Homélies de Dom Armand Veilleux

Lundi, 26 février 2024 – Lundi de la 2ème semaine de Carême

Daniel 9:4-10; Luc 6:36-38

H O M É L I E

 

Bien chers frères,

          La conversion, telle qu'elle nous est présentée dans les Évangiles, comprend deux éléments essentiels : d’abord, la conviction d'être pécheur, d'avoir été infidèle à l'amour de Dieu, et d'avoir besoin de pardon et de guérison, et, d'autre part, la conviction non moins forte que Dieu est miséricordieux, qu'il ne désire rien d'autre que nous pardonner et qu'il veut que nous retournions vers lui. Nous trouvons tout cela dans ce beau texte du prophète Daniel : "À nous la honte au visage… parce que nous avons péché… Au Seigneur notre Dieu, les miséricordes et les pardons."

25 février 2024 – 2ème dimanche de Carême "B"

Gen 22, 1-2. 9. 10-13. 15-18; Rom 8, 31-34; Marc 9, 2-10

H O M É L I E

          L'événement rapporté dans l'Évangile d'aujourd'hui se situe à un moment crucial de la vie publique de Jésus. Durant un certain temps les foules l'avaient accueilli et avaient reçu son message avec ouverture et même, parfois, avec enthousiasme. Et puis, comme il était graduellement devenu une menace pour les autorités en place, les Pharisiens se mirent à lui faire une lutte constante, et les foules le désertèrent graduellement. À un certain moment Jésus se rendit clairement compte que ses ennemis auraient le dessus et qu'il allait mourir. Il annonça alors sa mort à ses disciples et à partir de ce moment il consacra la plus grande partie de son temps à les former plutôt qu'à prêcher aux foules.

24 février 2024 - Samedi de la 1ère semaine de carême

Dt 26, 16-19 ; Mt 5, 43-48

Homélie

Déjà dans l'Ancien Testament, comme nous pouvons le constater en lisant le livre du Deutéronome, l'obéissance à Dieu n'était pas simplement l'observation craintive d'un ensemble de règles. Bien sûr, il y avait de nombreux "commandements et statuts", mais ils devaient être observés avec le cœur et l'âme. Cette observance faisait partie d'une relation avec Dieu. C'était un accord entre Dieu et le peuple, une alliance : Yahvé serait leur Dieu, et ils seraient son peuple. Quant au peuple, il doit marcher dans les voies de Dieu.

23 mars 2024 - Vendredi de la première semaine de carême

Ez 18, 21-28 ; Mt 5, 20-26

Homélie

Parfois, si nous lisons l'Evangile superficiellement, nous avons l'impression que Jésus n'est pas très logique ou cohérent dans son enseignement. Il y a des textes, dans l'Évangile, dans lesquels il prêche contre le légalisme des pharisiens, disant que le sabbat a été fait pour les êtres humains et non les êtres humains pour le sabbat, etc. Mais à d'autres moments, Jésus nous dit des choses comme ce que nous venons d'entendre : que si notre justice ne surpasse pas celle des Scribes et des Pharisiens, nous n'entrerons pas dans le Royaume des Cieux. L'explication de cette divergence est certainement que Jésus fonctionne selon un type de sagesse et de logique différent du nôtre.

22 février 2024 – Chaire de saint Pierre

1 P 5, 1-4; Mat 16, 13-19

 

Homélie pour la fête de la Chaire de saint Pierre  

          Et vous, qui dites-vous que je suis?

          Il n’est jamais facile de traduire un texte dans une autre langue en en respectant toutes les nuances. Les traducteurs du lectionnaire liturgique, dans leur effort pour rendre le texte intelligible aux personnes d’aujourd’hui paraphrasent parfois le texte, ou y ajoutent quelque chose. Ainsi, dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus demande à ses disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? ». La traduction que nous avons lue paraphrase cette question, ajoutant les mots : « pour vous qui suis-je ? », donnant aux paroles de Jésus une note intimiste qu’elles n’ont pas.

