Homélies de Dom Armand Veilleux

22 mars 2021 -- Lundi de la 5ème semaine de Carême

Dan 13:1-9:15-17:19-30:33-62 ; Jean 8:1-11

 

Évangile de la femme adultère

           "Si ton cœur t'accuse, Dieu est plus grand que ton cœur, et il sait tout" - Lorsque Jean a écrit cela dans une de ses Lettres, il pensait probablement à la scène qu'il raconte dans l'Evangile d'aujourd'hui.   

21 mars 2021 – 5ème dimanche de Carême "B"

Jr 31,31-34; He 5,7-9; Jn 12,20-33

H O M É L I E

          Le texte de Jérémie que nous avons entendu dans la première lecture de la Messe est l'un des plus beaux de la bible sur la conversion.  Tout d'abord il décrit celle-ci non pas comme un simple changement de comportement, ou comme le remplacement d'un "ego" par un autre "ego", mais comme un changement profond du coeur.  Et par ce changement de coeur il faut entendre non seulement un coeur plus pur, un coeur qui désire de plus belles choses, mais bien un coeur qui soit si profondément imprégné de l'Esprit de Dieu qu'il désire spontanément tout ce que Dieu lui-même désire.  "Je mettrai ma Loi au plus profond d'eux-mêmes; je l'inscrirai dans leur coeur... Ils n'auront plus besoin d'instruire chacun son compagnon...  Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands."

20 mars 2021 : Samedi de la 4ème semaine de Carême

Jer 11, 18-20 ; Jean. 7, 40-53

Homélie

Saint-Jean a le don de terminer un récit par une très courte phrase qui semble sans importance mais qui est chargée d'une profonde signification symbolique.  Voici quelques exemples.  Au début de l'Évangile, lorsqu'il raconte la première rencontre des disciples avec Jésus, il conclut en disant : "Il était quatre heures de l'après-midi".  De la même manière, dans le récit de la Cène, après le départ de Juda, Jean conclut par : "Il faisait nuit".  De même, dans le texte que nous venons de lire, après la description de la discussion de la foule et des Pharisiens sur Jésus, il dit : "Chacun alla chez lui".

19 mars 2021 – Fête de saint Joseph

2Sam 7, 4...16; Rom. 4, 13...22; Mat 1, 16-24

H O M É L I E

          L’une des conséquences du développement de la psychologie à notre époque est que nous sommes devenus très attentifs à tous nos états intérieurs, les scrutant et les analysant parfois à l’extrême.  Plusieurs grands écrivains modernes, en particulier les poètes et les romanciers s’adonnent longuement à décrire leurs propres états intérieurs ou ceux des personnages de leur création.  Or la Bible dans son ensemble, aussi bien l’Ancien que le Nouveau Testament, ne s’attarde guère à décrire les états intérieurs des grands personnages de l’Histoire du Salut.  Au contraire l’Écriture Sainte décrit essentiellement des événements -- des événements salvifiques.

          C’est sans doute pourquoi, chaque fois que, dans l’Écriture Sainte, on veut décrire la perception que quelqu’un a de sa mission personnelle, ou une décision relative à cette mission, ou un tiraillement intérieur préalable à l’acceptation de cette mission, tout cela est toujours décrit comme un événement, une action, une intervention.   

          La perception que Marie eut de sa mission au moment où elle atteint sa maturité physique et spirituelle, et l’acceptation totale qu’elle en fit, sont décrites avec les images de l’apparition d’un ange.  La prise de conscience de leur mission personnelle qu’eurent plusieurs prophètes, à un moment précis de leur vie, est souvent décrite avec l’image d’un songe (qui est tout autre chose qu’un simple rêve). C’est ainsi qu’est décrite dans l’Évangile que nous venons de lire, la prise de conscience que fait Joseph de sa mission face à Marie et à l’enfant qu’elle porte. 

