Homélies de Dom Armand Veilleux

19 January 2025 -2nd Sunday ‘C

Is 62:1-5; 1 Cor 12:4-11; Jn 2:1-11

Homily

The Evangelist John is a mystic and a theologian. In the account we have just heard, we must not see the simple description of a sympathetic miracle, in which Jesus provides the guests with the wine they need to continue the feast, perhaps because his disciples have largely helped to deplete the reserves. The key to the story is found, as usual in John, at the end of the narrative: This, says John, was the first of the signs Jesus performed; and this sign gives us the key to interpreting the rest of the Gospel. It is indeed a ‘sign’, which is quite different from a ‘miracle’.

The central element of the story is the six stone jars. These jars were used for ablutions by the Jews to purify themselves. It's a bit strange to find six of them - and large ones at that - in a private house where a wedding is being celebrated. These jars are made of stone, like the tablets on which the ancient Law was given to Moses. And the important thing is that they are empty. These empty jars represent the Old Covenant, when man lived in fear, obsessed by the tension between the pure and the impure, the permitted and the forbidden, and trying to free himself from his sense of impurity through ritual ablutions.

Jesus replaced this religion of the pure and the impure, of ablutions and sacrifices, with a religion of love and mercy symbolised by the new wine of the Spirit. Jesus would one day say that he had not come to abolish this ancient Law, but to fulfil it. The number of jars (there are six) signifies precisely the lack of completeness, because seven is the perfect number. Jesus came to fulfil the ancient economy by having these jars filled with water. They are not filled with wine, but with water. The water turns into wine not in the jars, but when it is served!

At the beginning of his Gospel, from the time of Jesus' Baptism in the Jordan, John carefully counts the days. This is the sixth day: the day that corresponds to the sixth day of Genesis, the day God created man. So Jesus comes to create a new humanity. Throughout his Gospel, John shows Jesus as the new Adam (Mary as the new Eve), and the Kingdom he has come to establish as a new creation.

Jesus and Mary are not at this wedding in the same capacity. John weighs his words carefully: ‘There was a wedding in Cana. Jesus' mother was there. Jesus was also invited. Mary is there because she still belongs to the Old Covenant. When she points out to Jesus, who is invited, the lack of wine, He points out that this wine, which has now run out, belongs to the past. ‘What does it matter to you and me? However, the New Covenant, the new creation that He has come to bring, is present on this day only as a sign, because His hour (the hour of His Passion) has not yet come.

It is surprising that the Evangelist John, who is so close to Mary, does not mention her by name. He simply says that ‘ the Mother of Jesus was there ’. Jesus addresses her as ‘ woman ’, an expression that heralds the woman par excellence who will be the strong woman at the foot of the Cross, crowned with twelve stars at the end of the Apocalypse. Whereas Eve, the mother of the living, had offered the apple to the first Adam, Mary was content to point out to Jesus that the wine was missing, and Jesus, by inviting her to break with the past, made her the mother of the New Covenant, the mother of the Church; and she was already exercising this role by saying to the servants: ‘Do whatever he tells you’.

Jesus' hour has not yet come. Before that time comes, he will experience all the tensions created by those who cling to the Old Covenant, symbolised here by the master of the feast who calls out to the bridegroom and reproaches him for not having followed the usual rules and not having served the best wine first. The scribes and doctors of the ancient Law, who are ignorant of mercy, will constantly reproach Jesus for not following traditions and customs.

This Gospel invites us to allow ourselves to be instructed and formed by the signs worked by Jesus, and to draw our experience of God from the new wine of the Spirit rather than from a purity sought through observances and rites. We do not belong to the Old Covenant. We have nothing to do with the master of the wedding feast and his outdated customs. Let us listen instead to Mary who tells us: ‘Do whatever he tells you’. Then we will be the guests at the wedding feast of the Lamb that John will describe in his Apocalypse and that was already announced in the text from Isaiah that we had as our first reading: ‘As the bride is the joy of her husband, so you will be the joy of your God’.

