2 décembre 2012 – Chapitre à la Communauté de Scourmont

Temps de désert et temps d’exil

Tout au long de l’Ancien Testament, deux périodes ont profondément marqué l’histoire du Peuple de Dieu.La première fut celle de l’Exode, les quarante ans durant lesquels le Peuple fut formé par Dieu dans le désert. La deuxième fut celle de l’exil durant lequel le Peuple dut assumer un chemin de conversion pour découvrir la voie du retour à la Terre Sainte.Ces deux grandes périodes ont formé l’âme collective du Peuple juif qui s’est toujours souvenu de la première avec une certaine nostalgie et de la seconde avec une grande tristesse.

Nous retrouverons ces deux attitudes dans les lectures bibliques que nous entendrons tout au long de l’Avent, aussi bien dans celles tirées dans grands prophètes, Isaïe en particulier, que dans l’appel de Jean-Baptiste à la conversion.

Israël avait été libéré de l’oppression, de la servitude et de l’injustice qu’il avait connues en Égypte.Cette libération, il en avait fait l’expérience au Désert.Mais après quelques siècles d’établissement et d’enracinement dans la terre promise, les prophètes furent amenés à crier et à protester cette fois contre l’oppression, la servitude et l’injustice au cœur même du Peuple choisi, entre frères.Et c’est cette situation de péché qui conduisit à l’exil.

Nous pourrions nous demander à laquelle de ces périodes – le désert ou l’exil -- appartient le monde dans lequel nous vivons actuellement, et à laquelle nous appartenons chacun de nous personnellement – et à laquelle appartient l’Église que sommes.

L’expérience de l’humanité toute entière, de nos jours, est beaucoup plus une expérience d’exil qu’une expérience de désert.Il y a une partie importante de la population du globe en exil.Que de gens doivent partir pour l’étranger ou s’exiler à l’intérieur de leur propre pays !On l’a vu, ces derniers temps, en Syrie, au Mali, au Kivu. Et combien de personnes se sont auto-exilées de l’espérance, abandonnant la lutte, renonçant aux rêves et aux utopies !Malgré une « re-politisation » de tranches encore minoritaire de la population en certains pays, par exemple à travers le mouvement des « indignés », il y a encore dans toutes nos démocraties une assez grande désaffection de la chose publique communautaire – ce qui s’exprime souvent dans des taux limités de participation aux élections.

Dans l’Église, par ailleurs, il est plus difficile de dire si ce que nous vivons de nos jours est plus une expérience de désert qu’une expérience d’exil.Nous fêtons cette année le cinquantième anniversaire de l’ouverture de Vatican II. Ces années du Concile et celles qui suivirent immédiatement furent enthousiasmantes.Par la suite, s’établit dans l’Église un certain désert. Les voix des grands théologiens et des grands spirituels du Temps du Concile se sont éteintes l’une après l’autre, sans qu’aucune voix de la même force ne se soit manifestée pour couvrir celle des « metteurs en garde ».Nous n’avons plus de prophètes !

C’est pourquoi il est bon de nous élever au-dessus de l’espace limité de notre vécu actuel et d’entendre la voix de grands prophètes de l’Ancien Testament.Tout au long des deux premières semaines de l’Avent nous entendrons la voix du prophète Isaïe appelant à l’espérance et mettant dans la bouche de Dieu des Paroles de Consolation.« Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu.Parlez au cœur de Jérusalem. »Dans le monde d’aujourd’hui, que de peuples, opprimés par les guerres ou par les menaces de guerres ont besoin de Consolation.

Le message de Jean-Baptiste, qu’on entendra le deuxième et le troisième dimanche de l’Avent, est toujours autant d’actualité.Son époque était aussi un temps d’exil beaucoup plus qu’un temps d’exode.C’était, comme aujourd’hui un temps de violence, d’oppression des pauvres par les riches, des petits par les grands.Son appel est d’abord un appel non pas à la révolte mais à la conversion.Et la conversion à laquelle il appelle, n’est pas la simple correction de quelques petites imperfections ou de comportements purement individuels.Elle a une dimension essentiellement sociale : Elle est un appel à partager, à faire justice et à la non-violence.

La situation contemporaine d’exil, de décrochage, de démotivation, dont j’ai parlé il y a un instant, est peut-être due au fait que nous avons trop essayé de transformer directement les structures de la Société et de l’Église, et nous nous sommes découragés de la faiblesse des résultats.Le message de Jean-Baptiste est peut-être que, oui, il faut transformer les structures de la Société et de l’Église, mais que cela ne peut se faire qu’à travers la transformation des individus, c’est-à-dire à travers notre conversion personnelle.

