Homélies de Dom Armand Veilleux

11 novembre 2020 – Fête de saint Martin

Ez 34, 11-12 ; 15-17 ; 2 Thess 2, 4-8 ; Mt 25, 31-40

En l’abbaye de Ligugé, France

Homélie

L’Évangile de Matthieu nous présente deux formes complémentaires de rencontre de Dieu.  Dans le Sermon sur la Montagne, où Matthieu a rassemblé plusieurs enseignements de Jésus, donnés dès le début de sa vie publique, il y rapporte son enseignement sur la prière.  « Quand tu veux prier, dit Jésus, entre dans ta chambre, c’est-à-dire dans le secret de ton cœur, pour prier ton Père, qui voit dans le secret. » Il s’agit de la rencontre de Dieu dans la solitude et le secret de la prière contemplative. Et puis, vers la fin de l’Évangile de Matthieu, dans le beau chapitre 25, il y a l’enseignement sur la rencontre du Christ dans le frère qui a faim, qui a soif, qui est nu ou qui est prisonnier, qui a besoin d’amour. Ces deux rencontres de Dieu sont complémentaires, et aucune des deux n’est vraie sans l’autre.

9 novembre 2019 – Dédicace de la basilique du Lateran

Ez 47, 1-2.8-9.12 ;  1 Co 3, 9-11.16-17 ; Jn 2, 13-22

Abbaye de Ligugé, France

 

 

Fête de la Dédicace de la Basilique du Latran

Homélie

           En chaque communauté, où il y a une église consacrée, on célèbre chaque année la « dédicace » de cette église, c’est-à-dire l’anniversaire du jour où l’édifice a été consacré au culte de Dieu, et donc le jour où la communauté a commencé de s’y réunir plusieurs fois par jour pour y célébrer les Offices divins, et où les moines ont commencé d’y venir privément, à toute heure, pour y rencontrer Dieu dans une prière intime.  Nous célébrons également chaque année la dédicace de l’Église du diocèse où se trouve notre monastère.  Eh bien, aujourd’hui c’est la dédicace de la cathédrale de l’Église de Rome que nous célébrons.

8 novembre 2020 – 32ème dimanche "A·

Sg 6, 12-16; 1 Th 4, 13-18; Mt 25, 1-13

Abbaye de Ligugé, France

 

HOMÉLIE

           En ces derniers dimanches de l’année liturgique, les lectures de l’Évangile attirent de plus en plus notre attention sur le retour du Christ et donc aussi sur le moment de la rencontre finale avec le Créateur, qui sera pour chacun de nous le moment de notre mort.  Or, la préoccupation principale de tous ces textes n’est pas la « vie après la mort », mais bien comment nous aurons préparé cette rencontre par la qualité de notre vie ici-bas.  C’est bien le sens de la dernière phrase de l’Évangile que nous venons de lire : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ».  « Veiller » ne signifie pas ici attendre passivement, mais bien vivre les yeux ouverts et attentifs.  Même si cette brève phrase semble arriver comme un cheveu sur la soupe, elle est bien la conclusion logique du récit qui précède. 

1er novembre 2020 – Fête de tous les Saints

Apo 7,2-4.9-14 ; 1 Jn 3,1-3 ; Mt 5,1-12a 

Homélie

          Au moment où les Évangiles ont été rédigés, c’est-à-dire lorsque les souvenirs de ceux qui avaient connu Jésus et avaient été ses disciples, furent recueillis par les quatre Évangélistes que nous connaissons – Matthieu, Marc, Luc et Jean – après que ces écrits eurent circulé d’abord oralement puis en petits récits écrits détachés, les premiers chrétiens étaient déjà en proie aux persécutions.  On comprend donc l’importance qu’est donnée dans ces Évangiles à la dernière béatitude : « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice... », ainsi que l’élaboration qui en est faite : « Heureux serez-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute... réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse... ». Il s’agissait alors des tensions vécues entre les autorités de la religion juive traditionnelle et le christianisme naissant qui était perçu comme une nouvelle secte et une menace.

25 octobre 2020 – 30ème dimanche "A"

Ex 22,20-26 ; 1 Th 1,5c-10; Mt 22,34-40

H O M É L I E

           Dans la plupart des sociétés qui n’ont pas encore été trop influencées par la culture moderne occidentale, la solidarité du clan ou de la famille élargie est une dimension extrêmement importante de la structure sociale.  En réalité cette solidarité est essentielle à leur survie.  Les conditions de vie peuvent être très simples et frugales ; les gens peuvent ne pas avoir tout notre luxe et nos gadgets, mais personne ne manque de l’essentiel.  Lorsqu’une femme devient veuve et que des enfants deviennent orphelins, ils sont pris en charge par la famille élargie, à travers tout un réseau de relations.  De même, l’étranger a un droit divin à l’hospitalité.

18 octobre 2020 -- 29ème dimanche ordinaire « A »

Is 45,1.4-6a ; 1 Th 1,1-5b ; Mt 22,15-21 

H O M É L I E

           Le fait le mieux attesté historiquement – même en dehors des Livres Sacrés -- concernant Jésus de Nazareth c’est qu’il a été jugé et exécuté par les autorités romaines sous une accusation de haute trahison.  Lorsque les Pharisiens, les Scribes et les Prêtres amenèrent Jésus à Ponce Pilate pour le faire condamner à mort et le faire exécuter par les autorités romaines, ils utilisèrent contre lui l’accusation suivante : « Nous avons trouvé cet homme mettant le trouble dans notre nation :  il empêche de payer le tribut à César... » (Luc 23,2). Il est donc important d’analyser attentivement l’événement rapporté dans le récit évangélique que nous venons de lire, puisque c’est l’événement qui fut utilisé par les autorités juives pour le faire exécuter comme un agitateur politique.

4 octobre 2020 -- 27ème dimanche ordinaire « A »

Is 5,1-7 ; Ph 4,6-9 ; Mt 21,33-43

H O M É L I E

          Parmi les Livres de l’Ancien Testament il y en a un, le Cantique des Cantiques, qui est tout entier un chant d’amour ou une série de chants d’amour.  Même si les esprits cartésiens ont souvent exprimé de la surprise à voir ce genre de poésie dans la Bible, les grands mystiques juifs et chrétiens de tous les temps y ont vu une image de la relation d’amour entre Dieu et son peuple.  Et plus d’un de ces mystiques – saint Bernard par exemple – l’ont largement commenté.  Or, l’on trouve d’autres exemples semblables un peu partout dans la Bible ; et le chant du bien-aimé à sa vigne, que nous avons entendu dans la première lecture, tirée du prophète Isaïe en est un bel exemple.