Armand VEILLEUX

19 janvier 2025 – 2ème dimanche "C"

Is 62,1-5; 1 Co 12, 4-11; Jn 2, 1-11

H O M É L I E

          L'Évangéliste Jean est un mystique et un théologien. Dans le récit que nous venons d’entendre, il ne faut surtout pas voir la simple description d'un miracle sympathique, par lequel Jésus procure aux convives le vin nécessaire pour continuer la fête, peut-être parce que ses disciples ont largement concouru à épuiser les réserves. La clé du récit se trouve, comme d'habitude chez Jean, à la fin du récit : Ce fut, dit Jean, le premier des signes accomplis par Jésus; et ce signe nous donne la clé pour l'interprétation de tout le reste de l'Évangile. Il s’agit bien d’un « signe », ce qui est tout autre chose qu'un "miracle".

          L'élément central du récit, ce sont les six jarres de pierre. Il s'agit de jarres qui servaient aux ablutions que faisaient les Juifs pour se purifier. Il est un peu curieux d'en trouver six – et de grand format -- dans une maison privée, où l'on célèbre des noces. Ces jarres sont de pierre, comme les tablettes sur lesquelles la Loi ancienne avait été remise à Moïse. Et le fait important est qu'elles sont vides. Ces jarres vides, représentent l'Ancienne Alliance où l'homme vivait dans la peur, obsédé par la tension entre le pur et l'impur, le permis et le défendu, et essayant de se libérer de son sentiment d'impureté à travers des ablutions rituelles.

          C'est à cette religion du pur et de l'impur, des ablutions et des sacrifices que Jésus vient substituer une religion d'amour et de miséricorde symbolisée par le vin nouveau de l'Esprit. Cette Loi ancienne, Jésus dira un jour qu'il n'est pas venu l'abolir mais l'accomplir. Le nombre des jarres (il y en a six) signifie précisément le manque de complétude, car sept est le chiffre parfait. Jésus vient accomplir l'économie ancienne en faisant remplir ces jarres d'eau. Elles ne sont pas remplies de vin mais d'eau. L'eau se change en vin non pas dans les jarres, mais lorsqu'elle est servie !

          Au début de son Évangile, depuis le Baptême de Jésus dans le Jourdain, Jean compte soigneusement les jours. Nous en sommes au sixième : celui qui correspond au sixième jour de la Genèse, le jour où Dieu créa l'homme. Jésus vient donc créer une humanité nouvelle. Tout au long de son Évangile Jean montre Jésus comme le nouvel Adam (Marie comme la nouvelle Ève), et le Royaume qu'il est venu instaurer comme une nouvelle création.

          Jésus et Marie ne sont pas à cette noce au même titre. Jean pèse ses mots : «Il y avait des noces à Cana. La mère de Jésus était là. Jésus fut aussi invité.» Marie est là, car elle appartient encore à l'Ancienne Alliance. Lorsqu'elle signale à Jésus, qui est invité, le manque de vin, celui-ci lui signale que ce vin, qui est maintenant épuisé, appartient au passé. "Que t'importe à toi et à moi". Cependant l'Alliance Nouvelle, la nouvelle création qu'il est venu apporter n'est présente en ce jour qu'en signe, car son heure (l'heure de sa Passion) n'est pas encore venue.

          Il est surprenant que l’Évangéliste Jean, pourtant si proche de Marie, ne la mentionne pas par son nom. Il dit simplement que « la Mère de Jésus était là ». Jésus s’adresse à elle en lui disant : « femme », expression qui annonce déjà la femme par excellence, qui sera, forte, au pied de la croix et qu’on reverra couronnée de douze étoiles à la fin de l’Apocalypse. Alors qu'Ève, la mère des vivants, avait offert la pomme au premier Adam, Marie se contente de signaler à Jésus qu'il manque du vin, et Jésus en l'invitant à rompre avec ce passé en fait la mère de la Nouvelle Alliance, la mère de l’Église ; et déjà elle exerce ce rôle en disant aux serviteurs : "Faites tout ce qu'il vous dira".

