Homélies de Dom Armand Veilleux

14 août 2021 - Samedi  de la 19ème semaine, année impaire

Josué 24, 14-29; Matt 19, 13-15

 

H O M É L I E

           Tout au long de l'Évangile Jésus manifeste une attention particulière pour les plus nécessiteux, les plus démunis, les plus petits.  D'habitude, on lui amène des malades et des possédés pour qu'il les guérisse et les délivre de leurs démons.  Dans l'Évangile d'aujourd'hui on lui amène simplement de petits enfants qui ne semblent avoir besoin de rien en particulier.  On lui demande simplement de leur imposer les mains et de prier.  Les disciples qui semblent vouloir se constituer les protecteurs de Jésus contre les importuns veulent les écarter.  Jésus dit au contraire de les laisser venir à lui car c'est à ceux qui leur ressemblent qu'appartient le royaume des cieux.  Vous vous souviendrez que déjà dans l'Évangile de mardi dernier Jésus avait dit que si nous ne devenons pas comme de petits enfants nous n'entrerons pas dans le royaume des cieux. 

13 août 2021, vendredi de la 19ème semaine, année impaire

Jos. 24, 1-13 ; Matt 19, 3,12

H O M É L I E

           L'enseignement de Jésus dans cet Évangile porte sur la fidélité, aussi bien la fidélité dans le mariage que celle dans le célibat.  Je dis bien "dans" le mariage et "dans" le célibat ; car on n'est pas fidèle ni au mariage ni au célibat, mais à une personne.  Dans le célibat on est fidèle à la personne de Jésus-Christ, puisque c'est en vue de son royaume qu'on s'est fait célibataire ; et dans le mariage on est aussi fidèle à Jésus-Christ, mais cette fidélité est alors incarnée dans la fidélité à une épouse ou un époux.

12 août 2021 – jeudi de la 19ème semaine, année impaire
Josué 3, 7...17; Matt 18, 21-19, 1

Homélie

Les écoles rabbiniques demandaient à leurs disciples de pardonner à leur femme, à leurs enfants, à leurs frères, un certain nombre de fois, ce nombre variant d’une école à l’autre.  Pierre veut savoir quel est le « tarif » appliqué par Jésus.  Est-il plus sévère que celui de l’école qui demandait de pardonner jusqu’à sept fois à un frère qui nous avait offensé ?

11 août 2021 - Mercredi de la 19ème semaine impaire

Dt 34, 1-12; Matt 18, 15-20

H O M É L I E

           Lorsque nous voyons quelqu'un agir d'une façon qui ne nous semble pas correcte, et surtout lorsque nous pensons que quelqu'un nous a personnellement offensés ou a été injuste à notre égard, nous sommes facilement portés à nous constituer les justiciers de Dieu. Nous vivons alors encore dans l'Ancien Testament, tout comme le prophète Élie qui égorgea les 450 prophètes de Baal, avant sa rencontre avec Dieu sur le Mont Horeb, ou encore comme Paul menant les Chrétiens à la mort, avant son chemin de Damas.  Le message de Jésus est tout différent.

10 août 2021

Fête de saint Laurent, diacre

2 Co 9, 6-10; Jean 12, 24-26

Homélie

           Saint Benoît, dans sa Règle, dit qu'il veut établir une "École où l'on apprenne à servir le Seigneur " (Schola dominici servitii).  Quiconque vient au monastère vient pour y servir le Seigneur -- un service qui s'incarnera jour après jour dans le service des frères ou des sœurs.  Or Jésus, dans le bref Évangile que nous venons de lire dit : "Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive".  C'est pourquoi la vie monastique est aussi appelée une sequela Christi, une vie à la suite du Christ.  Or, Jésus prononce ces paroles (Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive) dans un contexte où il annonce sa propre passion.  On comprend donc qu'il décrive en quoi consiste cette marche à sa suite en utilisant l'image du grain de blé tombé en terre.  Un grain de blé sec peut certes être croqué et mangé.  Mais ce n'est qu'un petit grain, tout seul.  Par ailleurs le grain mis en terre, s'il est sain, commence à germer dès qu'il est en contact avec l'humidité du sol.  Il meurt en tant que grain de blé, mais il naît à une vie nouvelle en tant que tige, puis épi, et il produit de nombreux autres grains.  Et Jésus de conclure cette comparaison par cette phrase mystérieuse : "Qui aime sa vie la perd;  et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle."

9 aôut 2021 – Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein)

Dt 10, 12-22 ; Mt 17, 22-27.

Homélie

          Pour cette fête, le lectionnaire liturgique nous offre d’abord un beau texte d’Osée, où Dieu appelle son épouse pour l’entraîner au désert et lui parler au cœur, dans la fidélité et la tendresse.  Et nous avons comme lecture de l’Évangile la parabole dans dix vierges invitées au noces.

