Lundi, 22 novembre 2021 – 34ème semaine, année impaire

Daniel 1, 1…20 ; Luc 21, 1-4 

Homélie 

          Tout au long de cette semaine, la dernière du cycle liturgique, c’est le Livre de Daniel qui nous accompagnera comme première lecture à la Messe.  C’est un écrit qui, tout en ayant des éléments historiques, appartient au genre apocalyptique.  Il fut écrit dans un temps de persécution, au moment de la résistance des Maccabées. S’y révèle un messianisme qui nourrit l’attente d’un sauveur désigné comme le « Fils de l’Homme ».  Ce qui nous prépare déjà à l’Avent.

 

          De même, tout au long de la semaine, les Évangiles, tirés des derniers chapitres de l’Évangile de Luc, nous parleront de la fin des temps. Et l'une des caractéristiques de cette fin des temps, selon l'Évangile, sera le renversement des situations:  Ceux qui auront été sous-privilégiés et opprimés en cette vie seront dans la joie, et les privilégiés de ce monde qui auront vécu sans compassion pour les moins fortunés seront dans les douleurs.  C'est le contexte dans lequel il faut entendre l'Évangile de ce matin.

          On y trouve un contraste entre les riches qui déposent des sommes importantes dans le trésor du Temple.et la pauvre veuve qui y dépose sa toute petite pièce d'argent.

          Les touristes bien fortunés qui voyagent dans les pays en voie de développement ont souvent l'occasion de donner de la monnaie aux pauvres, surtout aux enfants pauvres qui courent après eux. C'est un geste certainement recommandable.  En même temps, j'ai toujours trouvé qu'il y avait quelque chose de choquant à cette situation.  La veuve de l'Évangile, au contraire est une pauvre qui donne aux pauvres.  Elle donne de son essentiel et non de son superflu.

          Et cela nous enseigne quelque chose de très beau sur Dieu. Si Dieu était un riche, donnant de son abondance, il serait mieux représenté par les riches de notre Évangile que par la veuve déposant son obole.  Mais ne peut‑on pas dire que Dieu nous donne non de sa richesse, mais de sa pauvreté?  Oui, parce que Dieu s'est révélé en Jésus‑Christ, qui s'est fait pauvre avec nous et pour nous.  En Jésus de Nazareth Dieu ne nous est pas apparu comme un riche touriste lançant de la monnaie à des enfants pauvres, mais comme un pauvre partageant avec nous sa vie.

          Si l'Évangile n'était qu'une condamnation des riches, nous pourrions nous sentir bien, puisque la plupart d'entre nous pouvons nous considérer sinon comme des pauvres, du moins pas précisément comme des riches.  Et donc, les paroles dures (ou au moins exigeantes) de l'Évangile à l'égard des riches ne sont pas pour nous.  Mais là n'est pas le vrai message:  Le message de Jésus est qu'il attend que nous donnions non pas tellement de ce que nous avons (peu ou beaucoup) mais de ce que nous sommes, de notre propre vie; il attend que nous vivions au service de ceux qui nous entourent ou qui se trouvent sur notre chemin.

          Et c’est là l’âme de toute vie communautaire.