          L'heure de Jésus n'est pas encore venue. Avant que cette heure ne vienne, il connaîtra toutes les tensions créées par ceux qui restent accrochés à l'Ancienne Alliance et qui sont symbolisés ici par le maître du repas qui interpelle le marié et lui reproche de ne pas avoir suivi les règles habituelles et de ne pas avoir servi d'abord le meilleur vin. Ainsi, les scribes et les docteurs de la Loi ancienne, qui ignorent la miséricorde, reprocheront sans cesse à Jésus de ne pas suivre les traditions et coutumes.

          Cet Évangile nous invite à nous laisser instruire et former par les signes opérés par Jésus, et à puiser notre expérience de Dieu dans le vin nouveau de l'Esprit plutôt que dans une pureté recherchée à travers des observances et des rites. Nous n'appartenons pas à l'Ancienne Alliance. Nous n'avons que faire avec le maître de la noce et ses coutumes dépassées. Écoutons plutôt Marie qui nous dit : "Faites tout ce qu'il vous dira". Alors nous serons les convives aux noces de l'Agneau que Jean décrira dans son Apocalypse et qui étaient déjà annoncées dans le texte d'Isaïe que nous avions comme première lecture : "Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu."

Armand VEILLEUX

         

18 January 2025 - Saturday of the 1st week,

Heb. 4, 12-16; Mark 2, 13-17

Homily

          This short Gospel has two distinct parts: first, the vocation of Levi, and then the meal given by Levi in his house.

17 January 2025 - Friday of the 1st ordinary week (odd-numbered years)

Heb 4, 1-5.11; Mark 2, 1-12

Homily

When Jesus was in Galilee, the region that Isaiah had already called the ‘Galilee of the Gentiles’ (Is. 7:23-9:1, quoted in Matt. 4:15), he was on the borders of the land of Israel and was often confronted with those whom the Jews called ‘Gentiles’ or ‘pagans’. The text we have just read from Mark describes in symbolic language this encounter and all the tensions it generates.

17 janvier 2025 – vendredi de la 1ère semaine ordinaire (années impaires)

He 4, 1-5.11 ;Marc 2, 1-12

H O M É L I E

          Quand Jésus se trouve en Galilée, cette région qu'Isaïe appelait déjà la "Galilée des Nations" (Is. 7,23-9,1, cité en Matt 4,15), il est aux frontières de la terre d'Israël et souvent confronté avec ceux que les Juifs appellent les "gentils" ou les "païens". Le texte de Marc que nous venons de lire décrit dans un langage symbolique cette rencontre et toutes les tensions que celle-ci engendre.

18 janvier 2025 - Samedi de la 1ère semaine

Heb. 4, 12-16 ; Marc 2, 13-17 

Homélie 

          Ce bref évangile comporte deux parties distinctes : d’abord la vocation de Lévi, puis le repas donné par Lévi dans sa maison.

16 janvier 2025 – jeudi de la 1ère semaine années impaires”

Héb. 3, 7,14; Marc 1,40-45

Homélie  

          Au temps de Jésus, le mot « lèpre » était une expression générique pour désigner une grande quantité de maladies, spécialement les affections de la peau, et surtout les maladies contagieuses et incurables. À cause de l’horreur qu’on éprouvait face à ces diverses formes de maladies, ceux qui en étaient affectés étaient victimes d’ostracisme. On les séparait du reste du peuple, souvent en vertu de lois religieuses. Ainsi les hommes se protégeaient non seulement du contact physique avec un malade contagieux, mais ils se dispensaient, psychologiquement et spirituellement, de regarder en eux-mêmes.