Homélies de Dom Armand Veilleux

4 juin 2023 – Fête de la T.S. Trinité (année « A »)

Ex 34, 4...9 ; 2 Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18

H O M É L I E

Chers frères et sœurs,

          On pose parfois la question : « Le Dieu des Chrétiens est-il le même que celui des Musulmans, ou des Hindous, ou des Bouddhistes, ou celui de quelque autre religion ? ».  En réalité il n’y a pas de réponse possible à une telle question, parce que c’est une question qui est mal posée.  C’est comme si nous possédions Dieu, et que nous nous demandions si le Dieu que nous avons, que nous possédons, nous les Chrétiens, est le même Dieu que possèdent les autres. Or, personne ne possède Dieu.

31 mai 2023 -- Visitation de Marie

So 3, 14-18; Rom 12, 9-16; Luc 1, 39-56

H O M É L I E

          Dans les deux premiers chapitres de son Évangile Luc nous introduit à tous les grands thèmes de son Évangile.  Il manifeste sa connaissance profonde de l'Ancien Testament, y puisant un très grand nombre d'images qui lui servent dans ses récits hautement symboliques. 

30 mai 2023 – mardi de la 8ème semaine (année impaire)

Si 35, 1-12; Marc 10, 28-31

HOMÉLIE

          Cet Évangile est la suite de celui que nous aurions eu hier soir, si nous avions célébré la messe de la férie (et non celle de Marie, Mère de l’Église). Cet Évangile d’hier, pour la férie, était le récit de la rencontre de Jésus avec le jeune homme riche, qui désirait quoi faire pour avoir la vie éternelle en héritage, et à qui Jésus avait dit : « Va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis, viens, suis-moi. »

28 mai 2023 - Pentecôte

Actes 2,1-11; 1 Cor 12,3...13; Jean 20,19-23

H O M É L I E

          Il est souvent question de peur dans l’Évangile de saint Jean.  Et l’expression « par peur des Juifs » revient comme un refrain.  Cette expression désigne une foi qui n’est pas encore pure, une confiance qui n’est pas totale.  C’est ainsi que Nicodème, au début de l’Évangile, vient trouver Jésus pour l’interroger, mais il le fait de nuit « par peur des Juifs ».  De même, les parents de l’aveugle-né que Jésus avait guéri refusent de dire aux Pharisiens ce qu’ils savent, « par peur des Juifs ».  Après la mort de Jésus, Joseph d’Arimathie vient demander à Pilate de lui remettre son corps, mais il le fait de nuit, « par peur des Juifs ». Dans l’Évangile que nous venons de lire, Jean nous dit que, le soir du premier jour de la semaine, c’est-à-dire le soir de Pâques, les disciples s’étaient rassemblés en un lieu, « par peur des Juifs ».   Notons, en passant, que, dans le texte original grec, contrairement à la plupart des traductions modernes (y compris celle que nous avons lue) il n’est pas dit que la porte était verrouillée, mais simplement qu’elle était « fermée » ; et l’expression « par peur des Juifs » se rapporte au fait que les disciples étaient rassemblés au même endroit et n’a rien à voir avec le fait que la porte était fermée.

25 mai 2023, jeudi de la 7ème semaine de Pâques

Actes 22,30-23,6-11 ; Jean 17, 20-26

H O M É L I E

           Communiquer est essentiel à l'être humain dont la dimension sociale est un élément constitutif. De nos jours, non seulement la communication conserve toute l'importance qu'elle a toujours eue dans la vie humaine, mais elle a été en quelque sorte récupérée par ceux qui exercent ou veulent exercer le pouvoir.  Il n'y a pas tellement d'années, le pouvoir, dans la société était dans les mains de ceux qui contrôlaient l'argent ou le "capital".  Aujourd'hui il est dans les mains de ceux qui contrôlent la communication.  Il est donc important de réfléchir sur le sens qu'a la communication dans le plan de Dieu.  Jésus n'a-t-il pas envoyé ses disciples communiquer son message à toutes les nations ?  Quel est le sens de cette communication ?  Les textes bibliques de l'Eucharistie d'aujourd'hui nous éclairent là-dessus.

24 mai 2023 – mercredi de la 7ème semaine de Pâques

Actes 20, 28-38 ; Jean 17, 11b-19

Homélie

Saint Luc, dans son Évangile, donne une grande importance à la longue montée de Jésus vers Jérusalem, où il sera jugé par le Sanhédrin puis confié par les chefs religieux au pouvoir romain, pour être mis à mort hors de la Ville. De même, dans son « deuxième livre », les Actes des Apôtres, il décrit l’activité de Paul comme une montée vers Jérusalem où il sera mis en accusation par les mêmes chefs religieux d’Israël, ce qui conduira à sa prise en charge par l’autorité romaine. Ce qui l’amènera à être envoyé à Rome où il sera finalement décapité.