Conversion: C'est le premier mot du message de Jean-Baptiste, comme c’est le premier mot du message de Jésus.Jean "proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés" nous dit Marc.Et nous savons par le texte parallèle de Luc – qui est l’Évangéliste qui nous accompagnera durant la nouvelle année liturgique -- ce que Jean entendait par "conversion".Aux foules qui lui demandaient: "Que nous faut-il donc faire?" il répondait: "Si quelqu'un a deux tuniques, qu'il partage avec celui qui n'en a pas;si quelqu'un a de quoi manger, qu'il fasse de même."Aux collecteurs d'impôts il disait: "N'exigez rien de plus que ce qui vous a été fixé" et aux militaires: "Ne faites ni violence ni tort à personne".Nous avons là tout un programme.

Au cours de cette belle période liturgique de l’Avent, que nous commençons aujourd’hui, laissons-nous pénétrer de nouveau par une spiritualité de l’Exode, nous laissant instruire et former par la Parole de Dieu, aussi bien par la grande richesse des textes bibliques lus durant nos célébrations liturgiques que par notre approfondissement personnel de cette Parole.Entrons aussi, sous la conduite de Jean-Baptiste, dans un mouvement de conversion, non seulement individuel mais aussi communautaire et ecclésial, qui nous rendra possible d’accueillir l’incarnation toujours nouvelle de Dieu dans notre histoire personnelle et collective.

Armand VEILLEUX

Chapitrepour le 23 décembre 2012

Le Seigneur sauve (= Jésus)

A l’approche de Noël, les textes liturgiques sont de plus en plus centrés sur le thème du salut.Ainsi, dans le récit de l’apparition de l’ange à Joseph, l’Ange du Seigneur non seulement l’exhorte à prendre chez lui Marie, son épouse, mais il lui indique déjà quel nom il devra donner au Fils qu’elle porte.Il s’appellera Jésus, un nom qui signifie « Le Seigneur sauve ».

Le salut est une préoccupation fondamentale de l’homme, et l’on trouvait déjà dans l’AT toute une série de noms propres qui incluaient la racine yaša, qui veut dire salut : ainsi, Josué (dont le nom est le même que celui de Jésus et signifie « le Seigneur sauve »), Isaïe (qui veut dire « Dieu sauve »), Élisée (qui peut se traduire par « Dieu a aidé), Osée (= « il sauve »), etc.

L’idée de salut est aussi exprimée dans la bible hébraïque par un ensemble de racines qui se rapporte à la même expérience humaine fondamentale : «être sauvé, c’est être tiré d’un danger où l’on risquait de périr.Suivant la nature du péril, l’acte de sauver s’apparente à la protection, la libération, le rachat, la guérison ;et le salut, à la victoire, la vie, la paix. » (Vocabulaire de théologie biblique, p. 1186).

L’idée d’un Dieu qui sauve était commune à toutes les religions.À l’époque où l’on connaissait moins les lois de la nature, et où les humains étaient beaucoup plus constamment exposés aux dangers de toutes sortes que de nos jours, on ressentait sans doute beaucoup plus que de nos jours un besoin viscéral d’être sauvé, c’est-à-dire d’être protégé de toutes sortes de maux, et d’en être libérés lorsqu’on en était frappé.

Lorsque Dieu se fait homme, il apparaît comme le Sauveur par excellence et aussi le libérateur par excellence.Qu’il suffise de relire la réponse de Jésus aux disciples de Jean... (« Allez dire à Jean ce que vous avez vu... ») Jésus est celui qui sauve : il sauve les malades en les guérissant, même en certains cas il sauve les morts en les ramenant à la vie. Il sauve les pécheurs en leur pardonnant leurs fautes et en les appelant à la conversion.

Toute la prédication évangélique sera fondée sur le salut.Le message des Apôtres et des disciples est que Jésus qui a été mis à mort et est ressuscité apporte le salut à quiconque croit en lui – païens aussi bien que juifs.

C’est sans doute à cause de l’importance du salut dans la prédication de la première génération chrétienne, que Matthieu aussi bien que Luc se sont efforcés de souligner le rôle de Sauveur de Jésus.Matthieu met ce rôle en référence avec le nom de Jésus.Luc lui donne explicitement le titre de « sauveur » (Luc 2,11).Il fait annoncer l’apparition du salut aussi bien par Zacharie que par Siméon.La prédication de Jean-Baptiste prépare les voies du Seigneur « afin que toute chair voie le Salut de Dieu ».

À la messe de ce matin, nous avons comme psaume responsorial le psaume 79 qui comporte un refrain qui revient trois fois dans le texte : « Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire et nous serons sauvés ».

Toute la prédication de la première génération chrétienne après la Résurrection et la Pentecôte, a pour objet le salut apporté par le Christ et réalisé conformément aux Écritures. Saint Paul, dans ses Lettres, affirme avoir été appelé à annoncer à toutes les nations la Bonne Nouvelle concernant le Fils de Dieu, afin que son Nom par lequel vient tout salut, soit honoré par toute la terre et que tous soient sauvés.

