinon avec impatience, pensant y discerner les grandes lignes de son pontificat. On dit que François en prépare une sur la pauvreté qui pourrait paraître avant la fin de l’année, qui sera en quelque sorte sa véritable première encyclique, et qui présentera les grandes lignes déjà bien connues de l’orientation pastorale qu’il veut donner à l’Église.
La présente encyclique a ceci de particulier qu’elle a été écrite « à quatre mains » selon l’expression utilisée par le pape lui-même. C’est là une expression d’origine musicale pour désigner une œuvre écrite en collaboration par deux auteurs. Benoît XVI a publié trois encycliques : la première sur la charité en 2005 et une deuxième sur l’espérance, en 2007. On s’attendait à une troisième sur la foi, mais celle de 2009, sous le titre Caritas in Veritate avait pour objet « le développement humain intégral dans la charité et dans la vérité », à l’occasion du quarantième anniversaire de l’encyclique Populorum progressio, de Paul VI sur le grand thème du développement des peuples. Mais Benoît XVI travaillait toujours sur le troisième élément de sa trilogie : charité, espérance et foi, lors de sa démission. Il a remis à son successeur le texte de ce qui aurait été la troisième encyclique de cette trilogie. François, comme il l’explique au nº 7 de l’encyclique, l’a assumé et le publie en son nom en y ajoutant quelques éléments personnels.
Il s’agit donc essentiellement d’une réflexion théologique de Benoît XVI, dans le style qu’on lui connaît ; mais on retrouve ici ou là des expressions qu’utilise souvent François comme, par exemple : « Ne nous laissons pas voler notre espérance » dans ce passage qui est certainement de la main de François :
Ne nous faisons pas voler l’espérance, ne permettons pas qu’elle soit rendue
vaine par des solutions et des propositions immédiates qui nous arrêtent sur le chemin, qui « fragmentent » le temps, le transformant en moments; c’est le temps qui gouverne les moments, qui les éclaire et les transforme en maillons d’une chaîne, d’un processus. L’espace fossilise le cours des choses, le temps projette au contraire vers l’avenir et incite à marcher avec espérance. (º 57).
On trouve dans cette encyclique quelques autres phrases choc qui, sans le dire explicitement apportent l’éclairage de la foi chrétienne sur des problèmes que vit notre monde actuel, comme par exemple le mariage entre personnes du même sexe, l’avortement, l’euthanasie, etc. Par-dessus tout, la foi est présentée comme le fondement d’une vraie joie toujours vécue en communion, à l’opposé de l’individualisme et de la recherche d’un bonheur superficiel qui isole et conduit facilement au désespoir
Ce genre de réflexion est assez proche de celles que présente François dans ses homélies quotidiennes spontanées qui ne sont pas des traités théologiques mais des réflexions pastorales enracinées dans un contexte humain bien concret.On peut mettre son style personnel en relation avec ce qu’il disait aux nonces apostoliques, qu’il recevait récemment et à qui il rappelait leur responsabilité dans le choix des évêques leur disant qu’il fallait chercher de véritables pasteurs plutôt que de grands théologiens, ajoutant que le place de ceux-ci est dans les universités, où on en a grand besoin.
On perçoit la grande humilité du pape François dans ce geste inédit d’un document qui sert de transition entre deux pontificats, permettant à son prédécesseur d’achever la grande trilogie qu’il avait prévue et que la diminution de ses forces ne lui avait pas permis de terminer durant son pontificat.
Voici un coup d’œil rapide sur le texte. Il y a tout d’abord une introduction sur la lumière de la foi, où le Christ est présenté comme la vraie lumière. Ensuite le texte est divisé en quatre chapitres. Le premier chapitre intitulé « Nous avons cru en l’amour », est une vision globale de la foi, à partir d’Abraham, notre père dans la foi et de la foi d’Israël jusqu’à la plénitude de la foi chrétienne et de son expression dans la vie de l’Église.
Le deuxième chapitre intitulé « Si vous ne croyez pas vous ne comprendrez pas » traite des relations entre la foi et la raison, un thème que Joseph Ratzinger n’a cessé de traiter depuis ses premiers écrits comme jeune théologien jusqu’à ses derniers documents comme pape. Le troisième chapitre traite de la transmission de la foi et le quatrième, sans doute plus propre au pape François que les précédents, intitulé « Dieu prépare pour eux une cité » (He 11,16) traite de la foi et du bien commun, de la foi et la famille ainsi que de l’importance de la foi pour la vie en société et se termine par une belle réflexion sur la souffrance.
Le tout se termine par une réflexion sur la Vierge Marie : Bienheureuse celle qui a cru » et une prière à Marie.
Profitons de la lecture de cette Encyclique pour approfondir notre propre foi.
Armand VEILLEUX