Homélies de Dom Armand Veilleux

23 août 2023, mercredi de la 20ème semaine

Juges 9, 6-15; Matt 20, 1-16

H O M É L I E

           Selon tous les principes admis de nos jours dans le domaine des relations de travail, l’employeur de notre Évangile agit d’une façon plutôt étrange et même inacceptable. Son attitude ne correspond certainement pas à nos critères de justice, et est même déconcertante. Également déroutantes sont les dernières paroles de la parabole : « Les derniers seront premiers et les premiers seront derniers. » Les premiers chrétiens semblent avoir été troublés par ces paroles de Jésus, chacun des Évangélistes les plaçant dans un contexte différent, et Matthieu les répétant même deux fois.

22 août 2023, mardi de la 20ème semaine, année impaire

Juges 6, 11-24; Matt 19, 23-30

H O M É L I E

           L'homme de l'Évangile d'hier, qui cherchait la perfection mais n'était pas prêt à renoncer à ses grandes possessions pour suivre Jésus, est reparti tout triste. Jésus en profita pour faire à ses disciples une réflexion sur la difficulté qu'il y a pour un riche à entrer dans le royaume des cieux.   Cela est difficile car ne peuvent entrer dans le royaume que les cœurs simples, c'est-à-dire non divisés. Le cœur du vrai disciple ne peut être divisé entre Jésus et autre chose. Or la richesse à laquelle on peut s'attacher et qui peut accaparer notre cœur et l'empêcher de se donner totalement à Dieu peut être de plusieurs ordres. Ce peut être une grande richesse matérielle ; mais cette richesse peut aussi être intellectuelle, comme la soif d'accumuler les connaissances. Elle peut être affective, comme le besoin de posséder une autre personne ou encore le besoin d'être aimé de tous. Elle peut être le besoin d'exercer le pouvoir sur les autres de mille et une façons.

21 août 2023, lundi de la 20ème semaine, année impaire

Juges 2, 11-19; Matt 19, 16-22

H O M É L I E

           Dans le Prologue de sa Règle saint Benoît, dans une scène symbolique, nous décrit Dieu passant sur la place publique et demandant : « Quel est celui qui désire la vie ? » Le moine pour qui Benoît écrit sa Règle est évidemment celui qui répond : « C`est moi ! ». Et à la fin de la Règle, en conclusion du chapitre 72, qui est le dernier écrit par Benoît (le chap. 73 ayant été écrit plus tôt comme conclusion de la Règle dans sa première forme), il recommande de « ne rien préférer du tout au Christ ; qu’il nous conduise tous ensemble à la vie éternelle »

20 août 2023, Fête de saint Bernard

Sap 7,7-10.15-16 ; Phil 3,17 - 4,1 ; Io 17,20-26

H O M É L I E

            Depuis déjà plus d’un siècle, nous célébrons saint Bernard comme Docteur de l’Église. Cependant, si Bernard est important pour nous, moines, c’est avant tout en tant que moine et abbé. Ce que nous attendons de lui n’est pas la réponse d’un grand maître à nos problèmes, mais plutôt les questions et les défis posés par un grand maître spirituel, qui était avant tout moine, et qui l’est demeuré à travers toutes les vicissitudes de sa vie.

20 août 2023 --20ème dimanche ordinaire "A"

Is 56,1.6-7 ; Rm 11,13-15.29-32 ; Mt 15,21-28

HOMÉLIE

          Cet Évangile nous révèle beaucoup de choses aussi bien sur la personne de Jésus que sur la prière. D’ailleurs, notre attitude face à la prière révèle en général assez bien l’image que nous avons de Dieu et du Christ.