          Les prises de conscience que font les femmes et les hommes de la Bible de leur mission dans le plan de Dieu sont presque toujours vécues comme la réception non seulement d’une mission, mais d’une promesse. En fait, les trois lectures que nous venons d'entendre nous présentent une longue chaîne de témoins reliés entre eux par la même promesse qui se retransmet de génération en génération.  L'Epître aux Romains nous renvoie à la promesse faite à Abraham d'une descendance nombreuse.  Abraham et Joseph ont ceci en commun que la paternité leur est donnée alors qu'ils s'y attendaient le moins:  à Abraham la paternité selon la chair alors que lui et sa femme sont avancés en âge; à Joseph la paternité selon l'esprit alors qu'il n'a pas encore pris pour épouse sa fiancée, Marie.  Pour l'un et pour l'autre, c'est une surprise.  L'un et l'autre acceptent dans la foi le message qui leur est donné.  L'un et l'autre, chacun à sa façon, est notre père dans la foi.

          Le chaînon entre Abraham et Joseph est David, à qui est promis non pas simplement une descendance nombreuse, comme à Abraham, mais un descendant qui lui succédera sur son trône.  Lorsque Jésus naît, il est au sens le plus profond, le "fils de la promesse", puisqu'il accomplit les promesses faites à Abraham, à David et à Joseph.  Tous trois sont nos pères dans la foi, car chacun de nous est aussi un fils ou une fille de la promesse, dans la mesure où le Christ est engendré en nous et que nous sommes engendrés dans le Christ.

          Je disais, au début, que la Bible ne s’attarde jamais à décrire les états intérieurs des grands témoins de l’Histoire du Salut.  De même elle ne décrit pas les expériences mystiques qu’ils ont pu avoir.  Lorsqu’elle décrit leur prière, y compris lorsque les Évangiles décrivent la prière de Jésus, il s’agit toujours de paroles exprimant l’acceptation de leur mission. La parole de Marie est très simple : Fiat.  La parole de Jésus l’est tout autant : « Que ta volonté soit faite ».  Celle de Joseph est en quelque sorte encore plus simple.  Elle est tout simplement action.  Joseph ne répond rien à l’ange, mais, comme dit l’Évangile dans cette phrase d’une beauté et d’une simplicité incroyables : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’Ange du Seigneur lui avait prescrit ».

          La qualité de notre vie spirituelle et de notre prière réside dans ce que nous faisons.

Armand VEILLEUX

 

18 mars 2021 -- Homélie pour jeudi de la quatrième semaine de Carême

Exode 32, 7-14 ; Jean 5, 31-47

 

Homélie

Hier, les lectures de la messe nous présentaient l’attitude d’ouverture de Dieu venant vers nous « Voici que je viens… » et de Marie se laissant envahir par Dieu : « Voici la Servante du Seigneur ».

Dans les textes d’aujourd’hui nous voyons tout le contraire.  D’abord les Hébreux, qui dès les premiers mois de leur fuite de l’Égypte et de leur marche dans le désert, se rebellent contre Dieu et se font une idole.  Dans l’Évangile Jésus fait face à l’incrédulité des Juifs. 

Ces textes nous invitent à un examen de conscience. Quelle est la qualité de ma foi ?  Nous lisons les Écritures chaque jour, comme les Juifs auxquels s’adresse Jésus : Vous scrutez les Écritures parce que vous pensez y trouver la vie…  Et s’ils n’y trouvent pas la vie, leur dit Jésus, c’est qu’ils n’ont pas en eux l’amour de Dieu.

Prions pour que l’amour de Dieu, qui a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint soit efficace en chacun de nous.

Armand Veilleux

March 17, 2021 – mercredi de la 4ème semaine de carême

Is 49:8-15; Juan 5:17-30

Homélie

          Il n’est pas sans importance de remarquer que cette phrase de Jésus vient au début d’un discours où il parle de son amour du Père et de son union avec lui, et de l’amour et l’union auxquels nous sommes nous aussi conviés, si nous savons sortir de nous-mêmes.

16 mars 2021, mardi de la 4ème semaine de Carême

Ez 47,1-9.12 ; Jn 5, 1-16 

Homélie

          L’une des expressions qui revient assez souvent dans la bouche du pape François est celle de « périphéries ». Il emploie d’ailleurs le mot au pluriel.  Il nous appelle tous à aller aux périphéries. Et ce mot a évidemment des sens différents selon la vocation propre des personnes à qui il s’adresse ou selon les contextes dans lesquels il l’utilise. Son approche est évangélique avant d’être sociologique.