Au-delà les diverses formes de salut qui nous rejoignent chaque jour à travers la grâce de la vie dans le Christ, le salut a une dimension eschatologique.Il sera pleinement réalisé pour chacun de nous lorsque nous verrons dieu face à face et que le Christ Sauveur vivra pleinement en nous.

Il est vrai qu’aujourd’hui les gens sont moins sensibles à cette notion de « salut ». C’est pourquoi des théologiens comme le Père Moingt proposent de parler plutôt de « sens » (i.e. signification). Les hommes ont besoin qu’il y ait un sens à leur existence. Or, par l’Incarnation, en se faisant l’un de nous, Dieu nous a révélé le sens de notre existence humaine.Le sens ultime de notre existence est notre salut, c’est-à-dire notre participation, dans le temps et dans l’éternité, à la vie même de Dieu.

Armand Veilleux

Chapitre du 8 janvier 2012

Abbaye de Scourmont

Baptême du Seigneur (célébration de demain)

Étant donné que je donnerai tout à l’heure l’homélie sur le mystère de l’Épiphanie que nous célébrons aujourd’hui, je vais parler plutôt, dans ce chapitre, de la célébration de demain, celle du Baptême du Seigneur. (Et ce chapitre sera bref, puisque nous commençons notre retraite annuelle ce soir).

Si le récit de l’Épiphanie est propre à Matthieu, nous retrouvons celui du baptême dans chacun des trois Évangiles synoptiques. Ce récit est en chacun des Évangiles d'une extrême simplicité.Tous les éléments qui ne sont pas essentiels sont laissés de côté. Seul est important le fait que Jésus vint de Galilée et fut baptisé par Jean.Matthieu est le seul à mentionner que Jean dit que c’est plutôt lui qui devrait être baptisé par Jésus. En Marc, Jésus est identifié, par la mention du village d'où il vient, Nazareth, comme un homme bien déterminé, historique.Et sur cet homme historique ont été prononcés par le Père ces mots jamais entendus auparavantTu es mon fils bien-aimé!"Matthieu a « celui-ci est mon fils bien-aimé » ; mais Marc et Luc ont « tu es mon fils », ce qui est considéré comme la version plus primitive.

De plus, cette scène de révélation est présentée avec le langage symbolique de l'Ancien Testament : l'ouverture des cieux.Jésus vit les cieux s'entrouvrir -- littéralement, "se déchirer" -- ce qui est clairement une référence au texte d'Isaïe 63,19 que nous avons entendu dans la liturgie de l'AventAh si tu déchirais les cieux et si tu descendais!"La descente de l'Esprit sur Jésus est une réponse à cette prière.

Des quatre Évangélistes, Luc est toujours celui qui souligne le plus tout ce qui se rapporte à la prière.Dans le récit du baptême de Jésus il est le seul à mentionner que c’est au moment où Jésus priait, après avoir été baptisé par Jean, que le ciel s’ouvrit et que l’Esprit Saint descendit sur Lui, sous la forme d’une colombe.Et c’est par cette même ouverture dans le ciel que passa la voix du Père disant : « C’est toi mon Fils ; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ». Essayons de voir ce que ce texte nous enseigne sur la prière.

La prière – que ce soit une prière d’adoration, de demande ou de remerciement – est une activité qui déchire le voile séparant le monde créé de son créateur, qui ouvre une brèche dans le mur qui sépare le temps de l’éternité.Nous vivons dans le temps où il y a un hier, un aujourd’hui et un demain.Dieu vit dans un éternel présent.Par la prière qui nous met en communion avec Dieu, nous pénétrons dans cet éternel présent de Dieu.Cela est possible parce que lui-même a fait le chemin inverse.Le Fils de Dieu s’est fait l’un des nôtres.Il est venu dans le temps et dans l’espace.Et lorsqu’il s’est mis à prier, le voile entre le temps et l’éternité, entre l’espace des hommes et l’omniprésence de Dieu, s’est déchiré et la voix du Père qui, de toute éternité, engendre son Fils, a pu dire, dans le temps de notre histoire : « aujourd’hui »,oui, « aujourd’hui, je t’ai engendré ».

Cette voix du Père accompagne la descente visible de l’Esprit-Saint sur Jésus.Lorsque nous nous mettons en prière, c’est-à-dire lorsque nous nous ouvrons au don de la prière, le ciel s’ouvre et l’Esprit du Père et de Jésus descend sur nous pour prier en nous, nous rendant capable de dire : « , Père », et, alors, chaque fois, la voix du Père nous dit à nous aussi, « tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré ».Nous devenons fils adoptifs dans le Fils bien-aimé, le premier-né d’une multitude de frères.C’est le baptême dans l’Esprit et le feu qu’annonçait Jean le Baptiste.Baptême de feu car il brûle en nous tout ce qui est étranger à cette communion ou y fait obstacle.