19 août 2023 - Samedi de la 19ème semaine, année impaire

Josué 24, 14-29; Matt 19, 13-15

H O M É L I E

          Tout au long de l'Évangile Jésus manifeste une attention particulière pour les plus nécessiteux, les plus démunis, les plus petits. D'habitude, on lui amène des malades et des possédés pour qu'il les guérisse et les délivre de leurs démons. Dans l'Évangile d'aujourd'hui on lui amène simplement de petits enfants qui ne semblent avoir besoin de rien en particulier. On lui demande simplement de leur imposer les mains et de prier. Les disciples qui semblent vouloir se constituer les protecteurs de Jésus contre les importuns veulent les écarter. Jésus dit au contraire de les laisser venir à lui car c'est à ceux qui leur ressemblent qu'appartient le royaume des cieux. Vous vous souviendrez que déjà dans l'Évangile de mardi dernier Jésus avait dit que si nous ne devenons pas comme de petits enfants nous n'entrerons pas dans le royaume des cieux.

18 août 2023, vendredi de la 19ème semaine, année impaire

Jos. 24, 1-13 ; Matt 19, 3,12

H O M É L I E

          L'enseignement de Jésus dans cet Évangile porte sur la fidélité, aussi bien la fidélité dans le mariage que celle dans le célibat. Je dis bien "dans" le mariage et "dans" le célibat ; car on n'est pas fidèle ni au mariage ni au célibat, mais à une personne. Dans le célibat on est fidèle à la personne de Jésus-Christ, puisque c'est en vue de son royaume qu'on s'est fait célibataire ; et dans le mariage on est aussi fidèle à Jésus-Christ, mais cette fidélité est alors incarnée dans la fidélité à une épouse ou un époux.

          La réponse de Jésus à la question des Pharisiens est construite selon les règles habituelles du parallélisme, qu'on retrouve constamment dans la littérature biblique. Il parle d'abord de la fidélité conjugale et termine, après l'expression de surprise des disciples, en disant : « Tous ne peuvent pas comprendre cela mais seulement ceux à qui cela a été donné ». On applique la plupart du temps cette phrase de Jésus au célibat. Mais, si nous lisons ce texte en respectant les règles du parallélisme sémitique, cette phrase se rattache à ce qui précède et non à ce qui suit. Jésus dit donc que c’est l'indissolubilité du mariage qui est quelque chose qui ne se comprend que comme un aspect du plan divin sur l'homme et la femme; et que ce n'est donné de le comprendre qu'à ceux qui ont reçu la révélation de ce plan divin.

          Jésus ajoute alors tout de suite son enseignement sur le célibat, et il termine par une phrase à peu près identique : « Que celui qui a le pouvoir de comprendre comprenne », c'est-à-dire celui à qui ce pouvoir de comprendre a été donné. Et Jésus distingue nettement le célibat choisi en vue de l'édification du royaume des cieux et en réponse à un appel, du célibat qui est une conséquence d'une incapacité de se marier, que cette incapacité soit physique ou non, et qu'elle soit de naissance ou causée par les hommes.

          Jésus nous découvre ainsi le fondement de toute fidélité, qui n'est autre que la fidélité de Dieu qui ne se laisse affecter par aucune infidélité à son égard. La première lecture, tirée du livre de Josué, nous rappelait la fidélité de Dieu à l’égard de son peuple, qu’il a sauvé de l’Égypte, guidé dans le désert et conduit à la Terre Promise. Cette fidélité sera souvent par la suite comparée par les prophètes à celle d’un époux envers son épouse, même lorsque celle-ci est infidèle. Celui qui s'est consacré dans le célibat pour le royaume, et qui s'est attaché soit à une communauté religieuse par des vœux, soit à une église diocésaine par le sacerdoce, doit demeurer fidèle même lorsqu'il considère que l'Église ou la communauté ne lui sont pas fidèles... ou même s'il a l'impression, comme il arrive à certains de l'avoir, que Dieu lui-même l'a abandonné.

          Demandons au Dieu fidèle cette compréhension qui nous rende possible la fidélité à tous nos engagements.

          Et nous faisons mémoire aujourd'hui des martyrs des pontons de Rochefort, parmi lesquels il y avait des Cisterciens.

Armand VEILLEUX