Homélies de Dom Armand Veilleux

25 novembre 2023 – samedi de la 33ème semaine

1M 6, 1-13 ; Lc 20, 27-40

H o m é l i e

Chers frères et sœurs,

Lorsque nous essayons de nous représenter ce que sera la vie après notre mort physique, nous ne pouvons le faire qu’en utilisant des images qui correspondent à notre vie ici sur la terre. C’est d’ailleurs ce que fait l’Écriture, aussi bien de l’Ancien que du Nouveau Testament. C’est même ce que fait Jésus, dans ses paraboles, où il nous décrit soit le bonheur éternel auprès de Dieu, soit le malheur éternel si nous n’avons pas vécu ici-bas dans l’amour.

19 novembre 2023 – 33ème dimanche "A"

Pr 31, 10-13.19-20.30-31; 1 Th 5, 1-6; Mt 25, 14-30

H O M É L I E

          Quiconque a de l'argent investi à la Bourse, et a regardé la valeur de ses investissements monter et chuter au cours des derniers mois, peut se poser des questions concernant le sens de cet Évangile. Il peut se demander si, après tout, celui qui a enterré son argent au lieu de l'investir, ne se tire pas mieux de la présente situation! Mais cette parabole ne comporte évidemment pas un enseignement sur les placements éclairés ou sur l'économie en général. Elle nous parle de la générosité de Dieu, dont les récompenses sont toujours disproportionnées avec ce que nous pouvons lui offrir.

18 novembre 2023 – Dédicace des basiliques des ss. Pierre et Paul

Ac 28, 11-16.30-31 ; Mt 14, 22-33.

HOMÉLIE 

          Dans l’Évangile d’aujourd’hui, c’est par une marche singulière sur les eaux que Jésus se manifeste comme Dieu à ses disciples apeurés.

15 nov 2023 – mercredi de la 32ème semaine du Temps Ordinaire

Sg 6, 1-11 ; Lc 17,11-19

Homélie

          Dans cet Évangile, nous voyons dix lépreux guéris – guéris parce qu’ils ont cru. Les dix ont cru et ont donc tous été guéris par leur foi ; et cependant un seul a pensé à revenir pour rendre grâce. C’était un étranger. Il était Samaritain. Luc, qui est le seul évangéliste à nous offrir ce récit, insiste sur ce fait. Ce qui l’intéresse c’est d’abord ce que demandent les lépreux et ensuite les paroles de Jésus lors du retour du Samaritain, qu’il appelle « cet étranger ». C’est d’ailleurs l’unique fois où ce mot étranger (allogenes) apparaît dans le Nouveau Testament. À cet étranger, ce Samaritain, pour qui aller se montrer aux prêtres d’Israël n’avait pas de sens, Jésus manifeste un grand respect. Cet étranger veut se prosterner en se jetant à terre devant Jésus comme un serviteur ou un esclave devant son maître, pour lui rendre grâce. Mais Jésus n’accepte pas cette attitude de serviteur et lui dit de se relever : « Relève-toi », lui dit-il. Dieu, qui a créé l’être humain à son image attend qu’il se tienne droit debout devant lui, dans toute sa dignité de fils ou de fille de Dieu.

14 novembre 2023 – mardi de la 32ème semaine, année impaire

Sg 2, 23-24 ; 3, 1-9 ; Lc 17, 7-10

H O M É L I E

          Nous poursuivons notre lecture du Livre de la Sagesse, qui nous rappelle que nous avons été créés à l’image de Dieu et que cette image demeure toujours en nous même lorsque nous la recouvrons de poussière par nos péchés.

13 novembre 2023 – Toussaint bénédictine

Is 61, 9-11; Jn 15, 1...8

H O M É L I E

          "Moi, je suis la vraie vigne". Nous avons affaire ici à l'une de ces très nombreuses affirmations où Jésus révèle son identité : Je suis l'eau vive, la lumière du monde, le bon pasteur, la porte des brebis, la résurrection et la vie, le chemin, la vérité, etc. Les éléments auxquels Il s'identifie sont presque toujours des éléments essentiels de la vie humaine et un adjectif y est souvent ajouté soulignant leur importance: l'eau vive, le bon pasteur, par exemple.