Nous pouvons alors comprendre l’enseignement des grands théologiens de l’époque patristique et du Moyen Âge qui voyaient dans la liturgie d’ici-bas une participation à la liturgie céleste.Tous les bienheureux qui sont passés de la vie présente à la vie éternelle louent sans cesse Dieu dans son éternel aujourd’hui.Nos liturgies et nos offices d’ici-bas, malgré souvent leur pauvreté et même malgré nos distractions provoquent cette déchirure qui fait s’entrouvrir le ciel et nous permet pour un instant d’entrer dans ce même aujourd’hui de Dieu où tout est présent. Alors notre liturgie d’ici-bas devient tout à fait contemporaine de la liturgie céleste.

Armand VEILLEUX

10 février 2013, Scourmont
Entrée en Carême

Entrée en carême

          Nous allons entrer en carême dans quelques jours. Ce n’est pas quelque chose que nous faisons individuellement, nous le faisons avec l’ensemble du Peuple de Dieu.

           Il n’y a pas tellement d’années, des politiciens, y compris des Chefs d’État parlaient avec un peu d’orgueil, et sans doute aussi avec une bonne dose de naïveté, d’établir un nouvel ordre international.  Ce nouvel ordre, c’est-à-dire ce nouveau mode de relation entre les peuples et entre les classes de personnes au sein des mêmes peuples est en train de s’écrouler.

          Il serait ridicule de voir dans cette crise une forme de punition divine, comme le disent parfois certains fondamentalistes, aussi bien catholiques que protestants.  Dieu ne s’amuse pas à faire souffrir ses enfants pour les punir. Si le système est en train de s’écrouler c’est qu’il était tout simplement construit sur le sable et non sur de solides fondations.  C’est qu’il avait oublié la plupart des valeurs humaines et spirituelles fondamentales, pour ne privilégier qu’une seule valeur, d’ordre matériel : l’argent.

          Si l’on ne peut voir dans la crise économique actuelle et la crise sociale qui a suivi, une punition divine, on peut y voir un appel à la conversion, c’est-à-dire un appel à établir nos vies, aussi bien collectives qu’individuelles, sur une base solide. C’est ce à quoi nous sommes invités par l’observance du carême.

          À la fin du Livre de l’Apocalypse, l’auteur brosse une grande fresque où apparaît un ciel nouveau et une terre nouvelle, et il entend une voix forte qui dit : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes.  Il demeurera avec eux.  Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu avec eux... » et. un peu plus loin : « Voici que je fais toutes choses nouvelles ».  La « nouveauté » est donc au coeur du message du Nouveau Testament, comme elle était au coeur du message de l’Ancien Testament.  En quoi consiste cette nouveauté ?  Tout d’abord dans le fait que Dieu a choisi d’établir sa demeure avec les hommes, de demeurer avec eux.  C’est l’aspect du mystère de Dieu que nous avons célébré durant tout le temps de Noël, en commençant avec l’Avent. 

          Tout l’univers, y compris les humains que nous sommes, est jailli de l’amour de Dieu.  C’est ce que le livre de la Genèse exprime à travers ses récits allégoriques de la création du monde.  Depuis aussi loin que l’on puisse remonter dans l’histoire, à travers les sources écrites ou les autres sources archéologiques que nous possédons, l’être humain a toujours cru à l’existence d’un être suprême. L’athéisme théorique contemporain est une toute petite parenthèse dans l’histoire de l’humanité.  Cependant, durant très longtemps, les hommes se sont imaginé Dieu comme un maître terrible habitant loin, là-haut dans les cieux.  Les grands prophètes de l’Ancien Testament ont graduellement habitué leur peuple à percevoir Dieu comme présent  à leur vie, comme quelqu’un avec qui on pouvait établir une relation personnelle d’amour.  Et puis, il y a eu Jésus de Nazareth, qui a été la révélation vivante de cette présence de Dieu dans l’histoire de l’humanité.

          Saint Jean, le plus mystique des Évangélistes le dit de façon merveilleuse dans le Prologue de son Évangile : « Au commencement était la Parole de Dieu, qui a tout créé.  Cette Parole était en Dieu, elle était Dieu.  Elle s’est incarnée – elle s’est fait chair – et a habité parmi nous ;  c’est-à-dire, a fait sa demeure au milieu de nous : dans notre histoire, dans notre monde.  Sa présence a tout transformé, a fait un monde nouveau... Et, à la fin du Nouveau Testament, sous la plume du même Jean – à travers l’un de ses disciples – nous lisons cette parole que j’ai citée au début : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes.  Il demeurera avec eux... »

          Le monde est nouveau, l’humanité est nouvelle lorsque Dieu y habite, lorsque Dieu y fait sa demeure.  Il vaudrait la peine de méditer longtemps sur le substantif « demeure » ou le verbe « demeurer ».  Ces mot ont une nuance d’intimité.  Si je suis en visite chez quelqu’un pour quelques jours ou quelques semaines, ce lieu n’est pas ma « demeure », même si j’y suis bien reçu.  Si je « squatte » pour un certain temps, même pour longtemps, un terrain ou un édifice, ce terrain ou cet édifice ne deviennent pas ma « demeure ». Comment devenons-nous la demeure de Dieu ?  Jésus nous le dit au cours de sa longue conversation avec ses disciples durant le dernier repas qu’il prit avec eux : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole.  Mon Père l’aimera. Nous viendrons et nous ferons chez lui notre demeure ».

