Homélies de Dom Armand Veilleux

21 mars 2023, mardi de la 4ème semaine de Carême

 

         L’une des expressions qui revient assez souvent dans la bouche du pape François est celle de « périphéries ». Il emploie d’ailleurs le mot au pluriel.  Il nous appelle tous à aller aux périphéries. Et ce mot a évidemment des sens différents selon la vocation propre des personnes à qui il s’adresse ou selon les contextes dans lesquels il l’utilise. Son approche est évangélique avant d’être sociologique.

20 mars 2023 – Fête de saint Joseph

2Sam 7, 4...16; Rom. 4, 13...22; Mat 1, 16-24

H O M É L I E

          L’une des conséquences du développement de la psychologie à notre époque est que nous sommes devenus très attentifs à tous nos états intérieurs, les scrutant et les analysant parfois à l’extrême.  Plusieurs grands écrivains modernes, en particulier les poètes et les romanciers s’adonnent longuement à décrire leurs propres états intérieurs ou ceux des personnages de leur création.  Or la Bible dans son ensemble, aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament, ne s’attarde guère à décrire les états intérieurs des grands personnages de l’Histoire du Salut.  Au contraire l’Écriture Sainte décrit essentiellement des événements -- des événements salvifiques.

19 mars 2023 – 4ème dimanche de Carême « A »

1 Samuel 16, 1…13 ; Eph. 5, 8-14 ; Jean 9, 1-41

 H O M É L I E

 

Lorsqu’un malheur ou quelque chose de pénible nous arrive, comme par exemple un accident ou une maladie, notre première réaction, dans la plupart des cas est de dire : « Pourquoi ? Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ?  Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cela ? ».  C’est précisément la question que posent à Jésus les disciples en présence de l’aveugle de naissance.  Ou, plus exactement, ils veulent savoir si ce malheur est arrivé à cet homme à cause de ses péchés personnels ou de ceux de ses parents.  Jésus refuse de se laisser enfermer dans un tel raisonnement.  Pour lui le mal – qu’il s’agisse du mal physique ou du mal moral – n’est pas quelque chose qu’il faut expliquer.  C’est quelque chose qu’il faut faire disparaître.  Il est précisément venu pour en libérer l’humanité.

18 mars 2023 – Samedi de la 3ème semaine du Carême

Osée 6, 1-6 ; Luc 18, 9-14

 

Homélie

 

          Au début de chaque célébration eucharistique, nous confessons nos péchés et demandons le pardon du Seigneur.  Est-ce toujours plus qu’une simple formalité religieuse ? Sommes-nous sincèrement conscients d’être pécheurs ? Bien sûr nous savons que nous avons fait des péchés.  Normalement, nous les avons déjà accusés en confession et ils ont été pardonnés.  Nous savons d’ailleurs qu’ils nous ont été pardonnés par Dieu dès le moment où nous les avons regrettés. Mais être pécheur est autre chose que d’avoir simplement fait tel ou tel péché. Il se peut que nous soyons conscients d’être de bons chrétiens ou de pas si mauvais moines, plutôt que conscients d’être pécheurs…  

16 mars 2023 – jeudi de la 3e sem. de Carême

Jr 7, 23-28 ; Luc 11, 14-23

Homélie

Le Prologue de la Règle de saint Benoît reprend plusieurs des enseignements et même des expressions que nous trouvons déjà dans le beau texte de Jérémie que nous avons écouté comme première lecture. « Écoutez ma voix (dit le Seigneur, par la bouche de Jérémie), -- Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple ». Il suffit donc de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu pour appartenir à son Peuple.  Le dialogue avec Dieu dans la prière n’est jamais une chose purement individuelle.  Ce dialogue nous met en communion avec tous les autres « auditeurs de la parole ». C’est ce dialogue même qui nous constitue « Peuple » ou « Église ». Cette parole de l’Écriture fut l’intuition fondamentale du grand théologien allemand, Karl Rahner, qui, dans l’une de ses premières œuvres, qui était d’ailleurs une œuvre de philosophie, publiée dès 1941, au début de la Guerre, décrivait l’être humain comme étant essentiellement, de par sa nature même, un « auditeur du Verbe » (Hörer des Wortes), puisque c’est par la Parole même de Dieu que nous sommes créés.

15 mars 2023 - Mercredi de la 3ème semaine de Carême

Dt 4, 1. 5-9; Mt 5, 17-19

H O M É L I E

          Dans l'Evangile, Jésus dit très clairement à ses disciples et à nous tous que le plus grand de tous les commandements est l'amour et qu'il est inutile et hypocrite de pratiquer tous les petits détails de la Loi si l'on ne pratique pas la charité et, avant tout, la justice.   Cela ne signifie pas pour autant que la Loi n'a pas d'importance et que si nous pratiquons la charité, nous pouvons oublier le reste de la Loi. 

14 mars 2023 – Mardi de la 3ème semaine de Carême
Daniel 3, 25.34-43 ; Mt  18, 21-35
 

Homélie

          Cette affaire des 7 fois et des 70x7 fois est une bien vieille histoire. Elle remonte à l’époque de Caïn et Abel.  Après le meurtre d’Abel, selon le récit de la Genèse, Dieu chassa Caïn du Paradis.  Ce dernier dit alors à Dieu : « Si tu me chasses aujourd’hui de l’étendue de ce sol, je serai caché à ta face, je serai errant et vagabond sur la terre, et quiconque me trouvera me tuera." Et le Seigneur répondit : "Eh bien! Si l’on tue Caïn, il sera vengé sept fois."  Et, quelques générations plus tard, Lamek, le petit-fils de Caïn, prit deux femmes, Ada et Cilla, et leur dit, avec assez de bravade : "Ada et Cilla, écoutez ma voix! Femmes de Lamek, tendez l’oreille à mon dire! Oui, j’ai tué un homme pour une blessure, un enfant pour une meurtrissure. Oui, Caïn sera vengé sept fois, mais Lamek soixante-dix-sept fois."