B ÉPIPHANIE MATTHIEU 02, 01-12 (14)
Frères et sœurs, les trois lectures de cette fête de l’Épiphanie sont l’annonce d’une même grande espérance. Cette bonne nouvelle n’est pas seulement pour Israël ni pour les chrétiens. Elle est offerte à tous les peuples. Tous sont appelés jusqu’à la crèche du Christ Sauveur. Le Christ n’est pas venu seulement pour le monde juif mais aussi pour tous les peuples du monde entier. Comme c’est dit dans la prière eucharistique, il livre son Corps et son Sang pour nous et pour la multitude. C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons tout au long des textes bibliques de ce dimanche.
Dans la première lecture, le prophète Isaïe (60,1-6) nous montre que les nations païennes marchent vers la Lumière de Jérusalem. Et pourtant, au moment où il fait cette annonce, cette ville est pratiquement rayée de la carte. Mais le prophète la provoque : « Debout, Jérusalem, resplendis ! » Le Seigneur a toujours libéré son peuple. Il est hors de question de sombrer dans le défaitisme. Le prophète Isaïe annonce la joie promise à Jérusalem : toutes les nations, y compris celles qui étouffent Jérusalem, s’inclineront devant le Seigneur et apporteront des cadeaux précieux. Cette lumière promise à Jérusalem, c’est Jésus que les mages viendront adorer en lui offrant l’or, l’encens et la myrrhe. Dans les périodes sombres, ce cri du prophète continue à nous interpeller. Quoi qu’il puisse arriver, les croyants ne doivent pas baisser les bras.
Dans la seconde lecture, saint Paul (Ep 3,2-6) nous annonce que « l’appel au Salut est universel ». C’est la découverte extraordinaire que Paul lui-même a faite sur le chemin de Damas : « Les païens sont associés au même héritage, au même Corps, au partage de la même promesse dans le Christ Jésus » (Ep 3,6). Autrefois, il pensait que les promesses de Dieu ne concernaient que les fils d’Israël. Maintenant qu’il a compris, il se lance de toutes ses forces pour que cette bonne nouvelle soit connue partout dans le monde. À travers ses discours, ses lettres et ses voyages dans le monde païen, il témoignera inlassablement de cet amour du Christ offert à tous. Voilà le cœur de la bonne nouvelle du salut.
L’Évangile nous montre que les premiers adorateurs du Messie Roi ont été des païens. Pour se rendre à Bethléem, ils ont été guidés par une étoile, puis par les Saintes Écritures. Tout comme nous, ils ont évolué dans la foi. Les chefs religieux qui connaissaient bien la Bible les ont orientés vers cette ville toute proche de Jérusalem. Arrivés devant ce nouveau-né, ils lui offrent leurs présents : l’or destiné à un roi, l’encens à un Dieu, la myrrhe à un mortel. Comme ces mages, nous sommes tous appelés à la crèche de Noël pour y rencontrer le Seigneur et l’adorer. Il peut arriver que nous soyons longtemps un païen avant de devenir « un adorateur en esprit et en vérité » (Jn 4,23).
Ces mages dont nous parle l’Évangile représentent toutes les nations païennes qui viennent se prosterner devant leur Sauveur. À travers eux, c’est le monde païen qui a accès au Salut ; on pourrait dire aussi que c’est le monde entier. La bonne nouvelle dépasse les frontières et embrasse le monde entier. L’Évangile nous dit comment les mages se sont mis en route. Mais c’est Dieu lui-même qui a agi dans leur cœur. Jésus dira : « Personne ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi » (Jn 6,44). Cet Évangile de l’Épiphanie doit être lu à la lumière de la Pentecôte. Ce jour-là, les peuples rassemblés à Jérusalem découvrent la foi au Christ annoncée dans leur langue (Ac 1,8).
Dans nos pays, nous avons l’habitude de rencontrer des gens de diverses nationalités. Leur cohabitation n’est pas toujours facile à gérer. Mais il faut le dire et le redire : le racisme, l’intolérance et le fanatisme aveugles n’ont rien à voir avec Dieu. S’il appelle tous les hommes c’est d’abord pour les accueillir et leur montrer son amour universel. Tous, même les plus grands pécheurs ont leur place dans la caravane des mages. C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons tout au long des évangiles.
En ce jour de l’Épiphanie du Seigneur, il n’est plus possible de rester bien entre nous. Le Christ est venu pour tous les hommes du monde entier. Nous les portons tous dans notre prière. Notre priorité doit être comme celle du Christ pour tous ceux et celles qui ne connaissent pas Dieu. En ce dimanche, notre solidarité et notre prière sont tout spécialement pour les communautés chrétiennes persécutées. Et bien sûr, nous n’oublions pas nos pays d’ancienne chrétienté qui ont un besoin urgent d’une nouvelle annonce de l’Évangile. Le Christ doit être présenté à tous avec la même chaleur et la même joie que Marie aux mages.
Au début de cette nouvelle année, nous recevons cet appel à devenir des assoiffés de Dieu. Ainsi, nous serons pour les autres comme une étoile qui leur donnera envie d’en faire autant. C’est cela que nous pouvons nous souhaiter les uns aux autres pour que 2024 soit une bonne année. En ce jour, nous nous tournons vers le Seigneur : « Lumière des hommes, nous marchons vers toi. Fils de Dieu, tu nous sauveras ».