          Essayons maintenant de voir, dans une vue synthétique, la lumière que nous donnent tous ces textes de la Bible : Au commencement, c’est-à-dire au moment où commença à exister le monde – toutes les choses que nous connaissons – déjà existait le Verbe, la Parole de Dieu.  Il existait au commencement, donc antérieurement à ce commencement.  La création est déjà une grand nouveauté. Nous appartenons à Dieu, nous sommes les siens ; il est venu chez les siens et beaucoup des siens ne l’ont pas reçu.  Mais à ceux qui l’ont reçu, qui ont écouté sa Parole et l’ont mise en pratique, il a donné de devenir eux-mêmes enfants de Dieu, en venant faire en eux sa demeure. Et ceux-là ont comme mission dans la vie de faire naître sans cesse un monde nouveau en faisant du monde où ils vivent un lieu de la présence de Dieu.

          La prière continuelle, à laquelle nous sommes tous conviés par l’Évangile, consiste à être, aussi constamment – et aussi consciemment – que possible attentifs à cette présence de Dieu en nous, en nos vies, dans notre univers. Chaque fois que nous nous ouvrons à cette présence, elle nous appelle à la conversion. 

          On peut voir la « conversion »  comme une transformation, une purification qui nous prépare à recevoir en nous la présence de Dieu...  Cette vision n’est certes pas fausse.  Mais dans l’ensemble la Bible voit le plus souvent la conversion comme un effet de la présence de Dieu.  Elle est elle-même un don de Dieu.  Dans la liturgie du carême nous entendrons souvent des textes des grands prophètes de l’Ancien Testament nous rappeler que la conversion consiste dans le fait d’avoir un coeur nouveau.  Nous entendrons en particulier Ezéchiel qui met dans la bouche de Dieu ces paroles (Ezéc. 11,19 ; 36,26) : « J’enlèverai de votre poitrine le coeur de pierre qui s’y trouve et j’y mettrai un coeur de chair ; et vous serez mon peuple ».

          Dans ce beau texte nous avons le lien entre la conversion personnelle et l’établissement d’un monde nouveau, d’un peuple nouveau où Dieu habite. Pour qu’il y ait un monde nouveau, il faut que les hommes et les femmes laissent Dieu transformer le coeur de chacun et de chacune.

          En quoi consiste cette conversion du coeur ?  Elle consiste dans le fait de recevoir de Dieu la grâce d’un coeur qui est droit, qui pratique la justice.

          La « justice ».  C’est un autre mot qui reviendra souvent dans les lectures liturgiques de ce temps, et dont le sens est beaucoup plus profond et large que le sens qu’on lui donne de nos jours.  Être juste, ce n’est pas simplement payer ses dettes et ne pas voler ; c’est essentiellement avoir une relation droite avec tous – tout d’abord avec Dieu, mais aussi avec tous les autres et avec soi-même.  Dieu est le « Juste » par excellence.  À l’égard des autres, la justice consiste à les respecter, à reconnaître leur différence, à être attentifs à leurs besoins.  Les prophètes de l’Ancien Testament ont vécu dans un temps où le Peuple était installé depuis un bon bout de temps dans la Terre Promise, et où s’étaient établi des fossés entre les riches souvent exploiteurs et les pauvres opprimés.  Ils appellent constamment à la conversion du coeur.  La première lecture biblique du Temps du Carême à la Messe, c’est-à-dire la première lecture du Mercredi des Cendres, sera une lecture du prophète Joël qui commence ainsi : « Revenez à moi de tout votre coeur !... Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur notre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour... »

          Jésus a dû affronter cette peur lui-même, au Jardin de Gethsémani.  Dieu a eu peur.  Il a su non pas ignorer ou feindre d’ignorer cette peur, mais la confronter, l’accepter et, malgré elle, faire confiance à son Père.  Aussi, lorsqu’il nous répète sans cesse, spécialement dans les récits postérieurs à la Résurrection : « N’ayez pas peur », « ne craignez pas » ; il ne nous invite pas à ignorer nos peurs mais à faire en sorte qu’elles ne nous empêchent pas d’agir et d’être fidèles.

