Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

 5e dimanche de Pâques C

Nous sommes au dernier repas, le compte à rebours commence puisque Judas s’en va, et Jésus, au-delà de sa mort imminente, déjà glorifié, comme en Ressuscité, annonce son départ à ses disciples. C’est alors qu’il leur donne, qu’il nous donne, un commandement nouveau : nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Et ce commandement, c’est bien à ses disciples, à son Eglise, qu’il l’adresse. Il ne s’agit pas ici de l’amour du prochain en général, mais de celui que se donnent les disciples, les chrétiens, les uns envers les autres ; et par conséquent de cet amour que nous nous donnons, nous ici présents, les uns aux autres. Il n’y a donc pas de faux-fuyant, d’échappatoire ou encore de beaux discours théoriques, puisque nous sommes de suite confrontés au réel, au concret de nos attitudes et de nos actes.

 Pâques 2016

Spontanément, si nous pensons à ce matin de Pâques d’il y a 2000 ans, nous pouvons imaginer le jardin, le tombeau ouvert, la visite des femmes, et Jésus, éblouissant, vivant. Et puis, il y a ce cri qui déchire le silence, qui pénètre le monde, un cri tel une naissance : « Le Seigneur est ressuscité ! ». Or en ce jour de Pâques, ce cri n’est pas exprimé dans l’évangile de saint Jean que nous venons d’écouter. Et d’ailleurs, le cri qui s’y trouve est loin de l’enthousiasme : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Lors des chapitres précédents, nous avons assisté à l’arrestation de Jésus, à sa condamnation, son supplice, sa mort et sa mise au tombeau, et voici que maintenant l’heure est à la disparition de son cadavre, comme si tout ce qu’il avait fait et avait été devait disparaître, être totalement anéanti, livré à l’oubli, comme pour mieux signer l’échec de Jésus, voire sa supercherie.

2e dimanche Carême C 2016

Il y a quelques semaines, nous célébrions la fête du baptême du Seigneur, et vous savez que ce texte et celui de la Transfiguration ont quelques points en commun, notamment la mention que Jésus est en prière et, dans un deuxième temps, la voix du Père qui se fait entendre. Lors du baptême, c’est quand Jésus prie que le ciel s’ouvre et que la voix « venant du ciel » lui dit : « Toi, tu es mon Fils bien aimé ; en toi, je trouve ma joie ». Ce n’est donc pas d’abord par le baptême de Jean que le Christ nous est révélé, mais par cette prière dans laquelle il se plonge, par ce moment d’intimité avec le Père.

 1er dimanche de Carême C (2016)

« Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert ». Il faut bien reconnaître que, spontanément, si nous nous imaginons remplis d’Esprit Saint, nous pensons davantage à une situation confortable, sécurisée, plutôt qu’à une mise à l’épreuve dans un désert austère et hostile ; et cette réaction spontanée est, en quelque sorte déjà, une tentation. Tentation d’un monde où tout nous serait facile, ou tout au moins plus facile ; d’un monde où nous posséderions une certaine maîtrise des choses et des évènements, et où Dieu serait finalement au service de nos rêves les plus éphémères. Bref, un monde comme l’avait fait miroiter le serpent à Adam et Eve en leur disant : « vous serez comme des dieux. » Alors, là où Adam a chuté, le nouvel Adam, le Christ, vient pour réussir, pour vaincre, et pour nous montrer quel chemin suivre, celui-là même qu’il emprunte et auquel il nous invite : le chemin de la foi.

 Baptême du Seigneur C 

Si vous avez déjà participé à un meeting politique, vous connaissez la mise en scène qui est élaborée pour mettre en valeur le chef ou le candidat du parti. Alors que la salle est comble, les intervenants se succèdent, ceux qu’on appelle des seconds couteaux, qui ne cessent de vanter celui à qui tout le monde pense, que tout le monde attend, mais qui n’est toujours pas là. Puis, un ténor du parti, un homme ou une femme d’un charisme certain, qui a déjà assumé de hautes responsabilités, et dont la valeur met d’autant en plus en évidence celle de celui qu’on attend, prend la parole.

 Immaculée Conception (2015)

 Ce matin nous avons la joie de réentendre ce beau texte de l’Annonce faite à Marie, de l’annonce du commencement de l’incarnation. Incarnation rendue possible par le oui sans réserve de la Vierge : « Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. » Ce oui, comme vous le savez, est réponse à une parole attendue et entendue ; à une parole dont Marie a reconnu la puissance, l’importance, la vérité ; à une parole, en conséquence, à laquelle elle s’est soumise, qu’elle a faite sienne, qu’elle a incarnée dans sa vie, dans son quotidien. Et c’est parce que Marie est cette véritable « servante du Seigneur », capable de dire un tel oui, et surtout de vivre ce oui sans jamais s’en détourner ;

 TOUSSAINT

 « Heureux ». Voici un mot presque magique, un mot qui fait rêver, qui dit ce à quoi nous aspirons et ce à quoi, finalement, nous sommes destinés : être heureux. Mais voilà, ce n’est pas si simple, et chacun ici pourrait en témoigner.

« Heureux », un mot qui pourrait aussi nous enfermer dans une dualité malsaine, comme si nous ne pouvions qu’être heureux ou malheureux. Et c’est là que vient souvent la question, celle que l’on pose aux jeunes mariés, ou encore au moine : « Alors ? Vous êtes heureux ? » Question à laquelle il faudrait répondre spontanément « OUI » avec un sourire jusqu’aux oreilles, comme si, contrairement à bien d’autres, nous aurions trouvé la recette du bonheur, ou tout simplement comme si nous saurions dire avec précision ce qui signifie « être heureux ».

 26e dimanche B

 On peut être un médiocre joueur de football, voire même ne pas y jouer, et en être néanmoins champion du monde. C’est ce qui arrive à tout un pays quand son équipe nationale remporte cette compétition. A défaut d’être Le Champion du monde, ces compatriotes sont, tous ensemble, champions du monde ; ce qui ne fait toujours pas pour autant de la plupart de grands joueurs de football…

 C’est un peu la même chose pour les disciples de Jésus. Comme nous l’avons entendu dimanche dernier, chacun voulait être le plus grand, mais Jésus a calmé prétentions et ardeurs en les invitant à devenir humble serviteur de tous pour être le plus grand.

Homélie pour la solennité du Corps et du Sant du Christ - (7 juin 2015)

 Frères et sœurs, la Cène s’inscrit dans la Pâque juive, c’est-à-dire la libération du peuple d’Israël. Pour éclairer le mystère que nous célébrons aujourd’hui et que nous vivons en chaque eucharistie, et puisqu’on ne peut pas tout dire, j’aimerais simplement relever ces deux dimensions : la libération, et la naissance d’un peuple, d’un corps.

 Dieu libère Israël et conclut avec lui une Alliance. Dans La première lecture, nous voyons Moïse asperger les Hébreux de sang, symbole de la vie, comme pour montrer que dorénavant cette Alliance leur est vitale : c’est une question de vie ou de mort.