Trinity

C SAINTE TRINITÉ JEAN 16, 12-15 (18) Chimay : 15.06.2025 

Frères et sœurs, en ce dimanche de la Sainte Trinité, nous sommes tous invités à la joie spirituelle. Notre Dieu trois fois saint veut nous faire partager sa sainteté. Elle est offerte à tous, même aux pauvres pécheurs que nous sommes. Notre Dieu nous aime tous au point de nous faire partager sa vie. La célébration de la Sainte Trinité, que nous fêtons aujourd’hui, nous confronte à des réalités qui nous dépassent. Ne nous étonnons pas de nos difficultés de compréhension et de transmission de notre foi en la Trinité. Même saint Augustin a souligné son impuissance à rendre compte de ce mystère.

L’évangile nomme le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il mentionne leur bien commun et leur unité d’intention à l’égard de l’humanité. Chaque personne divine a sa place, son rôle. Si Jésus manifeste le Père – « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,9), – l’Esprit Saint joue également un rôle décisif dans la révélation. Saint Paul nous dit que « personne n’est capable de dire : “Jésus Christ est Seigneur” sinon dans l’Esprit Saint » (1 Co 12,3), autrement dit de reconnaître en lui le Fils éternel, « vrai Dieu né du vrai Dieu » (Credo). Quant à Jésus, il s’efface devant l’Esprit qui poursuivra sa mission d’enseignement auprès des disciples pour les conduire à « la vérité tout entière » (Jn 16,13). Sans le savoir vraiment, nous sommes riches de partenaires hors pair !

Dans le livre des proverbes (Pr 8.22-31), lorsqu’il contemplait l’univers, l’homme de l’Antiquité était en admiration de sa beauté grandiose et de son harmonie. Il y voyait la marque de la sagesse de Dieu et de son habileté, qui a présidé à la création du monde. Mais ce qui est encore plus extraordinaire, c’est qu’elle est toujours à l’œuvre, la sagesse de Dieu. La Bible nous révèle Dieu qui s’est lié d’amitié avec le peuple qu’il s’est choisi. En lisant ce texte d’aujourd’hui, nous découvrons le lien d’amour qui unit le Créateur à ses créatures. Cet engagement de Dieu pour les hommes s’est réalisé totalement en Jésus. C’est en lui que s’accomplit le salut de l’humanité.

En lisant ce récit, nous comprenons que le vrai Dieu n’est pas celui qui nous surveille pour nous prendre en défaut et nous jeter en enfer. Il est au contraire un Dieu passionné par le bonheur des hommes, qui veut notre réussite. Dieu nous aime et veille sur nous. Tout au long de notre vie, nous sommes invités à nous mettre à l’écoute de ce Dieu d’amour. C’est une école où nous n’avons jamais fini d’apprendre.

Dans l’épître aux Romains (Rm 5,1-5), saint Paul déploie sereinement sa foi qui s’enracine dans sa rencontre avec le Christ ressuscité. Il ne s’agit pas seulement d’une sérénité humaine ni d’une absence de conflit. C’est plutôt la certitude d’être aimé de Dieu. Même dans les plus grandes détresses, rien ne saurait nous ébranler. Cette assurance ne s’appuie pas sur des mots, mais sur les gestes d’amour de Dieu à notre égard : le Christ s’est livré, il a versé son sang « pour nous et pour la multitude », comme le disent les paroles de la consécration. Par sa mort et sa résurrection, le Christ nous ouvre l’accès au cœur du Père. Il nous donne son Esprit comme langage de l’amour du Père. Même en période de détresse, « l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 8,5).

L’Évangile de saint Jean nous révèle un Dieu qui s’est fait proche de nous. Il ne se contente pas de nous donner des renseignements sur ce qu’il est. Il est venu à notre rencontre par son Fils Jésus. Il a pris notre condition humaine en toutes choses à l’exception du péché. Quand nous lisons les Évangiles, nous découvrons que Jésus est attiré par celui qu’il appelle son Père. Il se retire souvent dans la montagne pour le prier longuement. Au jardin de Gethsémani, sa prière sera : « Père, non pas ma volonté mais la tienne ! » (Lc 22,42). Un autre jour, il avait dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de mon Père » (Jn 4,34). C’est ainsi que toute la vie de Jésus est remplie de son amour pour le Père. Il y a, en effet, une mystérieuse communion d’Amour entre le Père et le Fils. C’est pour cela que le Christ a pu dire sur la croix, sans hésitation : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 22,34). Grâce à cette communion, Jésus a pu dire en mourant avec une confiance filiale : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » (Lc 23,46). A ce moment, peu de personnes le reçurent parce que seulement quelques-uns étaient restés au pied de la croix dont la Vierge Marie, Saint Jean et Sainte Marie Madeleine. Ce n’est que progressivement que les apôtres sont entrés dans cette révélation.

Mais Jésus sait que, pour eux, c’est difficile à porter. C’est pourquoi Il promet l’Esprit de vérité qui les conduira « vers la vérité tout entière » (Jn 16,13). Une grande mission les attend. Mais ils n’ont pas à être angoissés de ne pas avoir tout compris ce que Jésus leur a enseigné. L’Esprit de Dieu les accompagnera. Il leur fera se rappeler les paroles de Jésus. Ils vivront des situations nouvelles. L’Esprit Saint les ancrera dans le Christ. Rien ne pourra les séparer de son amour (Rm 8,38).

C’est ainsi que l’Évangile nous révèle un Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, un Dieu qui est amour, un Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Un jour, Bernadette de Lourdes avait du mal à réciter une définition de Dieu apprise par cœur. Comme elle n’y arrivait pas, elle a dit spontanément : « Dieu, c’est quelqu’un qui nous aime ». Cette réponse n’était pas celle qu’attendait la catéchiste, et pourtant c’était la meilleure. Notre Dieu, c’est vraiment quelqu’un qui nous aime. Il s’est révélé comme un Dieu aimant et Sauveur. De quoi aurais-je peur puisque je suis l’ami de Dieu ?

Comprendre qui je suis comme ami de Dieu, il y a de quoi implorer le secours de l’Esprit qui « scrute le fond de toutes choses, même les profondeurs de Dieu » (1 Co 2,10) : « Un seul Dieu, un seul Seigneur dans la Trinité des Personnes » (CEC). Le plus important n’est pas de donner de savantes explications sur la Trinité mais d’accueillir l’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Cet amour que nous recevons de lui nous avons à le rayonner autour de nous. Depuis que nous avons reçu le sacrement de confirmation, nous sommes envoyés pour en être les messagers dans ce monde. C’est en vue de cette mission que Jésus nous envoie son Esprit Saint. Tout commence par un temps où nous venons puiser à la Source dans la prière, l’écoute de la Parole de Dieu et surtout l’Eucharistie. C’est à cette condition que nous pourrons être l’Église de la Pentecôte.

Quand Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, après une conversation au parloir avec sa sœur Céline, ou avec une novice, se rendait compte qu’elle n’avait pas pu tout lui dire ou qu’elle n’avait pas été comprise, elle le remettait à l’Esprit Saint pour qu’Il lui vienne en aide. Et elle était surprise de voir que la personne avait reçu une grâce encore plus grande que le conseil qu’elle aurait pu lui donner.

Que l’Esprit, Seigneur, soit sur nous pour accueillir cet amour qui vient de toi. Qu’il nous donne force et courage pour en être les messagers tout au long de notre vie. Amen.