*   *   *   *   *
          J’ai essayé, en ces quelques réflexions, de montrer comment tous les aspects du mystère du salut qui seront offerts à notre méditation et à notre contemplation durant le Temps du Carême, se tiennent pour ne former qu’un seul mystère. Je les rappelle brièvement : Dieu qui a créé le monde veut le re-créer sans cesse, en se servant de nous.  La transformation des structures de la société suppose et nécessite la transformation des coeurs.  Celle-ci est un don qui nous est offert.  Nous nous y ouvrons en laissant Dieu pénétrer dans nos vies, et faire sa demeure en nous.  C’est ce que nous faisons en nous mettant à l’écoute de sa Parole et en mettant cette Parole en pratique.  Pour cela Jésus nous montre le chemin.  Il est lui-même la Parole qui a fait sa demeure parmi les hommes. Il a connu le rejet des hommes et, comme tout homme il a eu peur de la mort ; malgré cette peur il a gardé vive sa confiance et a remis son âme entre les mains du Père, qui l’a ressuscité.

          C’est là l’ensemble du mystère du salut que nous célébrerons tout au long de ce carême.

Armand VEILLEUX -- Scourmont, le 10 février 2013

1 avril 2012 – Dimanche des Rameaux

Abbaye de Scourmont

Chapitre

Nous avons eu la semaine dernière une bonne session sur l’Évangile de Marc et en particulier sur le récit de la Passion. Je ne reprendrai évidemment pas ce commentaire. À l’Eucharistie de ce matin, je commenterai un aspect de ce récit. Pour le moment, je m’arrêterai à la deuxième lecture de la Messe, le chapitre 2 de saint Paul aux Philippiens

Le meilleur commentaire possible du récit de la Passion, nous le trouvons dans cet admirable chapitre 2 de la lettre de Paul aux Philippiens.Il s'agit d'une hymne christologique qui nous trace en quelques lignes un tableau grandiose de tout le mystère pascal que nous célébrons cette semaine.Et il est très important pour nous de ne jamais perdre de vue tous les éléments de ce mystère pascal, qui comprend, inséparablement, la passion du Christ et sa Résurrection.

Dans notre liturgie chrétienne nous ne célébrons jamais un Christ mort, même pas le Vendredi Saint.Nous célébrons toujours le Christ ressuscité, le Christ qui est passé par la mort mais que le Père a ressuscité, et qui est assis à la droite du Père, intercédant pour nous.Et c'est pourquoi ce mystère est toujours pour nous le fondement de notre espérance.

Paul, dans sa lettre aux Philippiens, nous dit que le Christ, qui était dans la condition divine, n'a pas jugé devoir retenir cette condition comme un droit.Il s'est dépouillé, il s'est anéanti, se faisant obéissant jusqu'à la mort sur la croix.Et c'est pourquoi, dit Paul, précisément parce qu'il a renoncé à faire valoir tout droit, qu'il a pu tout recevoir comme don, et le Père l'a ressuscité et lui a fait la grâce, le don d'être appelé Seigneur, Kurios.

Dans la logique chrétienne, tout abaissement, tout dépouillement accepté dans un esprit d'obéissance à la volonté de Dieu constitue une ouverture, une disposition à recevoir le don de la vie en plénitude.Je me souviens d’avoir commenté ce texte à Alger, dans une homélie pour le Jour des Rameaux 1996, alors que nos frères de Tibhirine étaient encore en captivité et que nous ne savions pas si on les retrouverait vivants ou morts. Je disais alors : «Il est normal, certes, d'être très préoccupé et de craindre toutes sortes d'issues au drame; mais nous savons que, quelle que soit l'issue, elle sera dans la ligne de la plénitude de la vie ».

Dans la liturgie, nous célébrons non seulement Jésus dans ses trente-trois ans de vie humaine, mais le Ressuscité qui, depuis sa résurrection, continue d'être incarné en tout homme et en toute femme, et tout particulièrement en toute personne qui souffre. Au cours de cette Semaine Sainte, il convient de penser spécialement à tous les peuples actuellement en guerre, et ils sont nombreux.Que ce soit l’Afghanistan ou la Syrie ou encore le Mali.À cela il faudrait ajouter toutes les personnes qui souffrent des conséquences de la crise économique, qui, comme toujours, affecte les plus pauvres et les plus précaires.

Tout au long de cette semaine apprenons à mettre nos pas dans les traces du Christ, sachant que si ce chemin passe par le jardin de Gethsémani et le Golgotha, il conduit aussi au sépulcre ouvert du matin de Pâques et à la montagne de l'Ascension vers le Père.

