Homélies de Dom Armand Veilleux

23 mars 2023 -- Homélie pour jeudi de la quatrième semaine de Carême

Exode 32, 7-14 ; Jean 5, 31-47 

Homélie

Il y a quelques jours, les lectures de la messe nous présentaient l’attitude d’ouverture de Dieu venant vers nous « Voici que je viens… » et de Marie se laissant envahir par Dieu : « Voici la Servante du Seigneur ».

Mars 22, 2023 – mercredi de la 4ème semaine de carême

Is 49:8-15; Jean 5:17-30

Homélie

          « Mon Père est toujours à l’œuvre, et moi aussi, je suis à l’œuvre.» Il n’est pas sans importance de remarquer que cette phrase de Jésus vient au début d’un discours où il parle de son amour du Père et de son union avec lui, et de l’amour et l’union auxquels nous sommes nous aussi conviés, si nous savons sortir de nous-mêmes.

          Hier, dans la vision d’Ezéchiel que nous avions comme première lecture, nous avons vu Ézéchiel de plus en plus englouti par les eaux de la vie (d’abord jusqu’à ses chevilles, puis jusqu’à ses genoux, puis jusqu’à la ceinture...) Allant, toujours plus loin de lui-même, s’oubliant pour se laisser envahir par ces eaux, il revint sur le rivage où il se trouvait au point de départ pour y découvrir les arbres et les fruits qui y avaient toujours été et qu’il n’avait pas vus auparavant.

          Dans la première lecture d’aujourd’hui, qui est d’Isaïe, Dieu est présenté comme la plus tendre des mères qui ouvre ses bras et saute de joie quand ses fils et ses filles retournent de l’exil

          L’Évangile nous fait pénétrer dans un niveau encore plus profond.   Jésus nous invite à être un avec notre Père des cieux, tout comme lui il est un avec son Père.  Il nous invite à être non seulement des objets de sa miséricorde, mais à partager la miséricorde qu’il a pour tous les autres comme pour nous – non seulement à faire sa volonté, mais à n’avoir qu’un vouloir, qu’une volonté, qu’un amour avec lui : ce qui est la forme la plus radicale d’obéissance.

          Cette transformation radicale de nos cœurs, qui demeure le but de notre vie chrétienne et monastique, nous sera offerte comme grâce spéciale de notre célébration du mystère pascal.  C`est aussi une grâce qui nous est offerte dans chaque célébration eucharistique.

          Ouvrons nos cœurs à cette grâce.

19 mars 2023 – 4ème dimanche de Carême « A »

1 Samuel 16, 1…13 ; Eph. 5, 8-14 ; Jean 9, 1-41

 H O M É L I E

 

Lorsqu’un malheur ou quelque chose de pénible nous arrive, comme par exemple un accident ou une maladie, notre première réaction, dans la plupart des cas est de dire : « Pourquoi ? Pourquoi cela m’arrive-t-il à moi ?  Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter cela ? ».  C’est précisément la question que posent à Jésus les disciples en présence de l’aveugle de naissance.  Ou, plus exactement, ils veulent savoir si ce malheur est arrivé à cet homme à cause de ses péchés personnels ou de ceux de ses parents.  Jésus refuse de se laisser enfermer dans un tel raisonnement.  Pour lui le mal – qu’il s’agisse du mal physique ou du mal moral – n’est pas quelque chose qu’il faut expliquer.  C’est quelque chose qu’il faut faire disparaître.  Il est précisément venu pour en libérer l’humanité.

21 mars 2023, mardi de la 4ème semaine de Carême

 

         L’une des expressions qui revient assez souvent dans la bouche du pape François est celle de « périphéries ». Il emploie d’ailleurs le mot au pluriel.  Il nous appelle tous à aller aux périphéries. Et ce mot a évidemment des sens différents selon la vocation propre des personnes à qui il s’adresse ou selon les contextes dans lesquels il l’utilise. Son approche est évangélique avant d’être sociologique.

18 mars 2023 – Samedi de la 3ème semaine du Carême

Osée 6, 1-6 ; Luc 18, 9-14

 

Homélie

 

          Au début de chaque célébration eucharistique, nous confessons nos péchés et demandons le pardon du Seigneur.  Est-ce toujours plus qu’une simple formalité religieuse ? Sommes-nous sincèrement conscients d’être pécheurs ? Bien sûr nous savons que nous avons fait des péchés.  Normalement, nous les avons déjà accusés en confession et ils ont été pardonnés.  Nous savons d’ailleurs qu’ils nous ont été pardonnés par Dieu dès le moment où nous les avons regrettés. Mais être pécheur est autre chose que d’avoir simplement fait tel ou tel péché. Il se peut que nous soyons conscients d’être de bons chrétiens ou de pas si mauvais moines, plutôt que conscients d’être pécheurs…  

20 mars 2023 – Fête de saint Joseph

2Sam 7, 4...16; Rom. 4, 13...22; Mat 1, 16-24

H O M É L I E

          L’une des conséquences du développement de la psychologie à notre époque est que nous sommes devenus très attentifs à tous nos états intérieurs, les scrutant et les analysant parfois à l’extrême.  Plusieurs grands écrivains modernes, en particulier les poètes et les romanciers s’adonnent longuement à décrire leurs propres états intérieurs ou ceux des personnages de leur création.  Or la Bible dans son ensemble, aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament, ne s’attarde guère à décrire les états intérieurs des grands personnages de l’Histoire du Salut.  Au contraire l’Écriture Sainte décrit essentiellement des événements -- des événements salvifiques.

16 mars 2023 – jeudi de la 3e sem. de Carême

Jr 7, 23-28 ; Luc 11, 14-23

Homélie

Le Prologue de la Règle de saint Benoît reprend plusieurs des enseignements et même des expressions que nous trouvons déjà dans le beau texte de Jérémie que nous avons écouté comme première lecture. « Écoutez ma voix (dit le Seigneur, par la bouche de Jérémie), -- Écoutez ma voix : je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple ». Il suffit donc de se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu pour appartenir à son Peuple.  Le dialogue avec Dieu dans la prière n’est jamais une chose purement individuelle.  Ce dialogue nous met en communion avec tous les autres « auditeurs de la parole ». C’est ce dialogue même qui nous constitue « Peuple » ou « Église ». Cette parole de l’Écriture fut l’intuition fondamentale du grand théologien allemand, Karl Rahner, qui, dans l’une de ses premières œuvres, qui était d’ailleurs une œuvre de philosophie, publiée dès 1941, au début de la Guerre, décrivait l’être humain comme étant essentiellement, de par sa nature même, un « auditeur du Verbe » (Hörer des Wortes), puisque c’est par la Parole même de Dieu que nous sommes créés.