Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

 27e dimanche A

Nous sommes à la campagne, nous sommes de la campagne, alors peut-être pouvons-nous plus facilement « écouter cette parabole », comme Jésus le demande. Certes l’évangile, comme Isaïe dans la première lecture, parle d’une vigne, vigne qui symbolise le peuple de Dieu, et nous ne sommes pas dans une région de vignoble. Mais vigne, champ ou pâture, nous connaissons d’une part la question du rapport entre un propriétaire et son locataire, et d’autre part, le lien qui se tisse entre l’homme et le coin de nature qui lui est confié.

 23e dimanche A

 Le 18e chapitre de l’évangile de Matthieu, dont nous venons d’entendre un passage, est entièrement consacré au sujet de la vie communautaire : ‘Qui est le plus grand ?’, la brebis égarée, le pardon entre frères, et ici la correction fraternelle. Si l’évangéliste aborde ces questions, c’est parce que lui et ses frères sont confrontés à ces problèmes concrets : Comment agir ou réagir quand le comportement d’un chrétien l’écarte de l’Eglise ? Quand son attitude entraîne la zizanie ? Quand il commet un péché public qui éclabousse l’ensemble de la communauté ?

 19e dimanche ordinaire A

 Dimanche dernier, l’évangile nous relatait la multiplication des pains où les disciples voyaient leur maître nourrir une foule nombreuse avec 5 pains et 2 poissons. L’heure était à l’enthousiasme et saint Jean dit même qu’on voulait faire roi Jésus. Un roi, c’est-à-dire celui qui réglerait nos problèmes, qui répondrait à nos demandes de sécurité et de bien-être.

Jésus répond à cette attente en « obligea(nt) ses disciples à monter dans la barque et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules. » Conséquence : au lieu du triomphe escompté, les disciples se retrouvent dans une barque « battue par les vagues », seuls, dans le tourment d’une tempête.

 14e dimanche ordinaire A 

Frères et sœurs, en ce temps de vacances qui commence, l’évangile que nous venons d’entendre nous parle, lui aussi, de repos : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » Dans le contexte biblique, ce fardeau dont il faut se reposer est celui de la loi de Moïse. Une loi qui deviendrait un maître, qui régirait le moindre de nos actes, qu’il faudrait suivre scrupuleusement. Mais une loi impossible à mettre totalement en pratique, et qui ne cesserait donc de nous accuser, de nous culpabiliser, et qui ne nous donnerait de la vie que le goût, que le poids d’un fardeau.

 7e dim de Pâques A

 Au début du 4e évangile, à la question des deux disciples de Jean-Baptiste – « Rabbi…où demeures-tu ? » - Jésus répond : « Venez et voyez ». L’évangéliste ajoute qu’ « ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là. » Et il en est ainsi chaque jour, tout au long de la vie de Jésus. A chaque page d’évangile, il nous révèle où il demeure, pour nous emmener peu à peu avec lui, au centre, à la source.

Ainsi, en ce 17e chapitre de Jean, « l’heure (étant) venue », Jésus fait entrer encore davantage ses disciples dans sa demeure, dans ce lieu d’où il vient et où il retourne. En levant les yeux au ciel et en priant devant eux, il répond à leur question de la manière la plus limpide : « Rabbi…où demeures-tu ? » : dans le Père.

Homélie pour l’Ascension 2014

 Les apôtres virent Jésus « s’élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée. » Voici donc ce que nous dit saint Luc au commencement du Livre des Actes. Et il ajoute qu’ils restaient là à fixer le ciel et que « deux hommes en vêtements blancs » leur disaient : « pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? » En langage plus moderne, mais aussi moins châtié, nous pourrions dire qu’ils étaient littéralement scotchés, et je crois que nous le serions nous aussi si nous étions témoins d’un tel évènement. Or, nous le sommes ! Oui, ce qui saisit les apôtres, ce n’est pas une prouesse physique de Jésus, mais la grandeur du mystère face auquel ils se trouvent, auquel ils sont associés, et nous avec eux.

Homélie pour le 4ème dimanche de Carême A - 30 mars 2014

 Voici donc ce long évangile où Jésus guérit un aveugle. Si ce dernier est le premier bénéficiaire de l’action, de l’œuvre de Dieu, il n’en est pas le seul : à travers lui, c’est à tous les personnages de ce récit que Jésus s’adresse, et bien sûr, et surtout, aujourd’hui, à nous.

 L’aveugle-né retrouve la vue et ses voisins le pressent d’expliquer ce qui s’est passé. Il raconte tout simplement les gestes et paroles de « l’homme qu’on appelle Jésus ». Mais ce qu’a vécu l’aveugle-né poursuit son chemin, comme si cette boue appliquée sur ses yeux continuait de pénétrer en lui, comme si les paroles entendues de Jésus faisaient davantage écho en lui, et comme si cette eau de la piscine de Siloé le lavait sans cesse. Si bien que, quand il est devant les pharisiens, ses paroles sur l’identité de Jésus prennent plus d’ampleur : il dit d’abord que « c’est un prophète », puis il affirme qu’il vient de Dieu. Enfin, il s’adressera à Jésus en confessant : « Je crois, Seigneur ».

Homélie pour le 5ème dimanche ordinaire, année « A » - 9 février 2014 – Abbaye de Scourmont

 Si Jésus s’était lancé dans une opération marketing, il ne s’y serait pas pris autrement. On pourrait même imaginer des affiches ou des spots publicitaires : « Vous êtes le sel de la terre…Vous êtes la lumière du monde ». De véritables slogans qui flattent notre amour propre en nous mettant apparemment au centre de toutes les attentions, en faisant de nous des personnes indispensables.

 Ces paroles de Jésus semblent d’autant plus flatteuses que nous n’en sommes qu’au 5e chapitre de Matthieu, que Jésus n’a commencé sa vie publique qu’au chapitre précédent, et que les disciples n’ont apparemment rien fait de particulier qui leur mériterait un tel éloge, si ce n’est d’entendre Jésus proclamer la Bonne Nouvelle, de le voir guérir des malades et de le suivre. Et c’est alors que Jésus prononce le sermon sur la montagne qui s’étend sur 3 chapitres de l’évangile de Matthieu ; d’abord les béatitudes puis notre passage.