Homélies de Dom Armand Veilleux

23 août 2024– vendredi de la 20ème semaine du T.O.

Ez 37, 1-14; Mt 22, 34-40

H O M É L I E

          Dans la plupart des sociétés qui n’ont pas encore été trop influencées par la culture moderne occidentale, la solidarité du clan ou de la famille élargie est une dimension extrêmement importante de la structure sociale. En réalité cette solidarité est essentielle à leur survie. Les conditions de vie peuvent être très simples et frugales ; les gens peuvent ne pas avoir tout notre luxe et nos gadgets, mais personne ne manque de l’essentiel. Lorsqu’une femme devient veuve et que des enfants deviennent orphelins, ils sont pris en charge par la famille élargie, à travers tout un réseau de relations. De même, l’étranger a un droit divin à l’hospitalité.

20 août 2024, Fête de saint Bernard

Sap 7,7-10.15-16 ; Phil 3,17 - 4,1 ; Io 17,20-26

H O M É L I E

            Depuis déjà plus d’un siècle, nous célébrons saint Bernard comme Docteur de l’Église. Cependant, si Bernard est important pour nous, moines, c’est avant tout en tant que moine et abbé. Ce que nous attendons de lui n’est pas la réponse d’un grand maître à nos problèmes, mais plutôt les questions et les défis posés par un grand maître spirituel, qui était avant tout moine, et qui l’est demeuré à travers toutes les vicissitudes de sa vie.

August 20. 2024, Feast of Saint Bernard

Sap 7,7-10.15-16 ; Phil 3,17 - 4,1 ; Io 17,20-26

Homily

For over a century now, we have been celebrating saint Bernard as a Doctor of the Church. However, if Bernard is important to us monks, it is first and foremost as a monk and abbot. What we expect from him is not the answer of a great master to our problems, but rather the questions and challenges posed by a great spiritual master, who was first and foremost a monk, and who remained so through all the vicissitudes of his life.

18 août 2024 – 20ème dimanche ordinaire "B"

Prov. 9, 1-6; Eph. 5, 15-20; Jean 6, 51-58

 

Homélie

            L'une des différences entre un banquet et un repas ordinaire est qu'on est normalement invité à un banquet. D'ordinaire, une personne ne se présente pas à un banquet sans avoir reçu une invitation et elle répond à l'invitation même si elle ne peut pas y aller. Dans les Évangiles des trois derniers dimanches, nous avons entendu Jésus qui nous invitait à un banquet qu'il a préparé pour nous. Aujourd'hui, dans la première lecture, nous entendons l'invitation de la Sagesse à venir à un banquet qu'elle a de même préparé pour nous.

           Tout cela nous rappelle une vérité fondamentale, dont tous les grands prophètes et les grands mystiques étaient bien conscients : à savoir, que dans la vie spirituelle, dans notre vie chrétienne, tout commence par une invitation, un appel, une vocation.

           La vie de prière et l'expérience mystique ne sont pas quelque chose à laquelle nous puissions arriver de par nos efforts personnels. C'est un appel qui vient d'au-delà de nous. Cet appel peut avoir pris une forme dramatique, comme dans le cas de certains des grands prophètes, par exemple Isaïe et Jérémie, ou dans le cas de Paul, aveuglé par un rayon de lumière sur le chemin de Damas. Dans d'autres cas ce n'est que la voix d'une brise légère, comme celle dans laquelle Dieu se manifesta à Élie.

           L'expérience spirituelle chrétienne commence et finit avec l'expérience d'être aimé et l'invitation à aimer en retour. "Aimons – dit saint Jean – puisqu'Il (Dieu) nous a aimés le premier." Le secret de l'énergie phénoménale d'un saint Paul, d'un saint Bernard ou d'une sainte Thérèse d'Avila résidait dans leur conviction d'être aimés. La première chose dans la vie d'un chrétien n'est pas d'aimer, mais plutôt de recevoir l'amour. Notre amour – que ce soit l'amour pour Dieu ou pour les autres – ne peut être qu'une réponse à l'amour que Dieu a pour nous. La condition est d'avoir confiance, d'avoir foi en la personne qui nous aime.

           Il est aussi important de considérer le contexte dans lequel sont situés ces discours de Jésus dans l'Évangile de Jean. Nous savons comment est construit cet Évangile : une série de signes, chacun suivi d'un discours. Dans le chapitre 6, nous avons le signe de la multiplication des pains, après laquelle la foule veut couronner Jésus comme roi; puis Jésus marche sur le lac. Viennent alors les deux discours sur le pain de vie dont nous en avons entendu un la semaine dernière et l'autre aujourd'hui.

