Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

4e dimanche ordinaire C

(Luc 4,21-30)

Janvier 2022

 

Frères et Sœurs, de l’autre côté de la frontière, la campagne présidentielle bat son plein. Chaque candidat/candidate expose son programme et le remodèle au gré des sondages ou du discours de l’adversaire. Eh bien, Jésus aussi semble avoir un programme. Dimanche dernier nous avons entendu la première partie de cet évangile où, dans la synagogue de Nazareth, sa ville natale, son fief dirait-on en politique, Jésus fait la lecture d’un passage du livre d’Isaïe : « L’Esprit du Seigneur est sur moi […]. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres », aux captifs, aux aveugles, aux opprimés. Et il conclut : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture ». Voilà donc un beau programme, qu’il faut certes mettre en pratique, mais dont le moteur est la justice, la charité, l’unité, et non pas l’exclusion ou la peur. Et ce programme, Jésus l’a déjà mis en œuvre : « Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine ! »

Epiphanie 2022

(Mt 2, 1-12)

Frères et sœurs, vous connaissez probablement la Rue du Bac à Paris, avec la chapelle de la Médaille Miraculeuse. Il y a là-bas une belle atmosphère de piété populaire, une piété simple mais vraie, touchante, qui dit quelque chose de la présence de Dieu dans nos vies. Et puis, il y a ces personnes qui viennent des quatre coins du monde, de toutes les nations – souvent des femmes -, des rois mages à leur façon. Oui, dans ce lieu, comme dans bien d’autres, nous sommes comme plongés dans la solennité d’aujourd’hui, où le salut que Dieu veut nous donner dans un enfant, est destiné à tous, sans exception ; où ce salut, où cet enfant, disent que Dieu entend nos plaintes, nos attentes, notre quête.

Noël 2021

(Lc 2, 1-14)

Frères et Sœurs, l’année dernière, à cause du confinement, nous avons fêté Noël sans pouvoir vous accueillir. Votre présence, c’est d’abord chacun, chacune d’entre vous, bien sûr, mais c’est aussi, à travers vous, le monde, l’humanité, qui se joint à notre prière, qui y trouve hospitalité, qui nourrit notre quête et notre requête. Oui, dans cette période de pandémie, ce qui nous manque le plus, à nous tous, c’est le lien, c’est cette relation que nous avons avec les autres, principalement nos proches, mais aussi tous les autres. Si nous avons besoin de solitude, si parfois nous nous risquons à l’aimer, nous ne sommes pas des êtres solitaires, nous avons besoin des autres.

Deuxième dimanche Avent C

(Luc 3,1-6)

 Décembre 2021

 

Frères et sœurs, dans la première partie de cet évangile, Luc mentionne de nombreux personnages : Tibère, Pilate, Hérode, Philippe, Lysanias, Hanne et Caïphe ou encore Jean et Zacharie. Mis à part les deux derniers, dont il a déjà parlé dans son premier chapitre, Luc nous indique aussi les fonctions de chacun, et disons-le, leur pouvoir, pouvoir qui se manifeste notamment par des lieux, des étendues géographiques - l’empire, la Judée, la Galilée, etc. - ou encore, pour les grands prêtres, de façon implicite, le Temple. Quant à Jean, on peut difficilement parler de pouvoir, puisque son lieu à lui, c’est le désert.

31e dimanche ordinaire B

(Mc 12,28b-34)

                                                                                                          Octobre 2021

Frères et sœurs, nous pourrions applaudir à deux mains lorsque nous entendons cet évangile où l’amour est au centre et à la source de la vie ! Mais nous pourrions aussi nous prendre la tête entre les mains en nous lamentant que nous ne savons pas aimer, pas assez, mal aimer. « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force », nous dit Jésus. Et comme si cela ne suffisait pas, il ajoute : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » Alors oui, nous pourrions nous sentir écrasés par la grandeur de ce commandement, mais nous pouvons aussi, nous devons d’abord, nous découvrir appelés, poussés, mis en route, par cette parole de vie, par ce chemin qui s’ouvre devant nous. Car si ce chemin de l’amour nous est possible, et si, comme le dit saint Benoît, « à mesure que l’on [y] progresse […], le cœur se dilate, et l’on court dans la voie des commandements de Dieu » (RB. Prol. 49), c’est bien parce que ce chemin est relation, et donc parce que nous ne le faisons pas seuls.

