Homélies de Dom Armand Veilleux

1 janvier 2023

Solennité de Marie, Mère de Dieu

Nb 6, 22-27 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

H o m é l i e

 

          Dans l’Évangile que nous venons de lire, lorsque les bergers arrivent à Bethléem, ils découvrent « Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans la mangeoire ». Marie est mentionnée la première, dans sa dignité de Mère.  C’est pourquoi on fête aujourd’hui la solennité de Marie, Mère de Dieu.  Au cours des siècles les Chrétiens ont attribué beaucoup de titres à Marie, avec des degrés assez différents de sobriété et de profondeur.  Le titre de Mère de Dieu, qu’on lui donne depuis le Concile d’Éphèse, au quatrième siècle, est l’un des plus anciens.  Cependant, dans l’Évangile, elle est tout simplement appelée la « Mère de Jésus » et même, dans l’Évangile d’aujourd’hui, la mère d’un petit enfant qui n’a pas encore de nom, puisque c’est seulement huit jours plus tard qu’on lui donnera le nom de Jésus.

31 décembre 2022 -  7ème jour dans l’Octave de Noël

1 Jn 2, 18-21 ; Jn 1, 1-18

 H o m é l i e

          Nous arrivons au dernier jour de l’Octave de Noël.

          Le nom de cette fête de Noël dans nos livres liturgiques en latin est "Nativitas Domini", qui se traduit par « naissance du Seigneur ».  Cependant, ce que nous célébrons n'est pas le 2021ème anniversaire de la naissance de Jésus.  Ce que nous célébrons est quelque chose de plus important.  C'est le fait même que Dieu s'est fait homme. 

30 décembre 2022 - Fête de la Sainte Famille « A »

Si 3,2-6.12-14 ; Col 3,12-21 ; Mt 2,13-15.19-23

 Homélie

           Tout au long de l’Ancien Testament, mais surtout chez les prophètes – Osée en particulier – l’amour conjugal est présenté comme l’image par excellence des relations entre Dieu et son peuple et comme le modèle de toute communion entre personnes humaines.  Dans le Nouveau Testament, ce même amour conjugal devient l’image de la relation entre le Christ et son Église et le modèle de toute forme de communion au sein de l’Église. D’ailleurs en créant l’homme et la femme à son image, Dieu en avait fait des êtres de communion, et lorsque leur union trouve un fruit dans la venue au monde d’un enfant, ils reproduisent sur terre le mystère de la Trinité, où l’Esprit jaillit de l’amour unissant le Père et le fils.

29 décembre 2022 – 5ème jour dans l’Octave de Noël

1 Jn 2, 3-11; Lk 2, 22-35

H o m é l i e

          Après avoir eu hier un Évangile tiré de Matthieu et, avant hier, un tiré de Jean, celui d’aujourd’hui est tiré de l’Évangile selon saint Luc, et plus précisément de la fin du deuxième chapitre.  Nous savons qu’en ses deux premiers chapitres l’Évangéliste Luc annonce tous les thèmes majeurs de son Évangile. À la fin du chapitre deux, il raconte deux événements de l’enfance de Jésus : la présentation au Temple, et son voyage à Jérusalem avec ses parents, à l’âge de douze ans.

28 décembre 2022 – Fête des Saints Innocents

1 Jean 1, 5 - 2, 2 ; Matthieu 2, 13-18 

H o m é l i e

          L`Évangile de Matthieu, d’où est tiré le récit évangélique de la messe d’aujourd’hui, commence par les mots : « Livre des origines de Jésus-Christ, fils de David ».  Dans le texte original grec le mot traduit par « origines » dans nos bibles en langue française est « genesis » (« Biblios genesis Jesou Christou ») .  Matthieu veut souligner par là le fait que la naissance de Jésus est une nouvelle genèse, un nouveau commencement, pour toute l’humanité.

27 décembre 2022 – Fête de saint Jean

1 Jean 1, 1-4 ; Jean 20,2-8

H o m é l i e

          C’est à la joie que nous invite saint Jean dans sa première lettre, dont nous avons lu le début comme première lecture. 

25 décembre 2022 – Messe du Jour

Is 52,7-10 ; He 1,1-16 ; Jean 1, 1-18

H o m é l i e

Jésus de Nazareth est un migrant, fils de migrant.

L’un des titres qu’on lui donnait dans la littérature chrétienne des premiers siècles est précisément celui d’Étranger. Il est l’Étranger par excellence. Il est même étranger chez lui, car, comme le dit le Prologue de l’Évangile de Jean, Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reconnu.

