Homélies de Dom Armand Veilleux

14 août 2022 -- 20ème dimanche "C"

Jer 38, 4...10; Heb 12, 1-4; Luc 12, 49-57

 

H O M É L I E

          « Je suis venu apporter un feu sur la terre... ». Vous conviendrez avec moi que ce n’est pas un texte évangélique facile. C’est une noix plutôt dure; mais une fois qu’on en a cassé l’enveloppe on y trouve une amande fort savoureuse.

13 août 2022 - Samedi de la 19ème semaine "B"

Ézéchiel 18, 1...32; Matt 19, 13-15

H O M É L I E

          Tout au long de l'Évangile Jésus manifeste une attention particulière pour les plus nécessiteux, les plus démunis, les plus petits.  D'habitude, on lui amène des malades et des possédés pour qu'il les guérisse et les délivre de leurs démons.  Dans l'Évangile d'aujourd'hui on lui amène simplement de petits enfants qui ne semblent avoir besoin de rien en particulier.  On lui demande simplement de leur imposer les mains et de prier.  Les disciples qui semblent vouloir se constituer les protecteurs de Jésus contre les importuns veulent les écarter.  Jésus dit au contraire de les laisser venir à lui car c'est à ceux qui leur ressemblent qu'appartient le royaume des cieux.  Vous vous souviendrez que déjà dans l'Évangile de mardi dernier Jésus avait dit que si nous ne devenons pas comme de petits enfants nous n'entrerons pas dans le royaume des cieux.  Il leur impose donc les mains avant de partir.

12 août 2022 - Vendredi de la 19ème semaine "B"

Ézéchiel 18, 1...32;   Matt 19, 3,12

H O M É L I E

          L'enseignement de Jésus dans cet Évangile, porte sur la fidélité, aussi bien la fidélité dans le mariage que celle dans le célibat.  Je dis bien "dans" le mariage et "dans" le célibat; car on n'est pas fidèle ni au mariage ni au célibat, mais à une personne.  Dans le célibat on est fidèle à la personne de Jésus-Christ, puisque c'est en vue de son royaume qu'on s'est fait célibataire; et dans le mariage on est aussi fidèle à Jésus-Christ, mais cette fidélité est alors incarnée dans la fidélité à une épouse ou un époux.

11 août 2022 – jeudi de la 19ème semaine
Ézéchiel 12, 1-2;; Matt 18, 21-19, 1

Homélie

          Les écoles rabbiniques demandaient à leurs disciples de pardonner à leur femme, à leurs enfants, à leurs frères, un certain nombre de fois, ce nombre variant d’une école à l’autre.  Pierre veut savoir quel est le « tarif » appliqué par Jésus.  Est-il plus sévère que celui de l’école qui demandait de pardonner jusqu’à sept fois à un frère qui nous avait offensé ?

10 août 2022

Fête de saint Laurent, diacre

2 Co 9, 6-10; Jean 12, 24-26

Homélie

          Saint Benoît, dans sa Règle, dit qu'il veut établir une "École où l'on apprenne à servir le Seigneur " (Schola dominici servitii).  Quiconque vient au monastère vient pour y servir le Seigneur -- un service qui s'incarnera jour après jour dans le service des frères ou des sœurs.  Or Jésus, dans le bref Évangile que nous venons de lire dit : "Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive".  C'est pourquoi la vie monastique est aussi appelée une sequela Christi, une vie à la suite du Christ.  Or, Jésus prononce ces paroles (Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive) dans un contexte où il annonce sa propre passion.  On comprend donc qu'il décrive en quoi consiste cette marche à sa suite en utilisant l'image du grain de blé tombé en terre.  Un grain de blé sec peut certes être croqué et mangé.  Mais ce n'est qu'un petit grain, tout seul.  Par ailleurs le grain mis en terre, s'il est sain, commence à germer dès qu'il est en contact avec l'humidité du sol.  Il meurt en tant que grain de blé, mais il naît à une vie nouvelle en tant que tige, puis épi, et il produit de nombreux autres grains.  Et Jésus de conclure cette comparaison par cette phrase mystérieuse : "Qui aime sa vie la perd; et qui hait sa vie en ce monde la conservera en vie éternelle."