         Si vous le voulez bien, nous allons réfléchir un peu sur cette parabole, en nous arrêtant d’abord à la dernière phrase : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». Même si cette brève phrase semble arriver comme un cheveu sur la soupe, elle est bien la conclusion logique du récit qui précède.   « Veiller » ne signifie pas ici attendre passivement, mais bien vivre les yeux ouverts et attentifs.  

           Le récit de cette parabole se situe dans le contexte -- bien connu par les auditeurs de Jésus -- d’une noce, selon les coutumes d’Israël, où l’épouse, accompagnée de plusieurs jeunes filles, attendait l’arrivée de l’époux, accompagné lui-même de ses compagnons, pour commencer la fête, avant d’être introduits tous les deux dans la chambre nuptiale. Des dix jeunes filles en question, cinq étaient prévoyantes (ou sages) et avaient emporté de l’huile pour leurs lampes ; et cinq étaient insensées et avaient oublié de le faire. 

          Pour bien comprendre cette parabole, telle qu’elle nous est rapportée par Matthieu, il faut la mettre en relation avec un autre enseignement de Jésus qu’on retrouve avec la même terminologie en Matthieu.  Il s’agit de l’enseignement concernant la maison bâtie sur le roc ou bâtie sur le sable. « Tout homme qui entend les paroles que je viens de dire – dit Jésus – peut être comparé à un homme sage (ou prévoyant) qui a bâti sa maison sur le roc... Et tout homme qui entend les paroles que je viens de dire et ne les met pas en pratique, peut être comparé à un homme insensé (ou insouciant) qui a bâti sa maison sur le sable... » (Matt. 7, 24-27). Et ce texte était précédé de l’autre texte où Jésus avertit qu’au jour du jugement il dira à ceux qui ont prophétisé en son nom et même chassé les démons en son nom, mais n’ont pas fait la volonté de son Père : « Je ne vous ai jamais connu » (Matt. 7, 21-23) – la même parole qu’il adresse dans notre texte d’aujourd’hui aux jeunes filles insensées.

           L’huile d’olive tenait une très grande place dans l’antiquité biblique, à côté du pain et du vin.  On s’en servait pour préparer la nourriture, ou comme médicament, de même que comme tonifiant esthétique pour améliorer la beauté du corps.  On s’en servait aussi pour faire divers parfums et, bien sûr, comme combustible pour les lampes.  Ici, dans notre parabole, l’huile est le symbole de la fidélité à la parole de Jésus, à son premier commandement, celui de l’amour.  C’est quelque chose que chacun doit vivre.  Ce n’est pas par égoïsme que les vierges sages ne peuvent le partager avec les sottes ; c’est que personne ne peut le vivre pour les autres.  Chacun doit le faire pour son propre compte.          

           En définitive, l’enseignement de cette parabole est simple.  Il se résume dans cette simple phrase : « au soir de la vie nous serons jugés sur l’amour ».  Nous serons admis au banquet des noces entre Dieu et l’humanité dans la mesure où nous aurons notre bagage d’amour, dans la mesure où nous aurons mis en pratique durant notre vie ce premier commandement qui comprend tous les autres.  Si nous ne l’avons pas fait, quelles que puissent être les grandes choses que nous aurons faites dans notre vie, y compris nos prières et nos actes de vertu, nous risquons de nous entendre dire : « Dommage, je ne vous connais pas ! ».

           Mais pour ne pas terminer sur ce ton, ne manquons pas de relire le beau texte du prophète Osée qui nous renseigne sur le type de relation que Dieu veut avoir avec son Peuple, mais aussi avec chaque personne de ce peuple : « Je ferai de toi mon épouse (et non seulement l’amie de l’épouse). Je ferai de toi mon épouse dans la justice et le droit, dans la fidélité et la tendresse… et tu connaîtras le Seigneur.

           Connaître le Seigneur… C’est tout ce qui compte !

8 août 2021, 19ème dimanche "B"

1Roi 19,4-8; Eph 4,30-5,2; Jean 6, 41-51 

H O M É L I E 

          Élie est une figure fascinante de la Bible. Un des grands prophètes, il était un homme d'action encore plus que de paroles. Je ne crois pas que l'Écriture nous rapporte un seul de ses discours. C'était un mystique, un solitaire venu du grand désert oriental. L'Esprit de Dieu le déplaçait constamment d'un endroit à l'autre : la Phénicie, le Mont Horeb, le torrent de Kerit, le palais du roi Achab, le Jourdain... Sa mission était liée à tous les mouvements de l'histoire de son peuple. Et partout c`était par ses actions qu'il parlait.