23 mai 2023 - Mardi de la 7e semaine de Pâques

Actes 20, 17-27 ; Jn 17, 1-11a

Homélie

 

À partir d’aujourd’hui et durant les deux jours suivants, nous lirons, comme lecture d’Évangile, la longue prière de Jésus à son Père, à la fin du dernier repas pascal qu’Il prit avec ses disciples. Cette prière, souvent appelée la « prière sacerdotale » de Jésus, forme tout le chapitre 17 de l’Évangile de Jean. Elle sera suivie, dans le chapitre 18 par l’arrestation de Jésus, qui introduit le récit de sa Passion.

De même, dans la première lecture, aujourd’hui et demain, nous lisons le récit de la rencontre de Paul à Milet avec les anciens de l’Église d’Éphèse, à qui il annonce qu’il part pour Jérusalem où il aura à souffrir. Et la lecture de jeudi nous décrira son arrestation à Jérusalem.

Dans sa Lettre, que nous avons lu dimanche dernier, saint Pierre rappelle aux premiers chrétiens que si c’est parce qu’ils sont chrétiens qu’ils souffrent, ils doivent s’en réjouir, et cela pour deux raisons.  Tout d’abord parce qu’ainsi ils communient aux souffrances du Christ et que, d’autre part, cela leur vaudra d’être dans la joie et l’allégresse le jour où la gloire du Christ se manifestera.  Les Actes des Martyrs de l’Église primitive nous donnent de nombreux exemples d’hommes et de femmes allant joyeusement à la mort par fidélité au Christ.  Où pouvaient-ils bien puiser leur force et leur courage ?    

Ils puisaient ce courage et cette force dans leur foi au Christ, bien entendu, mais dans une foi partagée en Église.  C’est leur appartenance à une communauté de croyants qui donnait cette force à leur foi.  Et cette communauté de croyants trouvait son unité et sa cohésion dans la prière.  Le texte des Actes des Apôtres nous montre la Communauté primitive en prière avec les Apôtres et autour de Marie.  N’est-ce pas là la dimension la plus essentielle de l’Église ?

Le message évangélique de Jésus s’adresse à tous les hommes et toutes les femmes de tous les temps.  C’est à chacun en particulier que Jésus dira, au jugement dernier : « J’ai eu faim et tu m’as donné à manger... ou tu ne m’as pas donné à manger. J’étais en prison et tu m’as visité... ou tu ne m’as pas visité ».  C’est là une obligation personnelle de chacun.  L’Église, en tant que telle – l’Église en tant que sacrement visible du salut -- a aussi une autre mission : c’est d’être la manifestation visible (sacramentelle) du salut sous le signe d’une communion visible, dans la foi, la charité et l’espérance.  Et cette communion visible est en tout premier lieu une communion dans la prière.  Ce n’est pas par hasard que la première communauté chrétienne de Jérusalem nous est montrée dans les Actes des Apôtres comme une communauté en prière, autour de Marie, Mère de Jésus, avant même d’être une communauté de partage et une communauté missionnaire annonçant la Bonne Nouvelle.

Où les premiers Chrétiens avaient-ils appris à prier ? -- Dans l’exemple même de Jésus.  Celui-ci avait été très discret, tout au long de son ministère, sur sa relation personnelle avec son Père.  Cependant, à l’approche de sa mort, il avait voulu faire entrer ses disciples les plus proches dans le mystère de cette prière.  Il avait amené Pierre, Jacques et Jean sur le mont de la Transfiguration et dans le Jardin de l’Agonie.  Il avait surtout ouvert tout grand son cœur et sa prière à ses disciples, au cours de la dernière Cène, priant son Père à voix haute devant eux. 

C’est que son heure était venue.  Cette heure qui n’était pas encore venue au moment où Marie déposait son Fils dans une mangeoire, nous le donnant symboliquement en nourriture, parce qu’il n’y avait pas encore de place dans la « chambre haute » (et non pas dans l’ « auberge » comme on traduit la plupart du temps, de façon erronée). Cette heure n’était pas encore venue au moment des Noces de Cana, et chaque fois que les chefs du peuple voulaient se saisir de lui.  Maintenant elle est venue cette heure.  C’est l’heure de sa glorification, l’heure de son triomphe sur la mort en passant par la mort.  C’est aussi l’heure de l’Esprit qu’il fera descendre sur son Église le Jour de la Pentecôte. 

Préparons-nous au cours de la semaine qui vient, à recevoir en plénitude cet Esprit.  Demandons-lui de nous transformer en communauté de prière vraiment fervente, où nous puiserons tous la force d’être les témoins authentiques du Christ, chacun dans notre milieu, et, s’il le faut, non seulement de souffrir en son nom, mais de trouver notre joie dans cette souffrance, qui n’est qu’un gage de l’allégresse éternelle qui nous est promise et réservée.

Armand VEILLEUX