30 novembre 2014 – 1er dimanche de l’Avent
Chapitre à la Communauté de Scourmont
L’Année de la Vie Consacrée
Comme vous le savez sans doute, le pape François a déclaré l’année 2015 « l’année de la vie consacrée ». Cette année commence en réalité aujourd’hui, le premier dimanche de l’Avent, et se terminera avec la fête de la Présentation de Jésus au Temple, le 2 février 2016. À cette occasion, le pape vient de publier (21 novembre 2014) une Lettre apostolique adressée à tous les consacrés. C’est cette lettre que je voudrais présenter ce matin.
Dans l’introduction à cette Lettre, François dit qu’il a décidé d’ouvrir cette année de la vie consacrée à l’occasion du 50ème anniversaire de la Constitution dogmatique Lumen gentium sur l’Église, qui, au chapitre VI, traite des religieux comme aussi du décret Perfectae caritatis sur le renouveau de la vie religieuse. Il est intéressant de voir qu’il mentionne la Constitution sur l’Église avant le décret sur la vie religieuse. En effet c’est dans la Constitution sur l’Église qu’on trouve une théologie de la vie religieuse beaucoup plus que dans le décret sur la vie religieuse, dont le but est de tracer les grandes lignes d’un renouveau nécessaire et désiré des Instituts religieux.
Dès cette introduction, le pape précise qu’il ne s’agit pas tellement de chanter les gloires passées des Instituts religieux mais de construire une histoire glorieuse.Appliquant à la vie religieuse ce que Jean-Paul II proposait à toute l’Église au début du troisième millénaire, il écrit : « Vous n’avez pas seulement à vous rappeler et à raconter une histoire glorieuse, mais vous avez à construire une histoire glorieuse !Regardez vers l’avenir, où l’Esprit vous envoie pour faire encore de grandes choses. »
La Lettre du Pape comprend trois parties :
I – Les objectifs pour cette Année de la Vie Consacrée.
II – Les attentes du pape pour cette Année de la Vie Consacrée.
III – Les horizons de l’Année de la Vie Consacrée.
I – Les objectifs pour cette Année de la Vie Consacrée.
1. Le premier objectif est de regarder le passé avec reconnaissance.
2. Le deuxième, vivre le présent avec passion
3. Le troisième, embrasser l’avenir avec espérance
1. Regarder le passé avec reconnaissance
Les débuts de chaque famille religieuse sont marqués par une forte intervention de l’Esprit de Dieu et de la réponse de personnes charismatiques qui en ont été les fondateurs et fondatrices.Puis il y a eu des générations de personnes qui nous ont transmis ce charisme en le vivant fidèlement.
Raconter sa propre histoire est indispensable pour garder vivante l’identité comme aussi pour raffermir l’unité de la famille et le sens d’appartenance de ses membres. Il ne s’agit pas de faire de l’archéologie... mais bien plutôt de parcourir à nouveau le chemin des générations passées pour y cueillir l’étincelle inspiratrice.
Dans le monachisme, nous avons une circonstance particulière à ce sujet.Nous n’avons pas un fondateur ou des fondateurs qui auraient transmis leur charisme à des générations successives. Notre fondateur, c’est le Christ ou son Évangile. La vie monastique est une longue tradition ininterrompue qui remonte aux premières générations chrétiennes. Diverses personnes, au long des siècles, ont profondément marqué cette tradition – Antoine, Pachôme, Basile, Benoît, les premiers Cisterciens, Bernard.Ce ne sont pas des fondateurs au sens où ont pu l’être François, Dominique ou Ignace de Loyola. Ils ont profondément marqué une tradition dans laquelle ils se sont insérés.Ils n’en sont pas les initiateurs.
Le Pape appelle aussi à remercier Dieu d’une façon particulière pour les 50 dernières années, qui ont été pour la plupart des Instituts religieux un chemin fécond de renouveau. (Il fait bon entendre cette appréciation positive de la part d’un pape religieux, alors que les appréciations venues de Rome ces dernières décennies étaient le plus souvent négatives).
2. Vivre le présent avec passion
Le deuxième objectif est de vivre le présent avec passion. Cela veut dire vivre notre vie consacrée avec un amour passionné du Christ, des pauvres – qui sont les privilégiés du Christ – et de l’Église au sein de laquelle nous avons une mission particulière.
Comme la communion est au coeur de la vie de l’Église, François appelle les religieux à être des « experts en communion ».
3. Embrasser l’avenir avec espérance
Enfin le troisième objectif est d’embrasser l’avenir avec espérance.François ne nie pas les difficultés auxquelles sont confrontés la majeure partie des communautés : diminution des vocations et vieillissement, problèmes économiques liés à la crise financière mondiale, etc. Malgré cela il faut vivre l’espérance. Celle-ci ne doit pas se fonder sur les chiffres, ni sur nos propres forces mais sur Celui en qui nous avons mis notre confiance.
Ici, dans un passage le Pape s’adresse spécialement aux jeunes, qui sont le présent et l’avenir, et les invite à vivre en communion avec les générations plus âgées pour assurer une transmission harmonieuse du charisme.
II – Les attentes du pape pour cette Année de la Vie Consacrée.
Je m’attarderai moins longuement sur les attentes du Pape pour cette année.
1. La première est un appel à la joie. C’est avant tout par notre joie que nous devons témoigner, et cela malgré nos difficultés. Le Pape applique ici à la vie religieuse ce qu’il avait dit dans son exhortation apostolique sur la joie de l’Évangile : « L’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction. »Et il ajoute : « La vie consacrée ne grandit pas si nous organisons de belles campagnes vocationnelles, mais si les jeunes qui nous rencontrent se sentent attirés par nous, s’ils nous voient être des hommes et des femmes heureux ».
2. La deuxième attente de François est que les Consacrés réveillent le monde en assumant leur vocation de prophètes. « Jamais un religieux ne doit renoncer à la prophétie », écrit-il. Et il rappelle que le prophète se tient habituellement du côté des pauvres et des sans défense, parce que Dieu lui-même est de leur côté.
3. Sa troisième attente est que les religieux soient des experts en communion, comme dit plus haut. (Il a là-dessus un long développement).
4. Sa quatrième attente est que les religieux aillent vers les « périphéries existentielles ». Il a ici des orientations très concrètes : allègement des structures et réutilisation des grandes maisons religieuses à des fins sociales, humanitaires et d’évangélisation.
5. Enfin, sa cinquième attente : Il appelle tous les religieux à s’interroger sérieusement sur ce que Dieu et l’humanité d’aujourd’hui demandent. Il a un passage très forts adressé aux communautés contemplatives et monastiques les appelant à grandir dans leur communion avec toute l’Église et tous ceux et celles qui ont besoin de soutien spirituel, moral et matériel.
III – Les horizons de l’Année de la Vie Consacrée.
Il ne me reste pas de temps suffisant pour résumer correctement cette section.En voici quand même les grandes lignes :
1 – Il y a tout d’abord un appel aux laïcs et le Pape s’adresse tout particulièrement à ces laïcs, (comme ceux que nous appelons « laïcs cisterciens ») qui s’efforcent d’intégrer dans leur vie de laïcs les valeurs spirituelles d’une famille religieuse et d’appartenir de cette façon à cette famille.
2 – Cette année ne concerne pas simplement les Consacrés mais l’Église entière.
3 – Appel aux consacrés à s’impliquer dans le dialogue œcuménique.
4 – Même chose pour le dialogue interreligieux.
5 – Enfin, un appel à ses frères dans l’épiscopat à comprendre et faire comprendre le charisme religieux.
Armand Veilleux