25e dimanche ordinaire B

(Marc 9,30-37)

Septembre 2021

Frères et Sœurs, dimanche dernier nous avons entendu l’évangile où Pierre professe que Jésus est le Christ, confession suivie par la première annonce de la Passion ; et ce matin, voici la seconde annonce. De même, dimanche dernier nous entendions Pierre exprimer son désaccord avec Jésus, et ce matin nous découvrons là encore l’incompréhension des disciples.

Assomption 2021

(Lc 1,39-56)

Frères et Sœurs, en 1950, Pie XII a « affirm[é], déclar[é] et défin[i] comme un dogme divinement révélé que : l’immaculée mère de Dieu, Marie toujours vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. » Quand le pape a promulgué ce dogme de l’Assomption, il s’est appuyé sur une longue tradition et notamment sur la foi du peuple chrétien, cette foi et cette piété de celles et ceux qui, aujourd’hui encore, cherche soutien et refuge à l’abri de la maternelle miséricorde de Marie. Notre Dame, parce qu’elle est « celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (45), ne pouvait être que la première des sauvés par le salut auquel elle avait donné chair. Et ce salut devait se manifester jusque dans sa propre chair qui, comme l’a encore écrit Pie XII, « a été préservée de la corruption du tombeau ». Alors en ce dimanche, jour de la

Saint Benoît

(Lc 22,24-27)

                                                                                                  Juillet 2021

Frères et Sœurs, parmi les évangiles qui nous sont proposés en cette fête de saint Benoît, il y a donc ce passage de Luc situé entre l’annonce de la trahison de Judas et celle du reniement de Pierre. Oui, pour entrer davantage dans l’esprit de cette vie monastique bénédictine, nous avons d’abord entendu ces mots : « Les apôtres en arrivèrent à se quereller : lequel d’entre eux, à leur avis, était le plus grand ? ». Avec querelles et mesquineries, nous sommes loin de l’image idyllique qui colle parfois à la vie monastique, cette vie paisible, faite d’un doux silence rempli d’une présence, une vie de communion facile, presque paradisiaque. Mais alors, nous sommes loin aussi d’une autre image – négative, cette fois - celle d’une vie en effet trop facile, d’une vie qui fuirait la vraie vie, le vrai monde ; d’une vie égoïste. Il est bon que « Les apôtres en arrivèrent à se quereller », et qu’aujourd’hui, les moines soient assimilés à ces apôtres querelleurs. Car nous le savons, la vie monastique n’est pas une vie hors-sol. Mais c’est bien au contraire en partant de ce que nous sommes, dans nos réflexes les plus primaires, que Dieu peut œuvrer et s’incarner. Là est le lieu possible du Salut ; là, parce qu’il y a quelque chose, quelqu’un à sauver. Avant nos prières et nos louanges, c’est peut-être bien cela que nous avons à offrir à Dieu, ce pauvre personnage que nous sommes avec toutes ses contradictions, contradictions que la vie monastique aura bien du mal à effacer, mais qu’elle pourra unifier autour d’un centre, une espérance : le Christ.

Sacré Cœur de Jésus (2021)

(Jn 19,31-37)

Juin 2021

Frères et Sœurs, cet évangile que nous avons écouté avec une certaine familiarité, sans paraître le moins du monde choqués, est en réalité d’une extrême violence. Des hommes ensanglantés pendus à des croix, deux à qui on brise les jambes – nous pourrions imaginer et le geste et le bruit -, et enfin un autre, le Christ, déjà mort, à qui, d’une lance, on perce le côté. Ce sont souvent des personnes d’une autre culture qui, posant un regard inhabitué, nous ont fait reprendre conscience de l’horreur de cette scène. Mais voilà qu’aujourd’hui, ce sont des personnes que nous pensions de notre propre culture, des jeunes, qui ne supportent plus de voir ou d’entendre un tel récit. La croix n’est pas pour eux un signe de ralliement, une lumière d’espérance, mais un symbole repoussant qui n’a qu’une seule vocation : disparaître. Et c’est dans ce contexte que, pour célébrer le Sacré-Cœur de Jésus, pour rendre grâce à l’amour de Dieu, l’Eglise, en cette année liturgique B, a choisi cet évangile de la croix, de la mort, « du sang et de l’eau » (34).