          Ici, Jésus se présente comme la vraie vigne. Pour percevoir le sens de cet adjectif, il faut se souvenir que la vérité dans la pensée juive, est très liée à l'idée de fidélité et de constance. Il ne faut surtout pas oublier que tout au long de l'Ancien Testament, particulièrement chez les prophètes, le peuple d'Israël est comparé à une vigne (Osée 10,1; Jer 2,21; Ezéch 17, 1-10; Isaïe 5,1-8 etc.). Mais le problème avec cette vigne est qu'elle n'a pas été vraie, n'a pas été fidèle et n'a donc pas donné de fruit à son propriétaire. C'est donc par opposition à cette vigne-là que Jésus déclare : "Moi, je suis la vraie vigne".

          Une autre catégorie importante dans notre texte est celle de la permanence. Le verbe "demeurer" revient constamment (huit fois) comme un leitmotiv. Nous ne pouvons porter des fruits que si nous demeurons étroitement unis à Jésus; c'est-à-dire si nous demeurons en lui et lui en nous. Et la gloire du Père de Jésus, qui est le vigneron, est que nous portions beaucoup de fruits. En effet nous ne sommes pas appelés à être les disciples de Jésus et à former son Église simplement pour notre perfection individuelle, mais bien pour porter des fruits dans le monde, auquel nous sommes envoyés pour être les témoins du salut apporté par Jésus.

          Jésus pousse encore plus loin l'image de la vigne. Afin de porter des fruits, il ne suffit pas de demeurer attachés au cep. Il faut accepter d'être purifiés, émondés; d'être dépouillés de tout ce qui est étranger à l'Évangile.

          Ce texte est tout à fait adapté à la Fête que nous célébrons aujourd’hui : la Toussaint bénédictine, c’est-à-dire la fête de tous ceux qui se sont sanctifiés en vivant selon la Règle de saint Benoît dans l’Ordre de Cîteaux. Ce qui est décrit dans cet Évangile est ce qui forme l’essentiel de l’expérience spirituelle bénédictine : la stabilité. Une stabilité qui n’est pas simplement le fait de demeurer toujours dans le même lieu, mais qui consiste dans un effort constant de demeurer en Dieu, de faire en Lui notre demeure, afin que Lui-même fasse en nous sa demeure, comme il nous l’a promis.

          L’un des aspects essentiels de notre vie monastique est l’écoute constante de la Parole de Dieu. Or, si quelqu’un écoute ma parole, dit Jésus, mon Père l’aimera ; nous viendrons et nous ferons chez lui notre demeure. On pourrait ajouter que le mot grec utilisé par l’Évangile de Jean pour désigner la « demeure » est le mot « monè », qui est l’un des mots utiliser dans la littérature monastique grecque pour désigner le monastère. Demeurons donc dans la Parole de Jésus afin que Lui et son Père fassent de notre cœur le « monastère » où ils viendront habiter.

12 novembre 2023 – 32ème dimanche “A”

Sg 6, 12-16; 1 Th 4, 13-18; Mt 25, 1-13

 

HOMÉLIE

          En ces derniers dimanches de l’année liturgique, les lectures de l’Évangile attirent de plus en plus notre attention sur le retour du Christ et donc aussi sur le moment de la rencontre finale avec le Créateur, qui sera pour chacun de nous le moment de notre mort. Or, la préoccupation principale de tous ces textes n’est pas la « vie après la mort », mais bien comment nous aurons préparé cette rencontre par la qualité de notre vie ici-bas. C’est bien le sens de la dernière phrase de l’Évangile que nous venons de lire : « Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure ». « Veiller » ne signifie pas ici attendre passivement, mais bien vivre les yeux ouverts et attentifs. Même si cette brève phrase semble arriver comme un cheveu sur la soupe, elle est bien la conclusion logique du récit qui précède.