Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

 21e dimanche ordinaire C - Août 2016

 Il y a quelques semaines, nous avons entendu le passage de la Genèse où Abraham marchande avec Dieu pour tenter de sauver Sodome de la destruction. Vous vous souvenez que dans toute cette ville, on ne trouvera pas dix justes, et qu’ils seront finalement quatre à pouvoir s’échapper : Loth et sa famille ; et encore sa femme, se retournant, sera changée en colonne de sel.

 17e dimanche C - Juillet 2016

 Frères et sœurs, les années passant, nous avons vu mainte et mainte fois des personnes prier. Pourtant, peut-être qu’un jour vous avez été plus profondément touchés, interpellés, en voyant l’une d’elle : une personne et une prière apparemment comme les autres, mais qui vous ont fait approcher du mystère, entrer dans l’évidence que c’est ça la prière ! Sous vos yeux, derrière ce visage parfois si simple et si ridé, vous avez perçu qu’il y avait deux personnes qui s’entretenaient : un homme ou une femme et Dieu. Alors, nous serions tentés, comme le font les disciples avec Jésus, de lui dire : « Seigneur, (Monsieur, Madame), apprends-nous, (apprends-moi) à prier » ; partage-moi ton secret ; donne-moi à boire.

 13e dimanche C - Juin 2016

 Dans l’évangile de dimanche dernier, il y avait des phrases dures à entendre : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour », et encore : « Celui qui veut sauver sa vie la perdra ». Eh bien l’évangile d’aujourd’hui ne nous épargne pas davantage : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête…Laisse les morts enterrer leurs morts…Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. » Des sentences qui vous passeraient l’envie d’être chrétien et qui pourraient presque expliquer pourquoi nos églises et nos communautés se vident. Avouons qu’il n’y a là rien de très réjouissant, ni d’enthousiasmant. Et pourtant, nous croyons que ces paroles sont, pour nous et pour nos contemporains, Bonne Nouvelle. Alors essayons de dire pourquoi.

 Le Sacré-Cœur de Jésus C - Juin 2016

 Frères et sœurs, fêter le Sacré-Cœur de Jésus, c’est célébrer la tendresse et la sollicitude de l’amour de Dieu, incarnées, manifestée, pour nous, en Jésus. Alors pour contempler ce mystère en cette année de la miséricorde, nous avons entendu cet évangile de Luc de La brebis perdue. Vous connaissez le contexte de ce chapitre 15 : les pharisiens et les scribes récriminent contre Jésus parce qu’il « fait bon accueil aux pécheurs et qu’ils mangent avec eux ! », et Jésus leur répond par trois paraboles : la brebis perdue, la drachme perdue et le fils prodigue.

 5e dimanche de Pâques C

Nous sommes au dernier repas, le compte à rebours commence puisque Judas s’en va, et Jésus, au-delà de sa mort imminente, déjà glorifié, comme en Ressuscité, annonce son départ à ses disciples. C’est alors qu’il leur donne, qu’il nous donne, un commandement nouveau : nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Et ce commandement, c’est bien à ses disciples, à son Eglise, qu’il l’adresse. Il ne s’agit pas ici de l’amour du prochain en général, mais de celui que se donnent les disciples, les chrétiens, les uns envers les autres ; et par conséquent de cet amour que nous nous donnons, nous ici présents, les uns aux autres. Il n’y a donc pas de faux-fuyant, d’échappatoire ou encore de beaux discours théoriques, puisque nous sommes de suite confrontés au réel, au concret de nos attitudes et de nos actes.

 Pâques 2016

Spontanément, si nous pensons à ce matin de Pâques d’il y a 2000 ans, nous pouvons imaginer le jardin, le tombeau ouvert, la visite des femmes, et Jésus, éblouissant, vivant. Et puis, il y a ce cri qui déchire le silence, qui pénètre le monde, un cri tel une naissance : « Le Seigneur est ressuscité ! ». Or en ce jour de Pâques, ce cri n’est pas exprimé dans l’évangile de saint Jean que nous venons d’écouter. Et d’ailleurs, le cri qui s’y trouve est loin de l’enthousiasme : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Lors des chapitres précédents, nous avons assisté à l’arrestation de Jésus, à sa condamnation, son supplice, sa mort et sa mise au tombeau, et voici que maintenant l’heure est à la disparition de son cadavre, comme si tout ce qu’il avait fait et avait été devait disparaître, être totalement anéanti, livré à l’oubli, comme pour mieux signer l’échec de Jésus, voire sa supercherie.

2e dimanche Carême C 2016

Il y a quelques semaines, nous célébrions la fête du baptême du Seigneur, et vous savez que ce texte et celui de la Transfiguration ont quelques points en commun, notamment la mention que Jésus est en prière et, dans un deuxième temps, la voix du Père qui se fait entendre. Lors du baptême, c’est quand Jésus prie que le ciel s’ouvre et que la voix « venant du ciel » lui dit : « Toi, tu es mon Fils bien aimé ; en toi, je trouve ma joie ». Ce n’est donc pas d’abord par le baptême de Jean que le Christ nous est révélé, mais par cette prière dans laquelle il se plonge, par ce moment d’intimité avec le Père.

 1er dimanche de Carême C (2016)

« Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert ». Il faut bien reconnaître que, spontanément, si nous nous imaginons remplis d’Esprit Saint, nous pensons davantage à une situation confortable, sécurisée, plutôt qu’à une mise à l’épreuve dans un désert austère et hostile ; et cette réaction spontanée est, en quelque sorte déjà, une tentation. Tentation d’un monde où tout nous serait facile, ou tout au moins plus facile ; d’un monde où nous posséderions une certaine maîtrise des choses et des évènements, et où Dieu serait finalement au service de nos rêves les plus éphémères. Bref, un monde comme l’avait fait miroiter le serpent à Adam et Eve en leur disant : « vous serez comme des dieux. » Alors, là où Adam a chuté, le nouvel Adam, le Christ, vient pour réussir, pour vaincre, et pour nous montrer quel chemin suivre, celui-là même qu’il emprunte et auquel il nous invite : le chemin de la foi.

 Baptême du Seigneur C 

Si vous avez déjà participé à un meeting politique, vous connaissez la mise en scène qui est élaborée pour mettre en valeur le chef ou le candidat du parti. Alors que la salle est comble, les intervenants se succèdent, ceux qu’on appelle des seconds couteaux, qui ne cessent de vanter celui à qui tout le monde pense, que tout le monde attend, mais qui n’est toujours pas là. Puis, un ténor du parti, un homme ou une femme d’un charisme certain, qui a déjà assumé de hautes responsabilités, et dont la valeur met d’autant en plus en évidence celle de celui qu’on attend, prend la parole.