Homélies de Dom Armand Veilleux

Mémoire de saint Ignace d'Antioche,

17 octobre 2024

Homélie

J'ai connu, aux États-Unis, un pasteur baptiste qui venait souvent faire des retraites dans notre monastère de Holy Spirit, en Géorgie. Il y a plusieurs années, il ne se sentait pas très bien et il est allé voir un médecin. Après une série d'examens, le médecin lui a annoncé qu'il était atteint d'un cancer en phase terminale et qu'il ne lui restait probablement que quelques mois à vivre. L'homme a accueilli cette nouvelle avec une très grande sérénité et n'a pas semblé perturbé du tout. Le médecin s'est étonné de cette sérénité et lui a dit : "La plupart des gens sont très perturbés, voire découragés, lorsqu'on leur annonce qu'ils ont un cancer, surtout en phase terminale. Comment se fait-il que vous soyez si paisible ? La réponse fut : "Eh bien, ma conviction est que nous sommes tous en phase terminale !".

14 October 2024: Monday of the 28th week in Ordinary Time

Rom 1:1-7; Luke 11:29-32

Homily 

            The prophet Jonah was sent by God to the pagans in the city of Nineveh. But he did not want the mission, and fled to the city of Tarshish. This, as we know, led him - and all his companions - into a terrible storm. In the midst of this storm, he recognized his sin and agreed - he even asked - to be thrown into the sea to appease God's anger. He then began an experience of solitude, symbolized by the time he spent in the belly of a big fish, before finally beginning his mission to preach a message of repentance. However, it was impossible for him to understand that a pagan city could be converted to God; and when it was, he was upset. As we know from the rest of the story, God will make him understand, through the image of the plant that grows in one day and dies the next, that He, God, has the same merciful love for the pagan city of Nineveh as He does for the people of Israel.

14 octobre 2024 : lundi de la 28ère semaine du Temps Ordinaire

Rm 1, 1-7 ; Luc 11, 29-32

Homélie

            Le prophète Jonas fut envoyé par Dieu aux païens de la cité de Ninive. Mais il ne voulait pas avoir cette mission, et il s’enfuit vers la cité de Tarsis. Cela, comme nous le savons, le conduisit – lui et tous ses compagnons – dans une terrible tempête. Au coeur de cette tempête, il reconnut son péché et il accepta – il demanda même – d’être jeté à la mer pour calmer la colère de Dieu. C’est alors qu’il commença une expérience de solitude, symbolisée par le temps qu’il passa dans le ventre d’un gros poisson, avant de commencer, finalement, sa mission qui était de prêcher un message de repentance. Cependant, il lui était impossible de comprendre qu’une cité païenne pourrait se convertir à Dieu ; et lorsqu’elle se convertit, il en fut contrarié. Comme nous le savons par le reste de l’histoire, Dieu va lui faire comprendre, à travers l’image de la plante qui croît en un jour et qui meurt le lendemain, que Lui, Dieu, a le même amour miséricordieux pour la ville païenne de Ninive que pour le peuple d’Israël.

13 October 2024 - 28th Sunday "B"

Wis 7:7-11; Heb 4:12-13; Mk 10:17-30

Homily

            A comparison of the different versions of this story found in the three Synoptic Gospels shows us that the story has undergone a rather complex evolution that it is not necessary to analyze at this point. Let us simply remember that, in its present state, in Mark's Gospel, the story has two intertwined themes: The first theme concerns the unbelief of the Jews and the second relates to the difficulty of entering the Kingdom of God with riches. Let us consider them separately.

13 octobre 2024 – 28ème Dimanche "B"

Sg 7,7-11; Hé 4,12-13; Mc 10,17-30

H O M É L I E

 

            La comparaison des différentes versions de ce récit que nous trouvons dans les trois Évangiles synoptiques nous montre que le récit a connu une évolution assez complexe qu’il n’est pas nécessaire d’analyser en ce moment. Retenons simplement que, dans son état actuel, dans l’Évangile de Marc, le récit comprend deux thèmes qui se trouvent entrelacés : Le thème primitif concerne l’incrédulité des Juifs et le second se rapporte à la difficulté d’entrer avec des richesses dans le Royaume de Dieu. Considérons-les séparément.

6 octobre 2024 -- 27ème dimanche "B"

Gen 2, 18-24; Héb 2, 9-11; Marc 10, 2-16 

Homélie 

            La relation entre l'homme et la femme exerce une telle influence sur le développement de toute société, en particulier à travers la procréation de fils et de filles, que toutes les sociétés ont élaboré des codes fort rigides concernant l'exercice de la sexualité. Même dans les sociétés que nous considérons primitives et qui semblent très tolérantes dans ce domaine, la régulation de l'exercice de la sexualité au moyen de divers types de tabous et de conventions sociales est très forte. Tout cela a fait partie du développement du genre humain vers une complète humanisation. La loi de Moïse et son interprétation par diverses générations de rabbins fut une étape de ce processus humain -- sous l'inspiration de l'Esprit de Dieu.

5 octobre 2024                                                       Samedi, 26ème sem. « paire »

Job 42,1-3,5-6,12-17 ; Luc 10,17-24

Chers Frères,

Depuis plusieurs jours la première lecture de l’Eucharistie, sur semaine, est tirée du Livre de Job, et nous terminons précisément aujourd’hui ce livre, qui est très important du point de vue de la tradition monastique – et cela pour diverses raisons. Il est important, bien sûr, à cause de son thème central, celui de la souffrance, qui prépare à l’enseignement du Nouveau Testament sur le mystère de la Croix. L’auteur du livre est en réaction contre l’enseignement traditionnel, selon lequel Dieu est juste et donc récompense le bon et punit le méchant. À cette théorie, le livre de Job oppose un homme concret, qui est aussi bon qu’on puisse l’être, et qui pourtant est terriblement affligé. Il veut comprendre le mystère de la souffrance, et, en fin de compte il n’a pas d’explication. C’est un mystère insondable. La souffrance n’a pas de sens. Inutile d’essayer d’en chercher le sens. Et, dans le Nouveau Testament, le Fils de Dieu donnera une réponse non pas en expliquant le mystère de la souffrance, mais en l’assumant, en mourant sur la Croix et, ainsi, en lui donnant finalement un sens. Si Dieu a souffert, la souffrance a certainement un sens et c’est un sens de rédemption. Toutes nos souffrances, petites et grandes, prennent leur sens -- l’unique sens qu’elles peuvent avoir -- en étant une participation à la Croix du Christ, à cette souffrance librement assumée par amour – non pas par amour de la souffrance, mais par amour de l’homme.