           À la foule, qui ne comprend pas ce qu'il lui dit, Jésus déclare finalement de façon très claire: "Je suis le pain de la vie... La volonté de mon Père est que quiconque voit le Fils et croit en lui aie la vie éternelle..." Les gens murmurent... Jésus dit de nouveau: "Je suis le pain descendu du ciel. Celui qui mange de ce pain vivra éternellement et le pain que je donnerai c'est ma chair, pour la vie du monde"... Le mot "chair", plus fort que "corps", met tout cet enseignement dans le contexte de l'Incarnation. Le Fils de Dieu est devenu le Fils de l'Homme.

           En réalité, tout le contexte de cet enseignement est celui de la foi. La signification originelle de ce récit concernait la nécessité de recevoir avec foi le message de Jésus. Puis dans la première transmission de l'Évangile, le récit fut lié à la réception de la nourriture eucharistique. Ce lien entre les deux éléments nous invite à réexaminer notre façon de concevoir la célébration eucharistique.

           Si nous venons à l'Eucharistie quotidienne un peu comme on va à la pompe à essence pour faire le plein de sa voiture, l'Eucharistie devient un simple rite dans lequel nous pensons refaire le plein de nos forces et de nos énergies spirituelles. Si c'est là notre attitude, nous ne devons pas nous surprendre si, après de nombreuses années de cette pratique, nous nous retrouvons au même point dans notre cheminement spirituel.

           Si, au contraire, nous rencontrons le Christ chaque jour dans une relation de foi, de prière contemplative et de charité active à l'égard de nos frères et de nos sœurs, alors, oui, l'Eucharistie sera une expression sacramentelle de cette foi et de cet amour, et les nourrira.

17 August 2024 - Saturday of the 19th week ‘B

Ezekiel 18:1...32; Matt 19:13-15

Homily

Throughout the Gospel, Jesus shows particular concern for those who are most in need, those who are most destitute, those who are least. Usually, the sick and the possessed are brought to him so that he can heal them and deliver them from their demons. In today's Gospel, we simply bring him little children who don't seem to need anything in particular. They simply ask him to lay his hands on them and pray. The disciples, who seem to want to be Jesus' protectors against intruders, want to keep them away. Instead, Jesus tells them to let them come to him, because the kingdom of heaven belongs to those who are like them. You will remember that in last Tuesday's Gospel Jesus said that unless we become like little children we will not enter the kingdom of heaven. So he laid his hands on them before leaving.

17 août 2024 - Samedi de la 19ème semaine "B"

Ézéchiel 18, 1...32; Matt 19, 13-15

H O M É L I E

           Tout au long de l'Évangile Jésus manifeste une attention particulière pour les plus nécessiteux, les plus démunis, les plus petits. D'habitude, on lui amène des malades et des possédés pour qu'il les guérisse et les délivre de leurs démons. Dans l'Évangile d'aujourd'hui on lui amène simplement de petits enfants qui ne semblent avoir besoin de rien en particulier. On lui demande simplement de leur imposer les mains et de prier. Les disciples qui semblent vouloir se constituer les protecteurs de Jésus contre les importuns veulent les écarter. Jésus dit au contraire de les laisser venir à lui car c'est à ceux qui leur ressemblent qu'appartient le royaume des cieux. Vous vous souviendrez que déjà dans l'Évangile de mardi dernier Jésus avait dit que si nous ne devenons pas comme de petits enfants nous n'entrerons pas dans le royaume des cieux. Il leur impose donc les mains avant de partir.

16 août 2024 - Vendredi de la 19ème semaine "B"

Ézéchiel 16,1…63;   Matt 19, 3,12

H O M É L I E

          L'enseignement de Jésus dans cet Évangile, porte sur la fidélité, aussi bien la fidélité dans le mariage que celle dans le célibat. Je dis bien "dans" le mariage et "dans" le célibat; car on n'est pas fidèle ni au mariage ni au célibat, mais à une personne. Dans le célibat on est fidèle à la personne de Jésus-Christ, puisque c'est en vue de son royaume qu'on s'est fait célibataire; et dans le mariage on est aussi fidèle à Jésus-Christ, mais cette fidélité est alors incarnée dans la fidélité à une épouse ou un époux.