(Nouvelles de l’Ordre)

Chapitre à la Communauté de Scourmont

17 février 2013

Démission du Pape

Le Saint Père, Benoît XVI, a pris tout le monde par surprise cette semaine en annonçant sa démission. C’est une chose qui s’était vécue très rarement dans l’Église, et qui n’était pas arrivée depuis six siècles. La décision n’était pas totalement imprévue, d’une part parce que le droit canon de 1983 en prévoit la possibilité et, d’autre part, puisque Benoît XVI lui-même avait laissé entendre en diverses circonstances qu’il pourrait démissionner s’il jugeait qu’il n’avait plus les forces nécessaires pour remplir sa mission. La réaction, aussi bien dans l’Église que dans la presse en général, a été très positive, tout le monde soulignant à la fois le courage et l’humilité de ce geste.

Au niveau de l’Église de Belgique, il y aura une messe d’action de grâce qui sera célébrée le 28 février en la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule à Bruxelles, à 20h00, précisément au moment où se terminera le pontificat et où le pape s’envolera en hélicoptère pour Gastelgandolfo où il se reposera quelque temps avant de revenir s’installer dans le petit monastère que Jean-Paul II avait fait construire dans les Jardins du Vatican pour y accueillir une communauté de moniales contemplatives, et qui est vide depuis quelques mois. Nous nous unirons à cette prière d’action de grâce pour remercier Dieu de toutes les grâces qu’il a apportées à son Église à travers le service pontifical de Benoît XVI. Comme nous le demande l’évêque de Tournai, nous prierons aussi chaque jour à la messe et dans nos autres offices liturgiques, à partir du 1 mars pour demander à l’Esprit Saint d’éclairer et de guider les cardinaux qui auront à choisir le nouvel Évêque de Rome une dizaine de jours plus tard.

Vous avez probablement tous lu le bref texte par lequel le Saint Père a annoncé sa démission aux Cardinaux qui étaient réunis en conclave pour l’annonce de trois canonisations.J’aimerais commenter quelques phrases de ce texte qui est d’une concision et d’une clarté admirables.

Benoît XVI va tout droit au sujet, sans aucun préalable. « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. »

Personnellement, en lisant ce texte, j’y ai tout de suite perçu une note « bénédictine ». Vous savez que lorsque le cardinal Joseph Ratzinger après son élection papale a choisi le nom de Benoît, c’était, comme il l’a expliqué lui-même alors, à cause de sa grande dévotion envers Benoît de Nursie. Natif de Bavière, où le monachisme bénédictin est très présent, il faisait régulièrement sa retraite spirituelle à l’abbaye de Scheyern lorsqu’il était encore cardinal.

Quand je parle de note « bénédictine » dans la façon de s’exprimer de BenoîtXVI, c’est que je vois un parallèle avec une petite phrase du chapitre 58 de la Règle. C’est le chapitre où saint Benoît traite de la réception au monastère d’un candidat.Pour saint Benoît il ne s’agit aucunement de rechercher des « signes » de la volonté de Dieu.Il s’agit, aussi bien de la part du candidat que de la part de l’abbé, de discerner si le candidat comprend bien ce qu’il veut entreprendre et en est capable. On lui lit trois fois la Règle au cours d’une année, pour qu’il comprenne bien ce qu’il veut entreprendre et chaque fois on lui dit qu’il est libre de prendre la décision de rester ou de partir.À la fin, il doit prendre lui-même sa décision finale et c’est là qu’il y a cette admirable petite phrase de saint Benoît : « habita secum deliberatione », c’est-à-dire : « ayant délibéré avec lui-même ».Il n’y a là aucun faux mysticisme, mais un jugement éclairé consistant à bien peser la tâche à entreprendre et à examiner si on a les forces nécessaires pour l’entreprendre.

Je trouve un parallèle à cela dans la petite phrase de Benoît XVI : « Après avoir examiné ma conscience devant Dieu à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces... ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien ». Il explique ensuite en quelques mots le poids de ce ministère dans la situation actuelle.Cette attitude est tout l’opposé d’un faux mysticisme qui consisterait à voir ou à chercher dans les événements des « signes » de la volonté de Dieu. Il s’agit plutôt d’une décision humaine, prise devant Dieu dans une délibération avec sa conscience, et dans un examen rationnel du poids de la tâche à accomplir et des forces disponibles. S’il y a une chose qui a été présente d’une façon extrêmement constante dans la pensée de Joseph Ratzinger, depuis ses premiers écrits comme jeune théologien jusqu’à ses derniers textes comme Pape, c’est l’importance de la raison humaine dans l’acte de foi et donc aussi dans l’acte d’obéissance.

Un autre élément à retenir de cette attitude c’est que, dans une telle considération, c’est la tâche à accomplir qui est première. Cela vaut pour tout office dans l’Église ou dans la vie religieuse. Aucune tâche n’est en elle-même un honneur qu’il importerait de conserver coûte que coûte.Il s’agit d’un service, que l’on doit être disposé à remplir aussi longtemps qu’on en a la force physique et mentale et qu’on nous demande de le faire, et qu’on doit abandonner de bonne grâce dès qu’il est clair qu’on n’a plus les forces pour le remplir. Le pape vit évidemment cette décision dans une solitude exceptionnelle, puisque sa décision est finale et n’a besoin de l’acceptation de personne.Pour tous les autres ministères dans l’Église, la démission éventuelle doit être approuvée ou non par une instance supérieure.

