Jeudi saint
(Jn 13,1-15)
Mars 2024
Frères et sœurs, un jour, un moine âgé, qui n’est pas de cette communauté, m’a dit : « Jusqu’à mes 50 ans, j’ai fait ! J’ai fait, parce qu’on nous disait que vivre c’était faire. Et puis, on nous a dit qu’il fallait être avant de faire ! Alors j’ai essayé d’être. Et un jour j’ai compris, sur le tard, qu’il ne fallait ni être, ni faire, ou plus exactement pour être et faire, il suffisait de déposer sa vie. » Déposer sa vie, ne pas vouloir la maîtriser, la programmer, la retenir ; l’abandonner dans les mains d’un autre, faire confiance à la vie elle-même parce qu’elle nous est donnée, voulue par Dieu ; parce qu’elle est la vie de Dieu. Déposer sa vie, comme Jésus « dépose son vêtement » ; comme Jésus se donne tout entier à son Père, à son amour, à son écoute ; comme Jésus, aux pieds de ses disciples, qui se donne à eux sans rien se refuser. Et pour ce moine, déposer sa vie, c’était alors oser la rencontre avec l’autre, sans calcul, ni peur ; aller vers lui avec tout ce que nous sommes, même ce que nous ne connaissons pas encore, et qui se donnera justement dans cette rencontre. Et donner à cet autre, lui tendre, lui offrir ce qui ne nous appartient pas parce que donné gratuitement, gracieusement autant à lui qu’à nous.