21 février 2024 :: mercredi de la 1ère semaine de Carême

Jonas 3, 1-10 ; Luc 11, 29-32

Homélie

          Le prophète Jonas fut envoyé par Dieu aux païens de la cité de Ninive. Mais il ne voulait pas avoir cette mission, et il s’enfuit vers la cité de Tarsis. Cela, comme nous le savons, le conduisit – lui et tous ses compagnons – dans une terrible tempête. Au coeur de cette tempête, il reconnut son péché et il accepta – il demanda même – d’être jeté à la mer pour calmer la colère de Dieu. C’est alors qu’il commença une expérience de solitude, symbolisée par le temps qu’il passa dans le ventre d’un gros poisson, avant de commencer, finalement, sa mission qui était de prêcher un message de repentance. Cependant, il lui était impossible de comprendre qu’une cité païenne pourrait se convertir à Dieu ; et lorsqu’elle se convertit, il en fut contrarié. Comme nous le savons par le reste de l’histoire, Dieu va lui faire comprendre, à travers l’image de la plante qui croît en un jour et qui meurt le lendemain, qu’il a le même amour miséricordieux pour la ville païenne de Ninive que pour le peuple d’Israël.

20 février 2024 - mardi de la 1ère semaine de Carême

Is 55, 10-11 ; Mt 6, 7-15

H O M É L I E

 

          Depuis le début du Carême, les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament lus à la célébration eucharistique nous mettent en garde avec une insistance soutenue et vraiment impressionnante, contre la fausseté et l'inutilité d'une pratique religieuse qui ne se traduirait pas dans une vie d'amour et de service fraternel bien concrets.

          Dieu a tout créé par sa Parole. Cette même Parole, qui nous fut adressée par les prophètes de tous les temps, est venue à nous personnellement dans la personne de Jésus de Nazareth. Elle nous pénètre et nous traverse. Le Livre d'Isaïe la compare à la pluie et à la neige qui descendent des cieux et y retournent. Si nous nous laissons transformer par cette Parole, nous retournerons au Père en elle, assumée en elle. Si nous ne la recevons pas comme une terre fertile, si elle ne transforme pas notre vie, alors, elle retourne au Père sans nous, comme la pluie qui s'évapore à la surface d'une terre durcie ; et nous restons dans le néant.

          Jésus en donne un exemple concret dans l'Évangile que nous venons de lire. Cet Évangile est tiré du Sermon sur la Montagne tel que reconstitué par Matthieu. Vers la fin, nous y trouvons un enseignement sur la prière. Il y avait tout d'abord la recommandation de ne pas prier sur les places publiques dans le but d'être observés, mais d'entrer dans la solitude de notre chambre et d'y prier là, dans le secret, notre Père céleste. Vient ensuite la recommandation de ne pas multiplier les paroles comme si celles-ci étaient en elles-mêmes des prières efficaces. Le Père connaît tous nos besoins et ceux du reste de l'humanité mieux que nous ne les connaissons nous-mêmes, dit Jésus.

          Jésus donne ensuite la formule du "Pater", et il en commente une seule des sept demandes, celle relative au pardon des péchés ou à la remise des dettes. "si vous remettez aux hommes leurs manquements, vote Père céleste vous remettra à vous aussi. Mais si vous ne remettez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne vous remettra pas non plus vos manquements." Je ne crois pas qu'il faille entendre ces paroles comme si Dieu nous "récompensait" d'avoir pardonné ou nous "punissait" pour ne pas l'avoir fait. Dieu serait alors un dieu à notre mesure. Cela veut plutôt dire, tout simplement, qu'en pardonnant aux autres, nous nous insérons dans le courant du fleuve sans fin de l'amour miséricordieux du Père, et qu'en refusant de pardonner, nous nous coupons nous-mêmes de ce courant.

          Comme toujours, Jésus nous laisse le choix.