Vers la fin du texte, Benoît XVI dit qu’il déclare « renoncer au ministère d’Évêque de Rome... qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005 ». Il avait utilisé une formule identique lors de l’acceptation de son élection. Là aussi il y a une grande clarté théologique et une confiance dans la raison humaine. Le pape n’est pas choisi directement par le Saint Esprit. Il est choisi par les cardinaux qui doivent faire un choix rationnel en pesant la tâche à accomplir et les aptitudes de chacun des candidats éventuels, priant l’Esprit Saint de purifier leur regard.

Un dernier élément de ce beau texte est l’intention exprimée par le Pape de continuer à servir l’Église par la prière, c’est-à-dire une relation personnelle avec Dieu, qui n’exclue par la souffrance.

Ce texte, dans sa concision, ainsi que son équilibre humain et spirituel me rappelle un autre document : le Testament de Christian de Chergé. Ce « testament » restera probablement dans les anthologies de textes spirituels un des grands écrits spirituels du 20ième siècle.J’oserais dire que le bref texte de Benoît XVI annonçant sa démission sera retenu aussi, et probablement plus que tous ses profonds écrits théologiques.

Armand VEILLEUX

8 avril 2012 - Chapitre

Pâques

Saint Benoît dit que la première condition pour qu'un novice soit admis à la profession monastique, est d'avoir démontré qu'il cherche vraiment Dieu."Chercher Dieu" est quelque chose d'essentiel à toute vie humaine.

"Chercher Dieu" -- c'est là une belle expression; mais la réalité que cette expression recouvre n'est pas facile à définir.Un exemple peut donc être plus utile qu'une définition.Et un merveilleux exemple, nous le trouvons dans le passage de l'Évangile d’aujourd’hui.

Deux femmes, parmi celles qui avaient suivi fidèlement Jésus depuis la Galilée jusqu'en Judée, et même jusqu'au Calvaire, le cherchent au matin du troisième jour.Elles le cherchent malgré les ténèbres -- ténèbres intérieures et extérieures -- malgré leur tristesse et leur peur.Elles sont un très bel exemple de ce que signifie être vraiment disciples de Jésus.

L'ange leur ditN'ayez pas peur... Je sais que vous cherchez Jésus, le crucifié.Il n'est pas ici, car il est ressuscité...Vite, allez dire à ses disciples: 'Il est ressuscité d'entre les morts;il vous précède en Galilée vous le verrez!'."

Chercher parmi les morts celui qui est vivant.N'est-ce pas ce que nous faisons souvent, restant fixés sur tout ce qu'il a pu y avoir de pénible ou de négatif dans notre vie?Et n'est-ce pas la raison pur laquelle nous avons souvent peur et restons paralysés?

Déjà dans l'Ancien Testament, nous pouvons trouver une leçon à ce sujet.Les Juifs eurent certainement leur part de persécutions, de défaites, d'échecs et de peines.Et pourtant, lorsque chaque année, durant la célébration de la Pâque, ils commémoraient leur passé, ce dont ils faisaient mémoire n'était pas leurs peines et leurs défaites, pas même leurs péchés.C'était avant tout les merveilles que Dieu, dans son amour et dans sa miséricorde, avait faites pour eux.À leur exemple, nous avons fait la même chose cette nuit, écoutant une longue série de lectures de l'Ancien et du Nouveau Testament.

Ainsi devons-nous faire dans notre vie.Nous pouvons tous trouver dans notre vie-- quoique dans des mesures diverses, évidemment -- des douleurs, des échecs, des péchés, des injustices (subies ou infligées), etc. -- soit dans notre propre passé soit dans celui de nos parents.Nous pouvons choisir de passer la majeure partie de notre existence dépensant nos énergies à analyser ce qui n'a pas fonctionné.En faisant ainsi nous cherchons la vie dans ce qui est mort.

Pour nous la résurrection a un sens profond, parce que nous avons la foi -- et dans la mesure où nous avons la foi.Le message que l'ange a confié aux femmes -- celui d'aller dire aux disciples qu'il les précède en Galilée et que c'est là qu'ils le verront -- ce message est aussi pour nous.C'est dans notre Galilée que Jésus veut nous rencontrer.Notre Galilée pour chacun de nous, c'est notre communauté.

Cherchons Jésus -- non pas parmi les morts, non pas dans un monde artificiel en dehors de la vie, mais dans nos occupations les plus ordinaires de chaque jour.C'est là qu'Il nous attend.