9 aôut 2021 – Fête de sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix (Edith Stein)

Dt 10, 12-22 ; Mt 17, 22-27.

Homélie

Pour cette fête, le lectionnaire liturgique nous offre d’abord un beau texte d’Osée, où Dieu appelle son épouse pour l’entraîner au désert et lui parler au cœur, dans la fidélité et la tendresse.  Et nous avons comme lecture de l’Évangile la parabole dans dix vierges invitées au noces.

8 août 2022 - Lundi de la 19ème semaine "B"

Ézéchiel 1, 2-5. 24-28; Matt 17, 22-27

H O M É L I E

                  Dans le lectionnaire férial, nous commençons aujourd'hui la lecture du Livre du prophète Ézéchiel.  Celui-ci semble faire un effort pour bien montrer que la Parole de Dieu lui a été adressée à un moment très particulier de l'histoire d'Israël, et dans  un endroit précis.  C'était, dit-il, le 5ème mois de la 5ème année du règne de Jehoiachim, au pays des Chaldéens, près du fleuve Kebar.

                  L'une des caractéristiques de la religion d'Israël fut d'avoir pris conscience de l'intervention personnelle de Dieu dans son histoire, à des moments et des lieux bien concrets.  Ainsi en est-il de notre expérience religieuse chrétienne.  Toute grâce, toute rencontre de Dieu, nous est adressée à un moment précis de notre histoire.  Et c'est ainsi que toute mémoire des événements importants de notre vie personnelle ou de notre vie communautaire, est la mémoire d'une intervention de Dieu dans notre vie, ou d'une rencontre de Dieu. 

                  Les Évangélistes savent de même situer les événements importants de la vie de Jésus, dans leur contexte.  Le recit que nous venons de lire, concernant l'impôt à payer ou ne pas payer au Temple, est ainsi relié directement à l'annonce de la Passion et de la mort de Jésus -- laquelle mort sera en fait la destruction du vrai Temple.

                  Il ne faudrait pas voir dans la curieuse histoire du poisson pêché avec une pièce de monnaie dans la bouche, une sorte de miracle.  Jésus ne fait jamais de miracles ni pour épater, ni pour démontrer qu'il a raison.  Le but de ce récit est plutôt de bien souligner le fait que Jésus est maître de la nature, même s'il veut se plier à payer l'impôt du Temple, pour lui-même et pour Pierre afin de ne pas scandaliser les faibles. Jésus nous apprend ainsi à faire passer le bien des autres avant la défense de nos droits personnels.

                  Il y a plus, cependant, dans ce récit.  Le dialogue de Jésus avec Pierre : "De qui les rois de ce monde exigent-ils des impôts ?  De leurs fils ou des étrangers ?" indique que Jésus, par ce signe, veut montrer qu'alors qu'il était le Fils de Dieu, maître de la nature, il s'est fait étranger.  C'est un thème qui revient assez souvent dans l'Évangile, quoique toujours d'une façon subtile.  Le Verbe de Dieu est venu comme un étranger, qu'on n'a pas reconnu, dans le monde qui était sien.  Le Fils de l'Homme n'a pas d'endroit où reposer la tête.  En quittant sa famille Jésus a adopté le style de vie du prédicateur itinérant qui est un étranger partout où il va.  Il n'est donc pas surprenant que "L'Étranger" est l'un des titres du Christ dans toute une section de la littérature chrétienne primitive.

                  En Dieu il n'y a pas d'étrangers, car nous sommes tous de la famille de Dieu;  et par ailleurs nous sommes tous des étrangers ici-bas, car notre véritable demeure est là-haut.  Si nous avons ces sentiments dans nos cœurs et les faisons passer dans nos vies nous aurons fait beaucoup pour remettre de l'unité et de l'amour dans un monde divisé par la haine et les tensions.

Armand Veilleux