Et, si l’on y porte quelque peu attention, on est surpris du nombre de migrations mentionnées dans les premiers chapitres de l’Évangile de Luc.

À peine enceinte de Jésus, Marie quitte sa Galilée et traverse en toute hâte les montagnes de Judée pour aller visiter sa cousine Élisabeth, enceinte de six mois, puis elle retourne en Galilée. Quelque mois plus tard, déjà enceinte elle-même de plusieurs mois, elle doit traverser de nouveau ces mêmes montagnes pour se rendre à Bethlehem en Judée, afin de répondre aux caprices de l’Empereur romain qui voulait faire un recensement de son royaume et qui voulait que tout le monde aille se faire inscrire dans la ville de ses ancêtres.

À peine né Jésus doit fuit en Égypte avec ses parents pour éviter de se faire tuer par le vieux roi paranoïaque, Hérode. Lorsque Joseph revient en Judée avec sa famille, après la mort d’Hérode, il doit s’enfuir en Galilée car Archélaos, le fils d’Hérode, est plus dangereux que son père. Chacune de ces migrations est donc causée par le caprice ou la méchanceté d’un puissant qui écrase les faibles.  Il en a été ainsi depuis des millénaires et les migrations d’aujourd’hui sont elles aussi causées par les guerres que se font les puissants sur le dos des faibles et des petits.

Déjà, dans l’Ancien Testament, la migration est au coeur de l’histoire d’Israël. Cette histoire commence au moment où Abraham reçoit l’ordre de quitter son pays, sa terre, les siens et d’aller dans une terre nouvelle et inconnue. C’est lorsqu’il sera installé dans cette terre, qu’il recevra la visite de Dieu sous la forme de trois « étrangers », de trois migrants de passage, qu’il reçoit dans sa tente. Puis le Peuple choisi connaîtra l'exil en Égypte et sera migrant durant quarante ans dans le désert avant d’entrer dans la Terre Promise.

Il y a cependant une migration d’un autre genre, et beaucoup plus importante.  Cette migration est l’objet de la solennité d’aujourd’hui. C’est celle dont parle saint Jean lorsqu’il dit que le Verbe était en Dieu et que le Verbe était Dieu et qu’il s’est fait chair.  C’est aussi celle dont parle saint Paul lorsqu’il nous dit que le Verbe habitait la plénitude de la divinité, mais qu’il s’est dépouillé des attributs de sa divinité et qu’il s’est fait obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix ; puis que le Père l’a exalté.

Après sa mort Jésus est retourné vers son Père, mais a promis à ses disciples de revenir.  Et selon son grand discours, qui nous est rapporté dans le très beau chapitre 25 de Matthieu, le jugement qui sera porté alors sur chacun de nous sera : « J’étais... un étranger et vous m’avez recueilli » ou bien « J’étais... un étranger et vous ne m’avez pas recueilli »...

Noël, ce n’est pas simplement l’anniversaire de naissance du petit Jésus.  C’est la fête de l’humanité de Dieu.  C’est la fête du Fils de Dieu qui s’est fait migrant pour venir jusqu’à nous. L’incarnation, ce n’est pas simplement l’incarnation de Dieu dans un homme, c’est le fait que toute l’humanité a été assumée par Dieu. Et Jésus, qui s’est identifié particulièrement à tous les petits et les faibles, et qui a connu lui-même dans sa chair les difficultés de la migration, vient à nous à travers tous les migrants qui viennent à nous encore de nos jours.

          Si le chapitre 25 de Matthieu (« vous m’avez recueilli... vous ne m’avez pas recueilli... ») a de quoi nous faire trembler, écoutons les paroles de l’Évangéliste Jean, le mystique au regard perçant, qui nous dit encore, dans le prologue de son Évangile : « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas reçu... mais à ceux qui l’on reçu, il a donné de devenir enfants de Dieu. »

          En réalité, il n’y a pas de salut sans migration.   Nous ne pouvons être sauvés sans sortir de nous-mêmes pour aller vers l’autre, avec amour et miséricorde, pour permettre à Dieu de venir chez-nous et de faire chez-nous sa demeure. Car, finalement, ce n’est pas seulement le Fils de Dieu qui se fait migrant, c’est aussi son Père : « Si quelqu’un m’aime, dit Jésus, il observera mes commandements. Mon père l’aimera et nous viendrons chez-lui et nous ferons chez-lui notre demeure. »

          Oui, Dieu se fera migrant pour venir chez-nous, mais à condition que, fidèles à son commandement, nous nous ouvrions à tous ses enfants qui viennent à nous.

Armand Veilleux