VENDREDI SAINT JEAN 18,01-19,42
Chimay : 29.03.2024
« Tout est accompli » (Jn 19,30). Frères et sœurs, dans le récit de la Passion selon saint Jean que nous venons d’entendre, ce sont les dernières paroles de Jésus avant de mourir sur la croix : « Tout est accompli ». Puis, inclinant la tête, il remit l’Esprit. Jésus est allé jusqu’au bout de sa mission. Pour saint Jean, l’élévation de Jésus sur la croix et sa mort constituent l’heure de sa glorification. C’est ce qu’il essaie de nous faire comprendre à travers tout son récit où il nous présente Jésus au Jardin de Gethsémani, chez Anne et Caïphe, devant Pilate, au Golgotha et enfin au sépulcre, dans une démarche de réalisation de sa vocation, lui qui se présente comme « la Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6).
Au Jardin de Gethsémani
Au jardin de Gethsémani, un combat se prépare entre les forces des ténèbres et celles de la lumière. Mais déjà, Jésus est le maître des événements, car il a répondu oui à l’appel du Père. Il va lui-même à la rencontre de ses adversaires et protège ses disciples. En répondant : « C’est moi » (Jn 18,5), littéralement « Je suis », Jésus reprend la réponse du Seigneur à Moïse (Ex 3,14). Il reconnaît non seulement être le Nazaréen que cherchent les gardes envoyés par les chefs des prêtres, mais il se proclame Dieu lui-même. À Pierre qui veut le défendre avec son épée, Jésus fait comprendre qu’il refuse la violence et accepte la volonté du Père : « Est-ce que je vais refuser la coupe que le Père m’a donnée à boire? » (Jn 18,11).
Ce que le Père veut, ce n’est pas la mort de Jésus, mais qu’il manifeste jusqu’au bout l’amour du Père pour nous et qu’il ne recule pas devant la souffrance et la croix : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le » (Mc 9,7). Il nous faut laisser retentir en nous cette parole de l’évangile de saint Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). D’où cette prière que plusieurs récitent lorsqu’ils entrent dans une église ou encore à l’occasion d’un Chemin de Croix : « Seigneur Jésus, nous te bénissons et nous t’adorons, ici et dans toutes les églises de la terre, car tu as sauvé le monde par ta Passion, ta Croix et ta Résurrection ».
Chez Anne
Interrogé par Anne le grand prêtre, Jésus l’invite à se mettre à l’écoute de ses disciples : « Eux savent ce que j’ai dit » (Jn 18,21). Cela vaut à Jésus une gifle qu’il accepte en silence. Mais Pierre interrogé sur son maître le renie. Jésus a déjà dit qu’il était la voie à suivre. Tout comme Pierre, nous ne parvenons à suivre Jésus qu’au prix de multiples trahisons. Rappelons-nous les paroles du prophète Isaïe : « Il était méprisé, abandonné de tous, homme de douleurs, familier de la souffrance… Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche… Pourtant, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé…Il a été compté avec les pécheurs, alors qu’il portait le péché des multitudes et qu’il intercédait pour les pécheurs » (Is 53).
Chez Pilate
Pilate présente Jésus aux Juifs comme leur roi. C’était pourtant la Vérité. Ceux-ci le refusent et réclament sa mort. Pour les Juifs, Dieu est le tout autre. Qu’un homme se prétende Dieu était une véritable provocation. Pour les Juifs, c’est une prétention sacrilège – « Il doit mourir, parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu » (Jn 19,7) – mais c’est devenu, pour nous chrétiens, un élément fondamental de notre foi. Il est la Vérité, il a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68).
Nous voyons en Jésus, un Messie crucifié. Nous nous disons disciples de Jésus. Rappelons-nous cette parole de Jésus : « Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive » (Mc 8,34). Oui, mais jusqu’où peut aller notre réponse. Pierre a répondu : « Je ne connais pas cet homme » (Mt 26,72). Il ne pensait pas si bien dire.
Au Golgotha
À Cana, Jésus avait dit à sa mère que « son heure n’était pas venue » (Jn 2,4). Maintenant que cette heure est arrivée, Marie est présente. Confirmée comme la mère du disciple que Jésus aimait (Jn 19,26-27), c’est l’Église que Marie symbolise : la communauté de ceux et celles qui vivent pour et comme Jésus. Jésus qui est la Vie du monde. Jésus qui est notre vie.
Par ses dernières paroles : « Tout est accompli » (Jn 19,30), Jésus manifeste qu’il a confiance d’avoir accompli sa mission. Son amour pour les siens est allé jusqu’à la mort sur la croix. Il nous l’a dit lui-même : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15,13).
Au sépulcre
La Passion avait commencé au jardin des Oliviers, elle se termine dans un autre jardin, celui de l’ensevelissement. Mais elle n’est pas finie. Du neuf s’annonce : « Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jn 12,24) ; « Voici que je fais un monde nouveau : il germe déjà, ne le voyez-vous pas » (Is 43,19). « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie ». Qui me suit ne marche pas dans les ténèbres : il a lumière de la Vie dans son cœur (Jn 14,6).
En ce jour qui rappelle la mort de notre Sauveur, il nous reste à dire du plus profond de notre cœur : « Jésus, Merci ! Jésus, je t’aime ».