Homélies de Dom Armand Veilleux

5 décembre 2022 – Lundi de la deuxième semaine de l’Avent

Isaïe 35, 1-10 ; Luc 5, 17-26

Homélie

           Durant la plus grande partie de l’Année liturgique, nous avons une lecture, à peu près toujours suivie, d’un des trois évangiles synoptiques, et la première lecture est choisie en fonction de cet Évangile.  Or, durant le Temps de l’Avent (au moins la majeure partie) le lectionnaire nous fait parcourir rapidement le Livre d’Isaïe, choisissant au passage les plus belles prophéties messianiques ; et les évangiles de chaque jour sont choisis pour s’harmoniser avec cette lecture d’Isaïe.

           Nous avons aujourd’hui l’une de ces belles prophéties d’Isaïe annonçant un Messie qui soulagera les malades et les miséreux : « Rendez fortes les mains fatiguées, rendez fermes les genoux chancelants... alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie... ». Pour exprimer comment cette prophétie a été réalisée en Jésus, nous avons le récit de la guérison du paralytique, dans la version de Luc.

On amène à Jésus un paralysé, quelqu’un qui, selon l’interprétation des docteurs de la loi et des scribes, est considéré comme un pécheur et est donc impur. Il est exclu de « la maison ».  La porte lui est fermée par la foule des « gens bien » qui constituent le « peuple ».  Il ne peut entrer ni par la porte ni par la fenêtre.  Qu’à cela ne tienne.  Les personnes qui l’ont amené, et qui n’ont donc pas craint de se rendre « impures » elles-mêmes en le transportant, le déposent devant Jésus en le faisant passer par un trou du toit.

           Et puisque, aux yeux du judaïsme officiel, ce paralysé est nécessairement un pécheur, Jésus lui dit simplement « Tes péchés te sont remis » ; et, répondant aux réactions scandalisées des scribes, il ajoute que cela est aussi simple que de dire « prends ton brancard et marche ».  Après cette guérison et cette libération, Jésus ne l’invite pas à le suivre, à devenir un de ses disciples.  Il lui dit simplement « rentre chez-toi » ou mieux, littéralement, rentre « dans ta maison ». (N’oublions pas que ce miracle se produit aux confins d’Israël, dans la région de Capharnaüm, dans la « Galilée des Nations ».

           J’attire votre attention sur deux mots de ce récit évangélique.  Au début il est dit que les Scribes et les Pharisiens, venus de tous les villages de Galilée ainsi que de la Judée et Jérusalem, sont là assis, raisonnant dans leur cœur.  et à la fin nous voyons le paralytique, guéri, se tenant debout devant eux.  Ces Scribes, bien assis, représentent la partie bien installée de la Maison d’Israël, fermée au Prophète qui se manifeste en son sein, tout comme elle est fermée à tout ce qui est extérieur au peuple d’Israël. 

           Le paralytique guéri représente tous les pécheurs et aussi tous les païens que Jésus, après les avoir pardonnés, n’incorpore pas à la maison d’Israël, mais les renvoie chez-eux, dans « leur maison ».  Alors que les Scribes restent bien assis dans leur conviction arrogante d’être les bons, les sauvés, jugeant et excluant tous les autres, ce paralytique se tient debout dans toute la dignité humble du pécheur qui se reconnaît « pécheur pardonné » ou « malade guéri ».

           Nous avons tous, constamment, la tentation de nous tenir bien assis, jugeant facilement les autres.  Cet Évangile nous invite à nous tenir debout, devant Dieu et devant les hommes, avec à la fois la dignité et l’humilité de la personne qui se sait à la fois pécheur et pardonné, malade et guéri par Dieu.

Armand Veilleux

 

4 décembre 2022 – 2ème dimanche de l’Avent « A »

Is. 11,1-10 ; Rom. 15,4-9 ; Mat. 3,1-12

H O M É L I E

          Le livre des Actes des Apôtres nous raconte l’histoire de Paul qui, trouvant à Éphèse un groupe de croyants leur demanda : « Avez-vous reçu l’Esprit Saint lorsque vous êtes devenus croyants ? » -- « Non » répondirent-ils, « nous n’avons même jamais entendu dire qu’il y avait un Esprit Saint ».  Alors Paul leur demanda : « Quel baptême avez-vous reçu ? » -- « Celui de Jean-Baptiste » répondirent-ils.  Alors Paul leur cita le message donné par Jean dans l’Évangile d’aujourd’hui : « Moi je vous baptise dans l’eau... Mais celui qui vient après moi... vous baptisera dans l’Esprit Saint et dans le feu. »

1 décembre 2022 – Jeudi de la 1ère sem. de l’Avent

Isaïe 26, 1-6 ; Matt. 7, 21. 24-27

 

Homélie

                                                                                                           

         Les quelques versets d’Évangile que nous venons de lire sont la fin de ce que nous appelons le Sermon sur la Montagne, ce long discours dans lequel Matthieu rassemble tous les plus importants éléments de l’enseignement de Jésus.  Après ces quelques versets, Matthieu ajoute une conclusion, que nous n’avons pas lue et qui est : « Quand Jésus eut achevé ces discours, les foules étaient frappées de son enseignement ; car il les enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme leurs scribes. »

29 novembre 2022 – Mardi de la 1ère semaine de l’Avent

Isaïe 11, 1-10; Luc 10, 21-24

 

H O M É L I E

L'Évangile que nous venons de lire comprend quelques points de contact avec le Magnificat de la Vierge Marie, qui sont très intéressants et extrêmement révélateurs.

27 novembre 2022, Scourmont

Premier dimanche de l’Avent « A »

Is 2,1-5 ; Rm 13,11.14 ; Mt 24,37-44

 

H O M É L I E

 

      L’Évangéliste Matthieu organise son Évangile autour de plusieurs grands discours de Jésus. Au début de son Livre, dans ce que nous appelons le Discours sur la Montagne, dont les Béatitudes sont le coeur, il regroupe plusieurs enseignements de Jésus sur la prière, l’aumône, le jeûne et beaucoup d’autres thèmes fondamentaux. Puis, à la fin de l’Évangile, au moment où Jésus est déjà entré dans Jérusalem, qu’il a chassé les vendeurs du Temple et s’est confronté violemment avec les Pharisiens, et alors qu’il sait que sa fin est proche, Matthieu rapporte l’un à la suite de l’autre plusieurs discours de Jésus sur la fin de toute vie humaine, à commencer par la sienne.

20 novembre 2022 - Fête du Christ Roi

2 Samuel 5,1-3 ; Col 1,12-20 ; Luc 23,35-43 

Homélie

          La Fête du Christ Roi fut instaurée à l’époque où l’Église, qui boudait encore les républiques qui s’établissaient alors dans le monde occidental, conservait une nostalgie des monarchies en voie de disparition.   

13 novembre 2022 – 33ème dimanche « C »

Ml 3,19-20a; 2 Th 3,7-12; Luc 21,5-19

H O M É L I E

          Il y a près de deux mille ans que furent écrites les paroles que nous venons d’entendre, et bien des fois au cours de ces deux mille ans, des événements tragiques ont paru annoncer la fin du monde.  Il y eut d’abord la prise de Jérusalem et la destruction du Temple, qui semblent bien être ce qu’annonce en premier lieu notre Évangile.  Puis, en Occident, il y eut les vagues successives d’invasions « barbares », qui marquaient la fin d’une société, puis la peste noire qui fit mourir les deux-tiers de la population de l’Europe ; et, plus près de nous, les deux Guerres Mondiales, et depuis lors le danger constant d’un cataclysme nucléaire.